La sécurité sociale pour tous : un pari mondial

Seuls 20% de la population mondiale en âge de travailler bénéficie d'un système de sécurité sociale complet, qui joue pourtant un rôle crucial de stabilisateur en temps de crise économique, indique un rapport du Bureau international du travail (BIT) publié le 16 novembre.

"Si l'on prend en compte ceux qui ne sont pas économiquement actifs, on estime que seuls 20% de la population mondiale en âge de travailler (et leurs familles) jouissent réellement d'un accès à un système de sécurité sociale complet", explique le BIT dans son premier Rapport sur la sécurité sociale dans le monde.

Au total, selon le document intitulé "Assurer une couverture sociale en temps de crise et au-delà" et qui devra être actualisé tous les deux ans, quelque 17,2% du Produit intérieur brut (PIB) mondial est en moyenne affecté à la sécurité sociale, qui recouvre neuf branches dont le chômage, les retraites, les allocations familiales ou encore la couverture santé.

Toutefois, relève-t-il, "ces dépenses sont concentrées dans les pays les plus riches". Une situation que regrette le BIT qui insiste sur le "rôle crucial" joué par ces systèmes comme "stabilisateur économique, social et politique" en particulier en période de crise.

En apportant notamment un "revenu de remplacement", ils contribuent "à stabiliser la demande globale, sans répercussion négative sur la croissance économique", assure le BIT.

Ainsi l'extension de l'allocation chômage ou les transferts sociaux en espèces dans des pays comme l'Allemagne, la Corée et le Brésil "ont empêché que la crise ne devienne une catastrophe sociale", a fait valoir le directeur exécutif de la sécurité sociale au BIT, Assane Diouf, lors d'une conférence de presse.

L'organisation basée à Genève prévient que la réduction des dépenses dans ces domaines risque d'avoir des conséquences néfastes sur la reprise, reconnaissant que la question est d'actualité dans les pays confrontés à des déficits abyssaux après la mise en place de plans de relance historiques. "Les coupures sociales au nom de l'assainissement budgétaire afin de faire face au déficit et à la dette publique peuvent non seulement avoir une instance négative directe sur les bénéficiaires de la sécurité sociale mais aussi des effets sur la demande mondiale et retarder la reprise économique", s'alarme M. Diouf.

Pour éviter cet écueil, le BIT promeut l'instauration d'une protection sociale minimale adaptée dans le monde, la considérant "plus urgente que jamais".

Le problème se pose particulièrement dans les pays à faible revenu où "la couverture minimale de sécurité sociale demeure hors de portée du plus grand nombre, relève encore le rapport.

En Afrique, seuls 5% des chômeurs bénéficient d'une aide, selon le BIT qui souligne encore que dans les pays à haut revenu, 75% des personnes âgées de 65 ans et plus perçoivent une pension contre 20% dans les pays moins développés.

Pour l'expert du BIT, Michael Cichon, ces gouvernements n'ont pas d'excuses. "Un système de protection sociale de base est abordable" pour tous et permettrait de donner "un visage humain" à la mondialisation, insiste-t-il.

AFP/VNA/CVN

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