Les participants à une réunion du comité de politique à Washington ont situé entre 2,7% et 2,9% la croissance économique en glissement annuel au quatrième trimestre. En avril, ils la voyaient entre 3,1% et 3,3%. "La reprise économique se poursuit à un rythme modéré, quoique légèrement plus lent que le Comité ne le prévoyait", a écrit le comité de politique monétaire, dans un communiqué publié à l'issue de cette réunion de deux jours. "Par ailleurs, les indicateurs récents sur le marché du travail ont été plus faibles qu'anticipé", a-t-il poursuivi.
Le chômage a en effet augmenté à 9,1% en mai. Et pour les membres du comité, il sera encore élevé en fin d'année, entre 8,6% à 8,9% en moyenne au quatrième trimestre, alors que deux mois auparavant ils tablaient sur 8,4% à 8,7%. "Le rythme plus lent de la reprise reflète en partie les facteurs qui seront probablement temporaires, notamment l'effet négatif de la hausse des prix alimentaires et de ceux des matières premières sur le pouvoir d'achat et les dépenses des consommateurs, ainsi que les perturbations de la chaîne d'approvisionnement associées aux événements tragiques au Japon" (le séisme du 11 mars), a souligné la Fed.
Ce point de vue a justifié un statu quo, pour le moment, de la politique monétaire.
À l'unanimité, le comité a décidé de laisser inchangé, dans une fourchette de 0% à 0,25%, son taux d'intérêt directeur.
Il est à ce niveau depuis décembre 2008. Et c'est la vingt-deuxième réunion consécutive à l'issue de laquelle le comité de politique monétaire de la Fed annonce qu'il y restera encore "pendant une longue période".
Il n'y a pas eu de changement non plus dans l'utilisation des autres outils de stimulation du crédit et de l'activité économique.
Sans surprise, la Fed a maintenu au 30 juin l'expiration de son programme de rachat de 600 milliards de dollars de titres de dette du Trésor lancé en novembre.
Face aux niveaux insatisfaisants du chômage et de plus en plus inquiétants de l'inflation, "la politique monétaire est aujourd'hui en suspens", a expliqué Nigel Gault, d'IHS Global Insight.
Alors que le communiqué ne donnait aucune indication sur l'évolution de cette politique, le président de la Fed, Ben Bernanke, a expliqué lors d'une conférence de presse qu'il envisageait aussi bien d'intervenir à nouveau que de ne rien changer. "Nous serions préparés à prendre des mesures supplémentaires, manifestement, si les conditions le justifiaient", a-t-il dit, laissant la porte ouverte à un nouveau cycle de relance monétaire. Mais il a souligné que la Fed pouvait aussi maintenir le statu quo : "si l'économie empire et que l'inflation reste relativement faible, alors nous ne commencerions pas à sortir" de la politique monétaire actuelle, "et par conséquent, nous ne changerions pas de langage".
L'une des principales incertitudes est l'évolution de la crise économique de la Grèce. "S'il y avait une incapacité à résoudre cette situation, cela constituerait une menace pour les systèmes financiers européens, le système financier mondial, et pour l'unité politique de l'Europe", a-t-il prévenu.
AFP/VNA/CVN