Le principe d'une taxation est acquis, a-t-on affirmé de source gouvernementale le 23 août, à la veille de l'annonce du plan d'austérité français.
Dès le printemps, alors qu'il réduisait l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et abrogeait le bouclier fiscal (qui plafonne le montant de l'imposition à hauteur maximum de 50% des revenus), le gouvernement s'était engagé à taxer les rémunérations "extravagantes" de certains grands patrons.
Depuis, les experts planchent sur cette mesure que l'exécutif, abondamment accusé par l'opposition de gauche de favoriser les riches, entend mettre en exergue pour démontrer son souci de l'équité fiscale.
Dans le sillage du milliardaire américain Warren Buffett, seize très grandes fortunes françaises se sont dites prêtes le 23 août à apporter une "contribution exceptionnelle" mais "raisonnable" à la réduction de la dette.
Mais "les modalités ne sont toujours pas définies", assure-t-on au ministère de l'Économie, pas plus que le taux de la nouvelle imposition, son caractère pérenne ou limité dans le temps, ou le seuil de revenus à partir duquel elle s'appliquera. Or, selon le niveau où les curseurs seront placés, cette taxe sera cosmétique ou conséquente.
"Cacahouètes"
Une taxation des entreprises qui distribuent des rémunérations exagérées, initialement envisagée, semble avoir été délaissée car trop complexe et peu efficace. Exit aussi la création d'une nouvelle tranche d'impôt à 45% ou 46% pour les revenus supérieurs à 100.000 ou 150.000 euros, chère à une partie de la majorité mais dont le président Nicolas Sarkozy ne veut pas.
L'hypothèse privilégiée est une nouvelle taxe visant les "ultra-riches", de 1% ou 2% sur les revenus dépassant un million d'euros par an. Cela concernerait 30.000 foyers et rapporterait 150 à 300 millions.
"C'est des cacahouètes!", s'emporte l'économiste Thibault Gajdos. "Ce n'est pas à la hauteur des enjeux budgétaires et c'est presque pire que de ne rien faire, car le gouvernement va se donner bonne conscience pour pas cher".
Moins sévères, d'autres économistes ne débordent pas pour autant d'enthousiasme pour la mesure envisagée. "Une telle taxe, c'est avant tout symbolique, et les symboles, c'est aussi important", estime Jacques Delpla. Même son de cloche chez Christian Saint-Étienne, qui y voit " une vraie taxation" mais "qui ne concerne pas grand monde et ne rapporte pas grand-chose" et s'avère donc "cosmétique".
AFP/VNA/CVN