>>Les valeurs vietnamiennes au patrimoine mondial
>>Exposition photographique "Patrimoines mondiaux du Vietnam" à Thanh Hoa
Le sanctuaire de My Son, dans la province de Quang Nam (Centre). |
Photo : Huu Trung/VNA/CVN |
Au cours des deux dernières décennies, le tourisme viet-namien a connu un fort développe-ment aux conséquences positives sur le plan économique, social et environnemental.
Développement inégal du tourisme
Au-delà de ces aspects bénéfiques, la croissance du tourisme pose aussi un défi en termes de développement durable. Ce dernier est mis à mal en raison d’un manque de gestion de l’afflux des touristes et ainsi de la protection du patrimoine. En réponse à ces difficultés, la Stratégie du développement touristique d’ici 2020 et vision 2030, a été clairement définie : «Le développement touristique durable doit être lié à la préservation et à la valorisation des valeurs culturelles nationales».
Une partie importante du patrimoine vietnamien est reconnu par l’UNESCO. Pourtant, les études du Bureau de l’UNESCO au Vietnam réalisées ces dernières années, montrent que le développement du tourisme culturel du pays est inégal selon les localités. Il ne permet surtout pas la préservation patrimoniale. De plus, la qualité des produits touristiques proposés reste modeste. La prise de conscience des habitants sur la nécessité de protection du patrimoine reste limitée et les investissements qui y sont destinés demeurent insuffisants.
En réalité, pendant la haute saison, les circuits touristiques vietnamiens connaissent des prix élevés (prix des chambres par exemple) tandis que la qualité des services n’est pas toujours bonne. Le secteur touristique manque donc de compétitivité vis-à-vis d’autres pays aux prix plus faibles et à la qualité supérieure.
Afin de créer un tourisme responsable au Vietnam, il faut, selon l’UNESCO, mettre l’accent sur la préservation du patrimoine, mais aussi partager les intérêts de sa valorisation et coopérer pour sa protection.
Aide européenne
En plus des efforts fournis par les Vietnamiens, l’Union européenne a octroyé un financement au pays dans le cadre du Programme de développement d’un tourisme écologiquement et socialement responsable (UE-ESRT) pour la période 2011-2015.
Restauration du Pavillon des Édits (Phu Van Lâu) dans l’ancienne Cité impériale de Huê, patrimoine culturel de l’Humanité reconnu par l’UNESCO en 1993. |
Il s’agit d’un programme d’assistance technique qui a pour objectif d’aider le secteur touristique vietnamien à améliorer sa compétitivité et à réaliser son plan de développement socio-économique. Le projet vise aussi à promouvoir la responsabilité environnementale et sociale.
Il s’appuie sur trois axes principaux que sont l’assistance à la mise en œuvre de politiques et du renforcement des institutions, la compétitivité et le partenariat public-privé ainsi que l’éducation et l’apprentissage professionnel. Mis en place par l’Administration nationale du tourisme, le programme UE-ESRT bénéficie d’un budget de plus de 12 millions d’euros dont 11 millions sont financés par l’UE, et 1,1 million par les fonds de contrepartie du gouvernement vietnamien.
Impliquer les acteurs locaux
Kai Partale, expert du projet UE-ESRT, estime que dans un pays à forte identité nationale comme le Vietnam, il faut parvenir à exploiter les valeurs culturelles et satisfaire les besoins des visiteurs, tout en protégeant le patrimoine. Dans ce but, la promotion du tourisme doit être réalisée de façon responsable. Il faut former les habitants à la présentation de leur culture, à la gestion du commerce et au développement des services touristiques afin qu’ils participent à cette activité.
Pour sa part, Duong Bich Hanh, chef de la commission de la culture du Bureau de l’UNESCO à Hanoi estime que dans le contexte actuel, la principale solution pour un tourisme responsable est un partage des intérêts en assurant la participation des acteurs locaux.
En effet, elle explique que dans plusieurs régions, le tourisme se développe mais la communauté n’en profite pas. Cette dernière (dans les villages de métier par exemple) doit bénéficier d’aides pour pouvoir proposer elle aussi des produits et services touristiques. Les politiques de formation en faveur des habitants locaux sont indispensables.
«Le tourisme responsable permet de développer l’activité de façon durable. Afin d’atteindre cet objectif, en plus des politiques d’assistance à la protection de la culture et de l’environnement, la coopération entre les compagnies touristiques et les medias est nécessaire», affirme Hà Van Siêu, chef adjoint de l’Administration nationale du tourisme.