L’adhésion du Vietnam à l’ASEAN en 1995, quel sens pour vous, M. le vice-ministre des Affaires étrangères?
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| Pham Quang Vinh. |
Lorsque je pense à cette période d’il y a 19 ans, je considère que la décision de notre pays était importante, ainsi que pour l’ASEAN. Pour le Vietnam, cette adhésion était une occasion inespérée d’intégration à la région et, plus largement, au monde, ce d’autant qu’elle permettait de rejoindre ses membres en vue d’édifier un environnement de paix, de stabilité et de coopération. Elle nous a permis de progresser dans l’édification comme dans la défense de notre pays, comme de bénéficier de davantage d’aide, de coopération et de partenariats avec d’autres nations membres de l’ASEAN, mais aussi du monde entier. C’est grâce à cette adhésion que le statut du Vietnam s’affirme de jour en jour sur la scène internationale. Le Vietnam a adhéré à l’ASEAN alors que des différends, voire des oppositions, subsistaient encore en son sein. Avec les efforts de notre pays, cette association s’oriente désormais vers l’institution d’une Communauté de l’ASEAN. On peut estimer que la participation du Vietnam à l’ASEAN a permis et permet à cette dernière d’édifier cette communauté comme d’asseoir son rôle central dans la région pour la paix, la stabilité et la coopération au sein de celle-ci.
Il me faut rappeler ici la déclaration de l’ancien vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Nguyên Manh Câm : «La décision du Vietnam en 1995 d’adhérer à l’ASEAN est fondée et a un sens historique. Elle répond aux attentes de l’ASEAN comme de notre pays».
Quel profit notre pays a retiré de sa qualité de membre de cette association régionale ?
En adoptant un regard rétrospectif sur la participation du Vietnam à l’ASEAN jusqu’à ces derniers temps, nous avons bénéficié de trois avantages. D’abord, nous sommes dans un environnement pacifique, stable et de coopération, ce qui est fort appréciable alors que notre pays s’est engagé dans le Renouveau, réglant les conséquences des guerres et s’intégrant de plus en plus profondément à la région comme au monde. Ensuite, nous bénéficions de l’assistance et des investissements des membres de l’association pour développer notre économie. Enfin, l’ASEAN nous permet de développer nos relations bilatérales avec les membres de celle-ci et ses pays partenaires, et donc d’élever notre position comme notre statut.
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| Le Vietnam oeuvre de concert avec les autres membres afinque le rôle de l’ASEAN prévale en matière de paix et de défense dans la région. |
Quels sont les apports marquants du Vietnam au processus d’intégration au sein de l’ASEAN ?
Une dynamique, une responsabilité et un esprit constructif. Parmi les apports marquants du Vietnam, on peut citer : renforcement la solidarité au sein de l’ASEAN, la proposition des orientations des activités actuelles comme futures de l’association en vue d’édifier la Communauté de l’ASEAN. Par ailleurs, le Vietnam agit conjointement avec d’autres membres de l’association pour donner un rôle majeur à cette association en matière de paix et de défense régionales, en particulier en Mer Orientale.
En près de 20 années, le Vietnam a occupé de nombreux postes dans la présidence et dans la gestion de cette association. En 1998, il a présidé avec succès son 6e Sommet. Pendant deux années, en 2000 et 2001, il a assumé la présidence du Comité permanent de l’ASEAN. Lors de ces périodes, l’ASEAN a effectué plusieurs importantes déclarations. Ainsi, en 2010, le Vietnam qui exerçait la présidence tournante de l’ASEAN a significativement agi pour concrétiser la Charte de l’ASEAN et accélérer effectivement le processus d’édification de la Communauté de l’ASEAN, ainsi que renforcer le rôle de l’ASEAN dans le traitement de questions en matière de paix, de stabilité et de coopération régionale, notamment sur la Mer Orientale. Actuellement, le Vietnam contribue à l’élaboration des stratégies de l’ASEAN pour l’après 2015, contribution très appréciée des autres membres comme des pays partenaires de l’association.
Que doivent faire les membres de l’ASEAN au regard des défis actuels qui se posent dans la région, plus particulièrement depuis ces derniers temps ?
L’ASEAN a décidé de devenir une communauté alors que l’environnement régional connaît de profonds changements, sinon des bouleversements, ainsi qu’une évolution ou l’apparition de nouveaux défis traditionnels et non traditionnels à l’intérieur comme à l’extérieur de l’association. Il nous faut, pour surmonter ces obstacles, être d’abord solidaires, solidarité qui se manifestera d’abord par l’expression d’une voix unique et commune - celle de l’ASEAN, justement, et au-delà, en considération de la prochaine communauté - devant les questions régionales. Ensuite, il nous faut accélérer le processus de fondation de la Communauté de l’ASEAN, pour elle-même, afin de promouvoir sa position en tant que telle et, à travers elle, celle de chacun de ses membres. Enfin, l’ASEAN doit affirmer son rôle central au niveau de la région en matière de paix et de défense.
L’ASEAN a donné lieu à l’institution de nombreux forums dans les domaines de la paix et de la coopération régionale. Concernant la Mer Orientale, l’ASEAN doit souligner le rôle de la paix, de la stabilité, de la défense et de la sécurité maritime, le respect des principes du droit international, dont la convention des Nations unies sur le droit de la mer 1982, et la Déclaration sur la conduite des parties en Mer Orientale (DOC). Elle doit soutenir le règlement des différends par des mesures pacifiques, s’opposer au recours à la force ou à la menace d’y recourir. Cette association doit continuer d’exploiter le rôle croissant qu’elle acquiert depuis ces derniers temps, notamment d’être un acteur dynamique dans la définition de critères généraux de conduite au sein de région à l’intention de ses membres et de tous ses partenaires. Si l’ASEAN y parvient, elle surmontera alors les obstacles auxquels elle est confrontée actuellement.
Propos recueillis par Hoàng Hoa/CVN