L'art comme valeur refuge en temps de crise

L'art pour mettre ses économies à l'abri d'une tempête boursière? Il faut viser la qualité et garder à l'esprit que ces biens ne peuvent pas se revendre du jour au lendemain, soulignent des acteurs du marché de l'art interrogés par l'AFP.

Alors que les Bourses européennes ont fortement chuté depuis début juillet, Fabien Bouglé, consultant en gestion de patrimoine artistique, estime que l'art est "une valeur refuge dans le sens où c'est un bien matériel qui ne disparaît pas. Mais cela ne veut pas dire qu'une oeuvre d'art ne risque pas de perdre de sa valeur", souligne-t-il. "Le prétendre serait du charlatanisme", ajoute-t-il.

L'économiste Philippe Chalmin réfute le terme de "valeur refuge" pour les œuvres d'art dans la mesure où elles ne sont pas liquides, contrairement à l'or, qui a franchi la semaine dernière à Hong Kong le seuil record de 1.900 dollars l'once avant de reculer.

"Une œuvre d'art ne se revend pas vite. Il faut au moins six mois entre la décision de se séparer d'un tableau et son passage en vente aux enchères", selon Fabien Bouglé. Ensuite, "l'œuvre est grillée car les collectionneurs aiment la nouveauté. Elle doit retrouver une certaine virginité en se faisant oublier un certain temps".

Le développement des ventes d'art sur Internet raccourcit toutefois nettement ces délais, souligne Thierry Ehrmann, fondateur et président d'Artprice, société spécialisée dans les données du marché de l'art.

Désir

Pour le président de la maison d'enchères Sotheby's France, Guillaume Cerutti, il est clair que "l'art n'est pas principalement un placement financier". Il ne rapporte ni intérêt ni dividende.

"Les œuvres d'art sont des objets uniques, poursuivis par des collectionneurs d'abord pour leur plaisir. Le moteur essentiel ne doit pas être de faire une plus-value, mais le désir", souligne-t-il. L'évolution de la cote des artistes est peu prévisible dans le temps, fait-il valoir. "Plusieurs études économiques montrent que, dans le très long terme, les œuvres d'art qui repassent sur le marché rapportent en moyenne moins qu'un placement boursier standard", relève M. Cerutti.

Cela étant, depuis la tempête financière de 2008, "les œuvres d'art de très grande qualité et de provenance exceptionnelle restent très demandées et ne connaissent pas la crise", souligne M. Cerutti en rappelant les records atteints en 2010 par des œuvres de Giacometti, Modigliani ou Picasso. "En ce sens, les chefs d'œuvre sont des valeurs refuge car ils transcendent la situation économique", estime M. Cerutti.

AFP/VNA/CVN

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