"Si notre candidat l'emporte, nous lui demanderons de former un gouvernement de partenariat national avec la participation de toutes les parties", a dit Hassan Nasrallah lors d'un bref discours télévisé sur un ton conciliant.
"Toutes les déclarations selon lesquelles le Hezbollah envisage d'instaurer un gouvernement iranien ou chiite sont une déformation, elles sont trompeuses et totalement fausses", a-t-il dit, insistant : "Nous respectons le droit de chacun à la représentation". Hassan Nasrallah n'a pas annoncé qui serait le candidat de son bloc.
Il a assuré qu'Omar Karamé, déjà deux fois Premier ministre, était le premier choix, avant de préciser : "Omar Karamé m'a contacté et nous a remerciés mais il a dit qu'il était âgé, qu'il n'était pas en très bonne santé et qu'il préférait que nous trouvions un autre candidat".
L'ancien dirigeant libanais Najib Mikati, député du camp Hariri, quant à lui, a présenté sa candidature au poste de Premier ministre, au moment où la bataille pour la primature fait rage au Liban entre le camp du chef du gouvernement en exercice Saad Hariri et celui du Hezbollah.
Ce discours intervient à quelques heures du début des consultations du président libanais Michel Sleimane avec les groupes parlementaires, afin de nommer un Premier ministre pour remplacer Saad Hariri, dont le gouvernement d'union nationale s'est effondré le 12 janvier après la démission des ministres du camp du Hezbollah.
Pour autant, ces consultations, prévues initialement à partir du 17 janvier, pourraient être encore retardées, alors que des pays de la région cherchent à apaiser les tensions politiques.
Le 23 janvier, le chef par intérim de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, est arrivé à Damas pour des entretiens qui doivent porter le 24 janvier sur le Liban notamment, selon une source diplomatique dans la capitale syrienne.
Le camp de M. Hariri, soutenu par l'Occident, et celui du Hezbollah, soutenu par l'Iran et la Syrie, s'affrontent depuis des mois au sujet du tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat en 2005 du dirigeant libanais Rafic Hariri, père de Saad, dans lequel le Hezbollah s'attend à être mis en cause.
La coalition menée par M. Hariri dispose de 60 sièges sur les 128 du parlement, contre 57 pour le camp du Hezbollah, qui refuse un nouveau mandat de Saad Hariri.
Le député druze Walid Joumblatt s'est rangé le 21 janvier du côté de la Syrie et du Hezbollah. Mais rien ne garantit qu'il entraîne avec lui suffisamment de députés de son bloc pour permettre au Hezbollah d'imposer son candidat.
Saad Hariri a quant à lui confirmé sa candidature "en dépit des intimidations". "Nous ferons tout notre possible (...) pour assurer les voix nécessaires" à la reconduction de M. Hariri, a déclaré le 22 janvier le chrétien Samir Geagea, chef des Forces libanaises.
Allié clé du Hezbollah, le chrétien Michel Aoun, a déclaré le 23 janvier que les députés de Tripoli, Mohammed Safadi et Najib Mikati pourraient également être candidats au poste de Premier ministre, qui doit revenir à un musulman sunnite. Les deux hommes avaient été élus au parlement en tant qu'alliés de Saad Hariri en 2009.
La crise politique actuelle ravive le spectre des violences confessionnelles de mai 2008, quand des combats entre sunnites et chiites avaient fait une centaine de morts et mené le pays au bord de la guerre civile.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a estimé le 23 janvier que le Liban était dans une "situation dangereuse".
En Israël, le vice-Premier ministre, Sylvan Shalom, a affirmé qu'un gouvernement dirigé par le Hezbollah serait un "développement très, très dangereux, car nous aurions en fait un gouvernement iranien à la frontière nord d'Israël".
AFP/VNA/CVN