Cette décision, prise lors d'une conférence téléphonique convoquée par la France qui préside actuellement le groupe des pays les plus industrialisés de la planète, a eu un effet immédiat : le dollar est repassé au dessus des 80 yens le 18 mars à Tokyo, au lendemain d'un record à 76,36 yens.
"En réponse aux récents mouvements du taux de change du yen associés aux événements tragiques survenus au Japon, et à la demande des autorités japonaises, les autorités des États-Unis, de Grande-Bretagne, du Canada et la Banque centrale européenne se joindront au Japon, le 18 mars 2011, pour une intervention concertée sur les marchés des changes", a déclaré le G7 dans un communiqué récemment publié par la France.
"La volatilité excessive et les mouvements désordonnés des taux de change ont des conséquences négatives pour la stabilité économique et financière", ont ajouté les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales, promettant de continuer à "collaborer si nécessaire".
Le communiqué des grands argentiers d'Allemagne, du Canada, des États-Unis, de France, d'Italie, du Japon et du Royaume-Uni n'évoque en revanche aucun autre type d'assistance financière à Tokyo.
Les responsables japonais ont "informé" leurs homologues de "la réponse économique et financière apportée par les autorités", précisent les ministres et gouverneurs, qui expriment leur "disposition à fournir toute coopération requise" ainsi que leur "confiance dans la solidité de l'économie japonaise et de son secteur financier".
L'impact économique du séisme et du tsunami du 11 mars est encore difficile à évaluer.
Les économistes le chiffrent au moins à 100 milliards de dollars, soit 2% du produit intérieur brut (PIB) japonais comme le coût du tremblement de terre de Kobe en 1995. Plusieurs experts estiment toutefois que la dévastation pourrait représenter autour de 3% du PIB.
Ce choc là, de nombreux économistes pensent que le Japon est en mesure de l'absorber. "L'économie japonaise sera significativement touchée à court terme pour rebondir ensuite grâce à d'amples mesures de relance monétaire et budgétaire", résume dans une note Axa IM, alors que la Banque du Japon a déjà injecté dans l'économie 36.000 milliards de yens (324 milliards d'euros) depuis lundi.
Tout dépendra en fait de la gravité de l'accident nucléaire de Fukushima. Plus les incertitudes "seront importantes et longues à dissiper, plus la reprise de l'activité s'éloignera dans le temps", explique Philippe Waechter, de Natixis, soulignant les risques d'un approvisionnement en électricité durablement limité, au moment où de nombreuses entreprises sont déjà à l'arrêt.
Quant aux conséquences pour la croissance mondiale, déjà fragile, les avis sont partagés.
La crise pourrait renchérir encore davantage les prix de l'énergie, alors que le pétrole flambe déjà - Moscou a même prédit un baril à 200 dollars.
L'autre menace est un rapatriement massif, pour les besoins de la reconstruction, des fonds investis par les Japonais à l'étranger. Plusieurs investisseurs prévoient déjà un tel mouvement, ce qui a fait flamber le yen à son plus haut niveau face au dollar depuis la Seconde Guerre mondiale.
Or le Japon est, derrière la Chine et l'Allemagne, le troisième exportateur net de capitaux, selon Natixis.
Tokyo est aussi un des principaux détenteurs étrangers de dette publique des États-Unis et de la zone euro. Une vente importante d'obligations de ces États déboucherait sur une remontée des taux d'intérêt ce qui, in fine, pourrait entraver la reprise mondiale.
AFP/VNA/CVN