Quang Ninh
Thuong : "Il faut croire en ses rêves"

Victime de l’agent orange/dioxine, Pham Thi Hoài Thuong, 26 ans, domiciliée dans la ville de Ha Long, croît en ses rêves et fait tout pour les réaliser. Elle est maintenant étudiante d’une université à Hanoï.

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Pour écrire,Thuong doit être allongée sur le ventre.

Aux examens de fin d’études en 2018 du lycée de Hon Gai, ville de Ha Long, province de Quang Ninh (Nord), Pham Thi Hoài Thuong, une jeune femme mesurant moins d’un mètre et pesant seulement une vingtaine de kilos, n’est pas passée inaperçue. Handicapée des jambes, ne pouvant marcher, elle a été amenée dans la salle d’examen par des amis et des enseignants. Elle a bénéficié d’une table et d’une chaise spéciales.

Comme un tournesol tourné vers le soleil

Surmontant ses douleurs et ses propres complexes, Thuong est devenue étudiante à la Faculté de comptabilité de l’Université ouverte de Hanoï (programme de l’enseignement à distance).

"Tout le monde a des rêves, pour moi, c’est étudier, apporter ma force et mon intelligence et devenir une personne utile pour la société. Et surtout, partager les difficultés avec ma mère", partage-t-elle.

"Thuong est la 3e génération d’une famille infectée par l’agent orange. Son grand-père, un conducteur de camion de la fameuse piste Hô Chi Minh, est décédé d’un cancer à cause des séquelles de la dioxine. En 2017, elle a perdu son jeune frère, également atteint des séquelles de ce poison", raconte sa mère Pham Thi Nhiêu.

En raison d’un lourd handicap et d’une mauvaise santé, depuis son enfance, Thuong n’a pas pu aller à l’école comme les enfants de son âge. "Je devais demander d’anciens livres pour lui enseigner les bases car je ne voulais pas la voir défavorisée", poursuit Mme Nhiêu.

Ses études ont été très difficiles, notamment parce que pour écrire, elle doit être allongée sur le ventre. "Malgré tout, Thuong n’a jamais négligé ses études. Grâce à sa famille, à ses enseignants et amis, elle a pu régulièrement aller à l’école", ajoute-t-elle.

Au cours des 12 ans du programme d’enseignement général, Thuong a été une bonne élève. Elle a toujours été mentionnée par ses amis et ses enseignements comme un brillant exemple de surmonter le destin et d’obtenir de bons résultats scolaires.

Chez elle, en plus de livres, il y a de nombreux satisfecit soigneusement rangés dont un titre de "Bon enfant de l’Oncle Hô", des certificats de nombreux concours d’écriture, de mathématiques au niveau provincial… Ils reflètent les efforts incessants et la détermination farouche de cette étudiante handicapée pour faire face au sort.

Thuong aime beaucoup les paroles d’une chanson : "Je vis comme cette fleur. Parfumer la vie. Se dévouer à la vie. Même si c’est dur aujourd’hui, demain sera un jour meilleur. Je vais écrire l’histoire de ma propre vie".
"Parfois, je ne peux pas m’empêcher d’être déprimée, mais ces paroles résonnent toujours dans mon esprit, comme si elles me poussaient à continuer à faire des efforts pour atteindre mes objectifs"
, exprime Thuong.

Avec ses efforts, l’amour sans limite de sa mère, les encouragements de ses amis et de ses enseignants, Thuong s’est élevée comme les tournesols pour se tourner vers le soleil. "Mon rêve d’enfance était d’être psychologue, mais plus tard, j’ai décidé d’être comptable. Ce métier est adapté à ma situation car je peux travailler à domicile", confie-t-elle.

Une énergie extraordinaire

Surmontant sa douleur, Pham Thi Hoài Thuong est devenue étudiante à la Faculté de comptabilité de l’Université ouverte de Hanoï.

"Même si elle ne me l’a pas dit, je sais qu’elle m’aime beaucoup. Elle n’a jamais pleuré ou ne s’est jamais plainte. Face à son énergie extraordinaire avec le désir de faire beaucoup de choses pour m’aider, je ne peux retenir mes larmes. J’espère juste qu’elle restera en bonne santé pour réaliser son rêve", souhaite

sa mère.

Les cours en ligne, les examens, les dissertations de centaines et de milliers de mots n’ont jamais paru difficiles pour Thuong. "Quand je suis en bonne santé, je prends le temps de terminer mes leçons et devoirs, donc je ne suis jamais en retard. Le programme universitaire comporte de nombreuses matières difficiles, mais ce n’est pas un obstacle pour moi. J’ai juste peur qu’un jour mes mains seront plus raides ou que mon corps faiblira, ce qui affectera mes études…", fait savoir Thuong.

Actuellement, Thuong utilise une bourse remise par le vénérable Thich Thanh Lich, chef adjoint du Conseil d’administration de l’Église bouddhique de la province de Quang Ninh, pour payer ses frais scolaires. Un peu plus d’un an avant que Thuong n’obtienne son diplôme universitaire. Comme beaucoup d’autres étudiants prêts à entrer dans la vie active, elle est à la fois pleine d’espoir mais aussi inquiète.

"Je vais faire encore plus d’efforts pour décrocher mon diplôme avec la mention assez bien, qui m’aiderait à avoir un avenir meilleur. On ne choisit pas de naître mais on peut choisir sa façon de vivre et son destin. Pour moi, c’est devenir une personne utile à ma famille et à la société. J’espère également que les gens malchanceux comme moi seront toujours optimistes, forts et croiront toujours en un avenir meilleur".

Texte et photos : Huong Linh - QN/CVN

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