>>Pour tenir la "digue" sanitaire, l'isolement rallongé
>>COVID : toujours la vigilance sous la menace des variants
Graphique montrant l'évolution des hospitalisations et des réanimations en France, au 27 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Saturation des hôpitaux, établissements scolaires dépassés : y-aura-t-il un tour de vis supplémentaire cette semaine ? "Rien n'est décidé", répond Emmanuel Macron dans le Journal du dimanche. "Pour les jours qui viennent, nous allons regarder l'efficacité des mesures de freinage et nous prendrons si nécessaire celles qui s'imposent", souligne le chef de l'État dans cet entretien réalisé vendredi soir 26 mars, alors que la situation sanitaire est de nouveau qualifiée de "critique" par l'exécutif.
Un conseil de défense doit se tenir mercredi pour décider d'un éventuel durcissement des mesures. L'épidémie a progressé quasiment partout en France en mars, poussée par le variant anglais, jugé plus contagieux et plus virulent. Le nombre de malades en réanimation s'élevait dimanche soir à 4.872, frisant le pic de la deuxième vague à l'automne (4.903). Du côté des hospitalisations, les chiffres sont, là aussi, à la hausse avec 27.712 patients hospitalisés, dont 1.017 nouvelles admissions en 24 heures. Au total, 94.623 personnes sont mortes depuis le début de l'épidémie.
Gestion "hypocrite"
Depuis vendredi minuit 26 mars, trois départements - le Rhône, l'Aube et la Nièvre - se sont ajoutés aux 16 autres, dont Paris et sa région, soumis à des mesures de restrictions plus sévères : pas de déplacements à plus de 10 km sans dérogation, pas de sortie du territoire sans motif impérieux, commerces fermés et demi-classes en lycée. Parallèlement, 24 autres départements sont sous vigilance renforcée.
"La bataille des prochains jours est simple. Du pragmatisme et une réponse adaptée face au virus, des mesures de freinage en particulier destinées à préserver les soignants et les personnes vulnérables et une mobilisation générale pour dérouler notre plan d'attaque sur le vaccin", a résumé Emmanuel Macron. En Île-de-France, 41 directeurs médicaux de crise de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) évoquent une "situation de médecine de catastrophe", disant se préparer à devoir "faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles", dans une tribune publiée par le JDD.
Dans une autre tribune dans Le Monde, neuf médecins de l'AP-HP étrillent la gestion de crise de l’exécutif, estimant qu'"en imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite".
Un centre de vaccination contre le COVID-19, le 27 mars à Toulouse |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dimanche 28 mars dans la soirée, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est entretenu avec les directeurs médicaux de crise de l'AP-HP, lors d'une "réunion prévue dès le début du weekend" et au cours de laquelle il a souhaité "rappeler l'extrême conscience qui est la sienne de l'impact sur les réas et de sa volonté de les préserver au maximum pour éviter la multiplication de choix terribles pour les soignants", a précisé l'entourage du ministre.
"Lumière au bout du tunnel"
"Le ministre a rappelé qu'il fallait vérifier ce que les mesures déjà mises en place avaient comme impact sur la réa, et que si cet impact était jugé insuffisant pour passer le cap difficile des trois prochaines semaines, le gouvernement serait amené à prendre rapidement des mesures supplémentaires", indique-t-on de même source. Dans l’Éducation nationale, les témoignages s'enchaînent pour relater les difficultés grandissantes à faire fonctionner les établissements, les personnels enseignants et administratifs étant eux-mêmes touchés par l'épidémie.
En Seine-Saint-Denis, département francilien particulièrement frappé, des élus ont de nouveau tiré la sonnette d'alarme. "Depuis plusieurs semaines et chaque jour davantage, la situation sanitaire dans les écoles (du département) se dégrade. Élèves, enseignants, personnels communaux (...) sont de plus en plus nombreux contaminés par le virus (..)", avertissaient samedi cinq maires du département dans Le Parisien.
Contrairement à nombre de ses voisins européens, la France refuse de fermer ses écoles même si désormais l'apparition d'un malade dans une classe entraîne sa fermeture dans les 19 départements les plus touchés. Pour le chef de l'État, "la fermeture complète des écoles ne saurait être un tabou, mais elle doit demeurer un dernier recours et une mesure limitée au maximum dans le temps".
Nombre d'épidémiologistes recommandent un durcissement des restrictions. Et des élus demandent l'extension de la vaccination, ouverte samedi aux plus de 70 ans sans comorbidités. "Ce serait un mauvais choix politique et sanitaire", pour Emmanuel Macron. "Si j'ouvrais à toutes les tranches d'âge d'un coup, il y aurait des inégalités sociales et territoriales dans l'accès au vaccin", assure-t-il.
Alors que près de 3 millions de doses supplémentaires sont attendues cette semaine, le président mise sur le déploiement de "mégacentres" de vaccination pour tenir son engagement de "proposer un vaccin à tous les adultes qui le souhaitent avant la fin de l'été". Par ailleurs, les 3 millions de plus de 75 ans qui n'ont pas été encore vaccinés pourront appeler un numéro de téléphone dédié "dès la semaine prochaine", a indiqué au Parisien de dimanche le directeur de la Cnam, Thomas Fatôme.
L'Assurance maladie prévoit également d'appeler directement ceux qu'elle identifiera comme n'ayant pas reçu le vaccin. L'accélération de la production et de la livraison des vaccins va permettre à l'Europe de voir "la lumière au bout du tunnel", assure le commissaire européen en charge des vaccins, Thierry Breton, alors que l'Union Européenne a été vivement critiquée pour sa gestion du dossier.
AFP/VNA/CVN