Selon son rapport prospectif annuel à moyen terme, une croissance de l'économie mondiale de 4,5% par an permettrait à la consommation d'augmenter de 1,2 million de barils par jour (mbj) en moyenne chaque année, pour atteindre 95,3 mbj en 2016.
La demande mondiale serait ainsi supérieure de 0,7 mbj en moyenne sur la période 2010-2015 par rapport aux dernières prévisions à moyen terme. "La croissance de la demande est exclusivement tirée par les pays non membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)", le club des pays riches dont l'AIE est le bras énergétique, selon le rapport. La Chine a elle seule représente 41% de la hausse.
En revanche, la consommation des pays industrialisés membres de l'OCDE devrait se réduire de 0,6% ou 260.000 barils par jour en moyenne chaque année, soit plus que prévu auparavant. Ce scénario comporte plusieurs risques, reconnaît l'AIE. "Des répercussions du printemps arabe aux conséquences macroéconomiques de la crise dans la zone euro, l'incertitude reste le mot-clé pour les marchés mondiaux du pétrole et du gaz", prévient le directeur général de l'agence Nobuo Tanaka.
Si la croissance mondiale devait n'être que de 3,3% par an, la demande de pétrole s'établirait, en 2016, 2,4 mbj en deçà de ces prévisions.
Dans son rapport, l'AIE table sur un baril de brut dont le prix avoisine 103 dollars en moyenne sur cette période, soit 15 à 20 dollars de plus que dans ses précédentes prévisions. "La juxtaposition de prix du pétrole à trois chiffres et d'une croissance économique mondiale de 4% à 5% semble paradoxale, mais reflète en partie le décalage temporel propre aux dynamiques du marché pétrolier", estime l'agence. "Des prix élevés et une croissance économique soutenue peuvent coexister", ajoute-t-elle, mais "pour un certain temps" seulement.
Nobuo Tanaka affirme d'ailleurs que les cours actuels du brut "pèsent sur une situation macroéconomique et financière déjà fragile dans l'OCDE".
De son côté, la capacité de production mondiale de pétrole devrait augmenter sur les cinq prochaines années de 1,1 mbj en moyenne par an, passant de 93,8 mbj à 100,6 mbj. Le pétrole brut conventionnel représente moins de 40% de l'augmentation totale.
Selon l'AIE, la production libyenne ne retrouverait que vers 2015 son niveau d'avant la guerre.
Quant aux capacités de production de l'Iran, elles reculeraient de 0,8 mbj, à 3,1 mbj, ce qui ferait passer ce pays derrière l'Irak, son grand rival, d'ici 2014-2015. L'offre irakienne devrait, elle, grimper de 1,5 mbj pour atteindre 4,1 mbj en 2016.
Enfin, l'AIE constate que la demande mondiale de gaz a connu "un rebond extraordinaire" de 7,4% en 2010, soit une des croissances les plus élevées des 40 dernières années. Cela a plus que compensé la chute de 2,5% enregistrée en 2009.
AFP/VNA/CVN