Énergie : avec l'éolien en mer, un petit port allemand veut sortir de sa léthargie

Noyés dans la brume épaisse qui monte de la mer du Nord, des trépieds de 500 tonnes attendent de prendre le large pour servir à la construction des parcs éoliens qui doivent sortir le port de Cuxhaven (Nord) de sa léthargie, et l'Allemagne du nucléaire.

"L'éolien, c'est la promesse d'un avenir industriel. Avant, les affaires stagnaient" , déclare Hans-Joachim Stietzel, directeur scientifique de l'agence de développement économique de Cuxhaven. Dans cette ville portuaire de 52.000 habitants, qui ronronnait entre usines de transformation de poisson et établissements de cure pour retraités, l'abandon du nucléaire officialisé le 13 juin par le gouvernement allemand est providentiel.

Dès 2007, Cuxhaven, en perte de vitesse face à la multiplication des porte-containers géants qui privilégient les vastes terminaux de Hambourg ou Rotterdam, avait fait le pari de l'éolien en mer, "offshore" . Son objectif : devenir à la fois un site de production d'éoliennes et une base arrière pour leur installation en mer.

Cuxhaven s'est donc équipé d'un terminal spécialisé, avec route et plate-forme conçues pour supporter de très lourdes charges, et a transformé des pâturages à moutons en terrains industriels. Et voilà que non seulement la chancelière Angela Merkel décide d'éteindre en dix ans toutes les centrales nucléaires du pays, mais qu'en plus, elle fait des éoliennes en mer l'une de ses priorités, avec à la clef 5 milliards d'euros d'argent public.

"Bien sûr, cela donne un élan. Mais nous n'avions pas attendu le gouvernement!" , se rengorge Rolf Bartelheim, casque de chantier vissé sur la tête. En contrebas de la passerelle sur laquelle s'appuie cet ingénieur de l'entreprise "Cuxhaven Steel Constructions" , installée depuis 2009 sur le port, des ouvriers soudent et martèlent, dans une poussière à l'odeur âcre, de gigantesques trépieds à côté desquels ils paraissent minuscules.

Une fois terminés, les trépieds, qui serviront de base aux éoliennes, vont attendre sur le quai, au côté de pylônes d'acier fabriqués par un autre industriel.

Une fois érigées en mer, les éoliennes dépasseront largement les 100 mètres, en hauteur comme en envergure. "Nous avons deux à trois ans d'avance" sur des sites concurrents, assure M. Stietzel. Alors qu'à quelques kilomètres de là, le port de Bremerhaven entend lui aussi miser sur l'éolien, il veut croire qu'il "y en aura pour tout le monde" .

Trois parcs éoliens en haute mer tournent actuellement au large des côtes allemandes. Une vingtaine d'autres ont déjà obtenu un permis de construire, un nombre au moins équivalent a déposé une demande.

D'ici 2030, l'éolien offshore doit représenter une capacité totale de 25.000 mégawatts en Allemagne, l'équivalent d'environ 20 réacteurs nucléaires. Si le projet est ambitieux, la technologie est encore balbutiante en Allemagne, qui a pris du retard sur la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas, en raison en particulier d'une réglementation très stricte.

Soucieux de protéger ses côtes, le gouvernement allemand n'autorise l'implantation d'éoliennes que dans des eaux profondes et agitées, ce qui rend l'installation, comme le raccordement au réseau, difficiles.

"Si nous avons 85 jours par an pendant lesquels nous pouvons sortir en mer pour installer les éoliennes, météo et sécurité oblige, c'est bien" , dit M. Bartelheim.

Autre défi selon lui, le financement. "Les 5 milliards promis par l'État sont loin de couvrir les besoins" , alors que les investisseurs privés se montrent frileux face à ces projets coûteux : il faut en effet compter au moins un milliard d'euros par parc éolien en mer.

AFP/VNA/CVN

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