>> Le Centre mise sur le développement logistique au service de sa croissance
>> Le Vietnam adopte une stratégie ambitieuse pour devenir un hub logistique régional
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| La logistique joue un rôle essentiel dans la promotion des activités d'import-export. |
| Photo : Vietnam+/CVN |
Dans ce contexte, la logistique, considérée comme le "sang vital" de l'économie, est confrontée à des défis majeurs, avec des coûts atteignant 16 à 20% du PIB, soit près du double de la moyenne mondiale de 11,6%, et l'urgente nécessité de décarboner ses infrastructures de transport. Pour de nombreux experts, la "verdification" de ce secteur n'est plus une simple option coûteuse, mais une voie inéluctable et une arme stratégique essentielle pour simultanément maîtriser les coûts et renforcer la compétitivité des produits vietnamiens sur les marchés internationaux.
Depuis de nombreuses années, des coûts logistiques élevés est unanimement désignée comme le "talon d'Achille" entravant la performance des exportations vietnamiennes. Ian Liew, responsable de la stratégie et du développement durable chez le groupe singapourien YCH, investisseur de 300 millions de dollars dans un futur super-port à Vinh Phuc, met en lumière la cause principale de cette situation : un réseau de transport inefficace et fragmenté, directement responsable de ces coûts élevés.
Trân Tiên Dung, vice-président de l'Association des entreprises de logistique du Vietnam (VLA), confirme cette analyse, soulignant que le développement d'une logistique plus respectueuse de l'environnement représente une tendance irréversible, essentielle à l'amélioration de la compétitivité des entreprises locales.
Alors que le réseau routier national approche de la saturation et que les coûts du transport par camion deviennent prohibitifs, le Vietnam dispose d’un avantage stratégique trop longtemps sous-exploité : son exceptionnel réseau hydrographique. Avec 3.260 km de côtes et plus de 41.900 km de voies navigables intérieures, le pays possède l’un des potentiels les plus importants d’Asie du Sud-Est en matière de transport maritime et fluvial.
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| Le port de Cai Mep - Thi Vai est le seul complexe portuaire du Vietnam capable d'accueillir des porte-conteneurs géants d'une capacité supérieure à 200.000 tonnes de Tpl. |
| Photo : VNA/CVN |
Ce mode de transport offre une alternative radicalement plus écologique : il permet de réduire jusqu’à 70% des émissions de CO₂ par rapport à la route pour un même volume de marchandises. Au-delà de l’impact environnemental, les gains économiques sont tout aussi significatifs. L’exemple du groupe Macstar, pionnier du transport côtier par conteneurs, est particulièrement parlant : en exploitant la ligne régulière Hai Phong - Thanh Hoa - Hà Tinh - Dà Nang, l’entreprise a réussi à diminuer de plus de 75% ses émissions de carbone tout en offrant à ses clients une réduction de 10 à 15% des coûts logistiques. Un double bénéfice qui répond parfaitement aux exigences croissantes des partenaires commerciaux internationaux en matière de normes environnementales et de compétitivité-prix.
Le premier centre logistique à émissions nettes nulles
Face à ces enjeux, la VLA a officiellement recommandé au gouvernement d'intensifier ses investissements dans la modernisation des infrastructures fluviales, incluant les ports intérieurs, les quais et les voies navigables. L'association a également plaidé pour la mise en place d'une politique de crédit vert et l'exonération des frais d'infrastructure jusqu'en 2030 pour les marchandises acheminées par voie navigable. Ces mesures fiscales et incitatives sont perçues comme des leviers politiques essentiels pour encourager les entreprises à privilégier le transport fluvial, transformant ainsi un potentiel naturel en un avantage économique tangible.
Ian Liew, représentant du groupe YCH, a souligné les atouts du Vietnam, notamment sa "position stratégique, ses coûts compétitifs et sa jeune main-d'œuvre". Pour capitaliser sur ce potentiel, YCH investit 300 millions de dollars dans le projet Vietnam SuperPort à Vinh Phuc, qu'il décrit comme le "premier centre logistique multimodal d'Asie du Sud-Est, intégrant le transport routier, ferroviaire, aérien et maritime". Plus ambitieux encore, ce projet vise à devenir le premier centre logistique à émissions nettes nulles de la région, s'inscrivant dans l'initiative SGConnect qui relie la Chine, l'ASEAN, l'Europe et les États-Unis. Le modèle du SuperPort représente l'avenir de la logistique vietnamienne : un hub intégré, intelligent et résolument vert.
La modernisation des infrastructures physiques, telles que les ports et les routes, doit impérativement s'accompagner du développement des infrastructures immatérielles, à savoir la technologie et les ressources humaines. La transformation numérique et l'intégration de technologies de pointe sont désormais des impératifs. Le groupe Arup, partenaire de YCH, affirme que l'intégration des infrastructures, l'exploitation des données et la collaboration multisectorielle sont les piliers d'une stratégie zéro émission nette. Au-delà des avancées technologiques, le facteur humain est crucial. YCH et le ministère de la Construction s'accordent sur la nécessité de former une main-d'œuvre logistique hautement qualifiée, capable d'opérer ces systèmes intelligents et complexes.
En s'engageant résolument dans le développement du transport fluvial et côtier, en exploitant ses avantages géographiques pour réduire de 70% les émissions et de 15% les coûts, et en attirant les investissements internationaux dans des super-ports multimodaux "Net-Zero" via des partenariats public-privé, le Vietnam est en mesure de surmonter l'écueil des 16% du PIB. C'est en empruntant cette voie que la logistique vietnamienne pourra véritablement s'affirmer comme une puissance, garantissant ainsi une expansion durable des produits vietnamiens sur la scène mondiale.
VNA/CVN



