Quatre ministres -trois syndicalistes et le président du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL)- ont démissionné du gouvernement d'union nationale, formé lundi, en raison de la présence de caciques du parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali aux postes clés du gouvernement.
"Je m'engage à ce que le gouvernement de transition conduise une rupture totale avec le passé", a déclaré le 19 janvier M. Mebazaa à la télévision d'État. Il s'agissait de sa première intervention publique depuis qu'il assure l'intérim de la présidence. Le président s'est engagé à "satisfaire toutes les aspirations légitimes du soulèvement pour que se réalise cette révolution de la liberté et de la dignité".
Il a notamment promis une prochaine "amnistie générale", la "liberté totale d'information", "l'indépendance de la justice" et "la séparation entre l'État et le parti", en référence au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali, symbole de corruption et de répression dont des manifestants exigent chaque jour depuis le 14 janvier le bannissement de la vie politique.
La mainmise de membres du RCD sur les postes clés du gouvernement (Intérieur, Défense, Affaires étrangères, Finances, notamment) avait provoqué la démission mardi des trois ministres issus de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), puis celle le 19 janvier d'un chef de l'opposition.
"Il nous est impossible de participer à un gouvernement qui intègre des symboles de l'ancien régime", a répété le 19 janvier le secrétaire général de la centrale, Abdessalem Jrad.
Le nouveau ministre tunisien du Développement rural s'est de son côté engagé le 19 janvier à démissionner si des "élections libres et justes" n'étaient pas organisées dans les prochains mois. Dans une interview à la BBC, Ahmed Nejid Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP), s'est en outre prononcé en faveur de l'introduction d'un islam modéré dans la vie politique tunisienne.
À Washington, le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, a affirmé que le gouvernement tunisien doit organiser la transition vers la démocratie, ajoutant que les États-Unis comptent aider la Tunisie à atteindre cet objectif. À Tunis, des unités anti-émeutes de la police ont étroitement encadré une manifestation de quelque 2.000 personnes, dans le centre ville, mais ne sont pas intervenus pour les disperser.
Des manifestations identiques ont rassemblé des milliers de personnes en province, notamment à Sidi Bouzid, Regueb, Kasserine, et Thala. Ces localités, dans le centre du pays, ont été au coeur de la "Révolution du jasmin" qui, en un mois d'émeutes populaires, a balayé le régime autocratique de Ben Ali.
Ce soulèvement a fait, selon le gouvernement, 78 tués et 94 blessés. Mais le Haut commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Navi Pillay, a donné le 19 janvier un bilan d'au moins 100 morts.
AFP/VNA/CVN