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L’espace piéton du lac Hoàn Kiêm à Hanoï. |
Photo : VNA/CVN |
Le terme "Industries culturelles" est apparu pour la première fois dans La Dialectique de la raison (Dialectic of enlishtenment), un livre écrit par deux philosophes allemands, Theodor W. Adorno et Max Horkheimer, et publié à Amsterdam en 1947. L’UNESCO les définit aujourd’hui comme les industries qui touchent à la fois la création, la production et la commercialisation de contenus culturels et immatériels. Ces contenus sont généralement protégés par le droit d’auteur et ils peuvent s’apparenter à un bien ou à un service. D’ordinaire, les industries culturelles incluent l’édition imprimée et le multimédia, la production cinématographique audiovisuelle et phonographique, ainsi que l’artisanat et le design.
La notion "Industries culturelles" reste pour une large part encore étrangère au Vietnam. Ces dernières années, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme comme les professionnels ont commencé à s’y intéresser. Les industries culturelles, définies par le gouvernement vietnamien, se composent de 12 secteurs : publication, architecture, logiciel et jeux de divertissement, artisanat, design, cinéma, édition, mode, arts de représentation/spectacle, beaux-arts, photographie et exposition, télévision et radio, et enfin, tourisme culturel.
Des défis à relever
Le projet de Stratégie nationale de développement de la culture d’ici 2030 s’est fixé pour objectif de faire de la culture un solide fondement spirituel de la société, une force interne vitale qui participera au développement durable du pays. Dans la poursuite de cet objectif, le rôle des industries culturelles apparait comme fondamental. Elles devraient contribuer à 7% du PIB en 2030.
"La capitale Hanoï possède de grands potentiels pour développer les industries culturelles, grâce à son histoire millénaire et son patrimoine (ndlr : villages d’artisans, musées, théâtres et troupes artistiques). Cependant, ce potentiel est encore sous-exploité", a souligné Nguyên Van Phong, secrétaire adjoint du Comité municipal du Parti.
L’espace d’art public dans la rue Phùng Hung, à Hanoï. |
Photo : VNA/CVN |
Les limites actuelles notables sont de plusieurs ordres : le manque d’une base de données et d’informations spécialisées pour l’industrie culturelle ; l’absence de compétences professionnelles et managériales en la matière et des mécanismes d’investissement encore trop peu développés. En somme, Hanoï manque toujours d’un véritable "écosystème" dans lequel les industries culturelles et créatives pourraient se développer. Il s’agit d’un domaine nouveau qui nécessite une rupture dans la formation des ressources humaines et le montage des politiques d’investissement.
Par conséquent, le nombre de projets liés aux industries culturelles reste faible. À l’heure actuelle, seules les petites entreprises se sont engagées dans la production et la fourniture de produits culturels. Terrain encore inconnu, les grandes entreprises du secteur privé manquent de mécanismes et de ressources pour le développement.
Hanoï, une ville créative
"La première mission du développement de l’industrie culturelle est de construire la marque d’une ville créative", a déclaré Lê Quôc Vinh, président du club des entrepreneurs créatifs vietnamiens. Il comprend des espaces créatifs, des œuvres culturelles publiques ou encore des arts de rue.
Selon lui, la capitale doit promouvoir les valeurs matérielles et immatérielles en mettant en œuvre des activités et des événements pour les résidents et les visiteurs, en leur offrant des expériences dans divers domaines tels que les beaux-arts, la photographie, l’architecture, etc.
Il est important d’utiliser les ressources sociales pour favoriser la concurrence entre les unités artistiques publiques et privées et élaborer des politiques visant à encourager la participation de tous.
"Dans l’optique de promouvoir le développement des industries culturelles, la ville se concentrera sur un certain nombre de tâches telles que la création d’un environnement et de politiques favorables, l’amélioration des infrastructures, des installations et un écosystème culturel créatif avec un marché culturel et un système éducatif favorable aux valeurs culturelles traditionnelles comme modernes", a dévoilé Nguyên Van Phong.
D’après lui, c’est un travail de longue haleine qui demande beaucoup d’investissements. La ville a élaboré une stratégie pour développer l’industrie culturelle à réaliser par étapes avec des tâches spécifiques à chacune.
Ces dernières années, Hanoï a organisé avec succès de nombreux festivals de grande envergure et des événements dans les domaines des industries culturelles et créatives telles que le Festival international du Film de Hanoï, les festivals de rue et de musique Monsoon.
La ville a également développé des espaces artistiques culturels et communautaires créatifs qui impressionnent à la fois la population locale et les visiteurs internationaux, notamment l’Espace piéton du lac Hoàn Kiêm ou l’espace d’art public dans la rue Phùng Hung.
À cela s’ajoutent un développement actif et fort d’entreprises privées et d’un contingent d’experts culturels, qui contribuent à l’amélioration de la qualité des créations culturelles et artistiques de Hanoï.
Avec la reconnaissance de "Ville pour la paix" par l’UNESCO, Hanoï est devenue un centre politique, économique et culturel rayonnant. Avec son statut croissant à l’échelle internationale, son fort développement et la préservation des valeurs traditionnelles, elle souhaite devenir dans un proche avenir un modèle de développement économique et culturel dans la région Asie-Pacifique. Les dirigeants de la ville se sont engagés à créer un environnement et un écosystème favorables à l’innovation et au développement des industries culturelles.