La Banque centrale américaine s'inquiète des risques posés par l'Europe

Les difficultés de l'Europe risquent de ralentir la reprise aux États-Unis, a prévenu le 23 juin la Banque centrale américaine (Fed), qui a décidé de maintenir son taux directeur à quasi zéro pour continuer de stimuler l'activité au maximum.

"D'une manière générale, la conjoncture financière est devenue moins favorable à la croissance, ce qui reflète largement l'évolution de la situation à l'étranger", écrit le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) dans un communiqué faisant allusion à l'Europe.

Publié à l'issue de 2 jours de réunion des dirigeants de la Réserve fédérale à Washington, le texte ajoute que la reprise économique entamée au troisième trimestre 2009 "se poursuit", mais que son rythme devrait rester "lent" pendant un certain temps.

Le FOMC a donc décidé sans surprise de maintenir son taux directeur dans la fourchette de fluctuation de zero à 0,25% qu'il lui assigne depuis la mi-décembre 2008. Cette politique est destinée à stimuler l'économie autant que possible en abaissant le coût du crédit au minimum.

La Fed reconnaît néanmoins que la disponibilité du crédit (quand bien même son prix est très bas) reste un problème majeur du fait la réticence des banques à prêter.

Reprenant le leitmotiv de ses communiqués publiés depuis plus d'un an, le Comité ajoute que les conditions sont réunies pour garantir le maintien d'un taux directeur "exceptionnellement bas" pendant encore longtemps.

Cette assertion traduit la conjonction de 3 éléments : le maintien d'un chômage élevé (il était de 9,7% fin mai) et d'une faible utilisation des capacités de production, la faiblesse de l'inflation, et la stabilité des attentes d'inflation.

Sans dire qu'ils s'en inquiètent, les dirigeants de la Fed ont indiqué avoir pris acte du ralentissement de l'inflation sous-jacente et de la baisse des prix de l'énergie et d'autres matières premières depuis leur dernière réunion fin avril.

D'une manière générale, le ton du communiqué final du FOMC est moins optimiste que 2 mois plus tôt, quand ses membres avaient revu en hausse leur prévision de croissance pour 2010 et 2011.

Le ton est "plus prudent", remarque Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, pour qui la Fed ne relèvera pas son taux avant le premier trimestre de 2012.

Les vents contraires qui soufflent sur l'économie américaine demeurent, indique le FOMC, qui cite le maintien d'"un chômage élevé", la "croissance modeste des revenus", la "baisse de la valeur du patrimoine immobilier" et la difficulté à obtenir des crédits comme autant d'entraves à la progression de la consommation des ménages, qui est le moteur principal de l'économie.

La Fed constate également le niveau "extrêmement bas" de la construction de logements, et la réticence des employeurs à augmenter les embauches ou les salaires.

À toutes ces difficultés viennent désormais s'ajouter les incertitudes liées à la crise de la dette en Europe. Plusieurs dirigeants de la Réserve fédérale se sont inquiétés récemment que celle-ci se répercute sur l'économie américaine par le biais d'un regain de difficultés sur les marchés financiers ou par celui du commerce extérieur, si la demande vient à baisser en Europe. "Bien que l'économie soit désormais en phase d'expansion, la reprise sera fragile à court terme", estime Augustine Fauchier, de Moody's Economy.com, jugeant néanmoins encourageant le fait que la banque centrale ait noté une amélioration progressive du marché du travail.

AFP/VNA/CVN

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