L'amélioration de la "gouvernance économique" européenne, autrement dit de la coordination des politiques nationales, sera le sujet central d'un Sommet européen, le 10 juin à Bruxelles.
Il s'agit d'éviter que chaque pays n'en fasse qu'à sa tête sans penser à l'impact de ses décisions sur les voisins et, sur le principe, tout le monde approuve.
Lors de leur sommet, les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays de l'UE comptent indiquer que "le renforcement de la coordination des politiques économiques constitue une priorité urgente et fondamentale", selon un projet de texte dont l'AFP a obtenu copie.
En revanche, la forme que cela doit prendre suscite de vifs débats. La France et d'autres pays veulent que l'exercice soit poussé encore plus loin pour les pays membres de la zone euro, qui devraient être dotés de leur propre gouvernement économique, en plus des efforts menés à l'échelle de l'UE.
Cela signifierait des réunions pérennisées au plus haut niveau, avec un président et un secrétariat d'appui par exemple, ainsi que des initiatives communes aux seuls pays membres de l'union monétaire.
"La zone euro doit renforcer son gouvernement économique commun", a déclaré jeudi dernier le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, lors d'une visite à Rome.
Le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, a abondé dans son sens, soutenant l'idée d'"une gouvernance très précise en ce qui concerne la situation de la monnaie unique".
Problème : l'Allemagne refuse. La chancelière Angela Merkel insiste pour que la gouvernance englobe l'UE dans son ensemble pour ne pas créer de scission.
"Elle n'a pas non plus envie de se retrouver seule dans un club avec des pays du Sud qu'elle juge trop laxistes sur les déficits", persifle un diplomate européen.
Le projet inquiète logiquement les États d'Europe de l'Est non encore membres de la zone euro.
"En tant que pays qui aspire à rejoindre la zone euro, nous souhaiterions que la zone euro soit un leader mais ne se comporte pas en élite au sein de l'Union européenne", a prévenu le Premier ministre polonais, Donald Tusk. Il peut compter sur le soutien de la Commission européenne (CE), inquiète à l'idée d'être marginalisée par une nouvelle institution échappant à son contrôle.
Même le président de l'UE, Herman Van Rompuy, d'abord ouvert à l'idée, s'y est finalement opposé cette semaine pour rassurer Berlin et les pays de l'Est. Au-delà des questions de structures, se pose aussi la question de la substance des politiques à mener.
Certains s'inquiètent en Europe de voir tous les pays prendre le chemin de l'austérité au risque de briser tout espoir de relance.
L'annonce du plan d'économies de 80 milliards d'euros d'Angela Merkel a ainsi suscité de l'incompréhension chez plusieurs de ses partenaires.
"C'est une mesure anti-européenne", juge un diplomate de haut rang, en estimant que Berlin aurait les moyens de faire plus pour soutenir l'activité.
Les débats sont plus consensuels sur la nécessité de durcir la discipline budgétaire commune en Europe, incarnée par le Pacte de stabilité.
Les dirigeants de l'UE devraient ainsi lors de leur sommet accepter de faire examiner au niveau euro-péen à partir de 2011 leurs projets de budgets nationaux au printemps de chaque année, avant qu'ils ne soient adoptés par leurs parlements, selon leur projet de déclaration finale.
Ils prévoient aussi la création de nouvelles sanctions "progressives" pour les mauvais élèves, ou a contrario "d'incitations" financières pour les bons élèves.
AFP/VNA/CVN