La BCE "a pris une mesure très forte" avec le guichet de refinancement à trois ans, qui va permettre aux banques privées de l'UE de bénéficier de liquidités à des taux faibles pour financer l'économie et d'acheter des titres d'État, a-t-il expliqué au cours d'une audition devant la commission des affaires économiques du Parlement européen. "Les marchés n'ont pas pleinement compris la portée de cette mesure", a-t-il affirmé.
M. Cœuré, économiste de formation et directeur général adjoint de France Trésor, a par ailleurs souligné le rôle du FESF, le fonds européen de stabilité financière, avec sa capacité de levier.
Il a rappelé l'intérêt manifesté pendant le sommet du G20 à Cannes par des "partenaires privés hors de la zone euro" en vue d'apporter des financements à la zone euro. "Avec les décision prises lors du dernier sommet, il va falloir retourner les voir", a-t-il dit. "Mais il ne faut pas attendre de solution magique, simplement l'apport de financements supplémentaires", a-t-il précisé.
Interrogé sur les euro-obligations, défendues par le Parlement européen, mais refusées par l'Allemagne, M. Cœuré a jugé qu'elles faisaient "partie de la solution pour l'eurozone". Mais elles "ne sont pas possibles en l'état", a-t-il affirmé.
Ces "eurobonds" sont "dangereux sans discipline budgétaire", a averti le responsable. "Je suis favorable aux eurobonds, mais plus comme le couronnement d'un processus que comme une solution à court terme à la crise", a-t-il conclu.
Il a insisté au cours de son audition sur l'indépendance de la BCE. "La BCE peut aller au-delà de ce qu'elle fait actuellement dans le cadre de l'achat d'obligations d'État, mais il n'est pas question de négocier des décisions avec les gouvernements", a soutenu M. Cœuré.
L'achat d'obligations d'État est "un programme temporaire, pas un mode de fonctionnement permanent", a-t-il expliqué. "La BCE doit préparer le retrait de cette activité, mais cela ne se fera peut être pas en 2012", a-t-il estimé. Les dirigeants de la zone euro ont décidé d'avancer à la mi-2012 l'entrée en vigueur du Mécanisme européen de stabilité financière (MESF), chargé de remplacer le FESF pour aider à renflouer les États de la zone euro confrontés à des difficultés de financement.
Benoît Cœuré s'est en outre prononcé en faveur d'une taxe sur les transactions financières, que réclament les députés européens, mais il juge que "ce n'est peut-être pas le bon moment, car cela peut peser sur les liquidités des marchés financiers".
Il a en outre recommandé à l'UE de ne "pas procéder unilatéralement" et, par ailleurs, de se "désintoxiquer des agences de notation", dont les avis pèsent sur la sortie de crise. "La BCE n'est pas liée par les jugements des agences de notation et elle peut les ignorer", a-t-il affirmé, plaidant pour "leur réglementation" et pour la mise en concurrence. Mais le responsable a estimé que "la création d'une agence de notation européenne financée sur des deniers publics n'aurait aucune crédibilité".
Benoît Cœuré a été désigné candidat français au directoire de la Banque centrale européenne pour remplacer l'Italien Lorenzo Bini Smaghi.
AFP/VNA/CVN