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Des participants au projet «Dix mois - Dix documentaires». |
«Dix Mois - Dix documen-taires» a été déployé de février 2014 à avril 2015 au Centre d’assistance au développement des talents cinématographiques du Vietnam (TDP). Les jeunes réalisateurs vietnamiens qui ont eu la chance d’y participer ont suivi des cours intensifs avec le réalisateur Mark Jonathan Harris, la réalisatrice Phan Huyên Thu ou encore l’ingénieur du son Arnold Soulier. Sans oublier l’organisation de débats sur les problèmes de société, une vraie source d’inspiration pour les jeunes documentaristes. Au final, ils ont réalisé dix œuvres, qui traitent de l’égalité des sexes, des droits de la femme et de l’enfant ou encore de l’homosexualité. Des réalisations sans concession.
La brutalité sociale mise à nu
Les trois meilleurs documentaires : Sao Binh không lây chông (Pourquoi Binh ne se marie-t-elle pas ?) de Pham Minh Hà, Nhà dôi diên (La maison d’en face) de Lê My Cuong et Me con Hà (Hà et sa mère) de Pham Thu Lê ont été projetés lors de la cérémonie de clôture du projet. Trois documentaires réalisés «en direct», sans script. Les scènes évoluent donc au rythme du quotidien des personnages.
Pourquoi Binh ne se marie-t-elle pas ? met à mal fort habilement les préjugés sociaux sur le destin des femmes. La maison d’en face raconte l’amour émouvant de deux homosexuels. Exploitant le thème de la violence familiale, Hà et sa mère a choqué les spectateurs. Le documentaire raconte la vie de Hà et de sa mère, contraintes de changer sans arrêt de domicile (une quarantaine de fois en seulement quelques années). Hà rêve de devenir chanteuse, mais elle a dû abandonner l’école à l’âge de 11 ans en raison des difficultés de sa famille. Elle subit presque tous les jours les insultes et les sévices corporels de son beau-père.
La réalisatrice Pham Thu Lê a réussi à capter les moments les plus intimes de la famille de Hà, même les insultes de son beau-père. Un travail qui a nécessité beaucoup de temps à la jeune réalisatrice, pour un résultat final très réussi, tellement le film dérange.
Une scène dans le film Chuyên di cuôi cùng cua chi Phung (Le dernier voyage de madame Phung). |
Nombreux thèmes de société abordés
Le cinéma direct ou cinéma vérité est un courant du cinéma documentaire qui a vu le jour en Amérique du Nord, au Canada et aux États-Unis, entre 1958 et 1962. Il se caractérise par un désir de capter directement le réel et d’en transmettre la vérité. Cette méthode a été introduite au Vietnam il y a dix ans par le biais de cours donnés par des réalisateurs français. Avec le cinéma direct, les jeunes réalisateurs du TDP ont exploité de nombreux thèmes de société dont la vie de porteurs du VIH, de personnes victimes de troubles mentaux, de SDF, etc.
Le documentaire Chuyên di cuôi cùng cua chi Phung (Le dernier voyage de madame Phung) de la réalisatrice Nguyên Thi Tham illustre bien le succès de ce genre cinématographique. Ce documentaire, projeté dans les salles obscures, a eu un grand succès commercial. Il raconte l’histoire d’une chef de troupe artistique, Phung, et de sa trentaine de chanteurs et de magiciens qui sillonnent le Vietnam, suscitant fascination et hostilité auprès des locaux. Au gré d’entretiens informels, les différents portraits questionnent l’identité sexuelle et la norme sociale, dans une société où les travestis et les homosexuels ne peuvent s’intégrer officiellement.
Le succès de cette œuvre a mis sur le devant de la scène ce qui est souvent considéré au Vietnam comme un «sous-genre» du 7e art. C’est aussi un formidable encouragement pour les jeunes réalisateurs qui veulent sortir de l’ombre par la seule force de leur talent.
Une preuve de l’amitié Vietnam - État-Unis
Le projet «Dix mois - Dix documentaires» est le fruit de la coopération entre l’ambassade des États-Unis au Vietnam et le Centre d’assistance au développement des talents cinématographiques du Vietnam (TDP), relevant de l’Association des cinéastes du Vietnam. Lors de la cérémonie de clôture de ce projet organisée à Hanoi, l’ambassadeur des États-Unis au Vietnam, Ted Osius, a affirmé que ce projet, qui s’inscrit dans le cadre des activités de célébration du 20e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Vietnam et les États-Unis, était une preuve de l’amitié entre les deux pays.