COVID-19 : semaine décisive en France sous la pression de la troisième vague

La France aborde une semaine décisive sous la pression de la troisième vague de l'épidémie de COVID-19 dont la flambée provoque la multiplication des signaux d'alarme à l'hôpital et des appels à des mesures plus strictes.

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Un agent de santé prépare des seringues contenant des doses du vaccin Pfizer/BioNTech, à Toulouse.

Saturation des hôpitaux, établissements scolaires dépassés : y-aura-t-il un tour de vis supplémentaire cette semaine ? "Rien n'est décidé", répond Emmanuel Macron dans le Journal du dimanche.

"Pour les jours qui viennent, nous allons regarder l'efficacité des mesures de freinage et nous prendrons si nécessaire celles qui s'imposent", souligne le chef de l'État dans cet entretien réalisé vendredi soir, alors que la situation sanitaire est de nouveau qualifiée de "critique" par l'exécutif.

Un conseil de défense doit se tenir mercredi 31 mars pour décider d'un éventuel durcissement des mesures.

Car le scénario anticipé dès janvier par les épidémiologistes s'est révélé exact : l'épidémie a progressé quasiment partout en France en mars, poussée par le variant anglais, jugé plus contagieux et plus virulent.

Le nombre de malades en réanimation s'élevait samedi soir à 4.791, frisant le pic de la deuxième vague à l'automne (4.903). Au total, 94.492 personnes sont mortes depuis le début de l'épidémie.

Depuis vendredi minuit, trois départements -- le Rhône, l'Aube et la Nièvre -- se sont ajoutés aux 16 autres, dont Paris et sa région, soumis à des mesures de restrictions plus sévères: pas de déplacements à plus de 10 km sans dérogation, pas de sortie du territoire sans motif impérieux, commerces fermés et demi-classes en lycée.

Parallèlement, 24 autres départements sont sous vigilance renforcée. Dans le reste du pays, un couvre-feu est en vigueur de 19h00 à 06h00. Partout, bars, restaurants, lieux culturels restent fermés.

"Médecine de catastrophe"

"La bataille des prochains jours est simple. Du pragmatisme et une réponse adaptée face au virus, des mesures de freinage en particulier destinées à préserver les soignants et les personnes vulnérables et une mobilisation générale pour dérouler notre plan d'attaque sur le vaccin", anticipe Emmanuel Macron.

Mais sur le terrain les signaux d'alarmes se multiplient.

Une infirmière soigne un patient atteint du COVID-19, à l'hôpital Cochin de l'AP-HP à Paris, le 18 mars 2021.

En Ile-de-France, 41 directeurs médicaux de crise de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) évoquent une "situation de médecine de catastrophe", disant se préparer à devoir "faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles", dans une tribune publiée par le JDD.

"Dans les quinze prochains jours", estiment les signataires, "nous savons d'ores et déjà que nos capacités de prise en charge seront dépassées".

Dans l'Éducation nationale, les témoignages s'enchaînent pour relater les difficultés grandissantes à faire fonctionner les établissements, les personnels enseignants et administratifs étant eux-mêmes touchés par l'épidémie.

En Seine-Saint-Denis, département francilien particulièrement touché, des élus ont de nouveau tiré la sonnette d'alarme.

"Depuis plusieurs semaines et chaque jour davantage, la situation sanitaire dans les écoles (du département) se dégrade. Élèves, enseignants, personnels communaux (...) sont de plus en plus nombreux contaminés par le virus. Ils ne peuvent plus assurer leurs missions", avertissaient samedi 27 mars cinq maires du département dans Le Parisien.

Chez les 0-14 ans le taux d'incidence a augmenté de 31% du 15 au 21 mars par rapport à la semaine précédente, selon le point épidémiologique publié vendredi 26 mars par l'agence sanitaire.

Contrairement à nombre de ses voisins européens, la France refuse de fermer ses écoles même si désormais l'apparition d'un malade dans une classe entraîne sa fermeture dans les départements reconfinés.

Pour le chef de l'État, "la fermeture complète des écoles ne saurait être un tabou, mais elle doit demeurer un dernier recours et une mesure limitée au maximum dans le temps".

Nombre d'épidémiologistes recommandent un durcissement des restrictions. Et des élus demandent l'extension de la vaccination, ouverte samedi aux plus de 70 ans sans comorbidités.

"Ce serait un mauvais choix politique et sanitaire", pour Emmanuel Macron. "Si j'ouvrais à toutes les tranches d'âge d'un coup, il y aurait des inégalités sociales et territoriales dans l'accès au vaccin", assure-t-il.

Alors que près de 3 millions de doses supplémentaires sont attendues cette semaine, le président parie sur le déploiement de "mégacentres" de vaccination pour tenir son engagement de "proposer un vaccin à tous les adultes qui le souhaitent avant la fin de l'été".

AFP/VNA/CVN

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