Blanchiment d’argent et financement du terrorisme : le Vietnam durcit le ton

Le Vietnam renforce sa lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Une coordination plus stricte entre ministères et institutions est nécessaire pour contrer les nouvelles méthodes criminelles.

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Le Premier ministre Pham Minh Chính a signé le 9 septembre dernier la décision N°1947 promulguant un nouveau règlement de coordination entre les ministères, organes ministériels et agences gouvernementales dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Le Vietnam met en place un cadre juridique solide pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Photo : CTV/CVN

Composé de 12 articles, ce texte définit les formes, les contenus et les responsabilités de coopération entre les institutions, et établit des mécanismes d’échange d’informations visant à renforcer l’efficacité de ce combat. La coordination s’articule autour de deux volets complémentaires : mesures de prévention et actions de répression. Sur le plan préventif, le règlement encourage l’échange et la transmission d’informations, la sensibilisation du public ainsi que le contrôle du respect des dispositions légales.

Coopération institutionnelle

Les institutions s’engagent à signaler toutes les informations suspectes en lien avec le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme. Concrètement, sept ministères et organes principaux - Police, Justice, Finances, Industrie et Commerce, Construction, Sciences et Technologies, et Banque d’État du Vietnam - sont chargés de mener des missions conjointes d’inspection et de supervision.

La coordination entre institutions peut prendre différentes formes : correspondances officielles, courriels, appels téléphoniques, mais aussi réunions de travail, consultations ou missions conjointes.

Chaque organe conserve toutefois son rôle et ses res-ponsabilités, clairement définis dans le règlement. Par exemple, le ministère de la Police est chargé de diriger les efforts de prévention et de lutte, notamment à travers la collecte et la transmission d’informations sur les modes opératoires des criminels. De son côté, la Banque d’État du Vietnam se concentre sur les questions liées au blanchiment d’argent, en fournissant des données sur les risques et sur les mesures prévues par la loi. Elle intervient également à la demande des autres organes pour mener des vérifications financières en cas de suspicion.

Parallèlement à cette collabo-ration, les institutions impliquées doivent fournir régulièrement des informations actualisées. Le ministère de la Défense et la Banque centrale notamment, sont tenus de partager les données relatives aux nouvelles méthodes criminelles, aux affaires judiciaires en cours ou encore aux menaces terroristes émergentes.

Les médias, sous la coordination du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, jouent également un rôle central. En diffusant largement les campagnes de sensibilisation, ils permettent de toucher directement la population. Par exemple, la Télévision nationale (VTV) relaie des messages de prévention contre la désinformation ou les manipulations provenant de forces hostiles.  Ainsi, les médias participent à la fois à la prévention, à l’information du public et à la dissuasion.


Réglementations strictes

Les données de Chainalysis montrent que les flux de capitaux en actifs numériques au Vietnam ont dépassé 220 milliards de dollars en 2025, soit une augmentation de 55% en glissement annuel. Cependant, la majorité des transactions ont été effectuées sur des plateformes internationales, ce qui nuit à la fiscalité et complique les efforts contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Le colonel Nguyên Thành Chung, chef adjoint du Département de la cybersécurité (A05), relevant du ministère de la Police, a alerté sur l’exploitation croissante des actifs numériques pour la mobilisation de fonds et des activités illégales en ligne. Malgré l’absence de cas majeurs de financement du terrorisme via ces capitaux au Vietnam, le risque est jugé réel et croissant. En raison de leur nature anonyme et transfrontalière, ces actifs sont utilisés pour créer un “marché clindestin” qui finance des activités illicites.

Le Département A05 a recensé près de 20.000 cas de fraude pour un préjudice de plus de 12.000 milliards de dôngs entre fin 2019 et mi-2024. Dans ces affaires, les fonds acquis illégalement sont souvent convertis en actifs numériques sur des plateformes internationales, avec des volumes de transactions quotidiens s’élevant à des billions de dôngs. Nguyên Thi Minh Tho, directrice adjointe du Département de la prévention et de la lutte contre le blanchiment d’argent, relevant de la Banque d’État, a rappelé que le pays était dans la “liste grise” du Groupe d’action financière (GAFI) depuis juin 2023. Il s’efforce de mettre en place un cadre juridique solide pour les actifs virtuels et les prestataires de services correspondants.

Thê Linh/CVN


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