Football : reconstruire la V-League pour rêver plus grand

Sans un championnat national compétitif, vivant et attractif, les rêves de grandeur du football risquent de s’évaporer. C’est en relevant le défi de la V-League que le Vietnam retrouvera l’élan et l’ambition nécessaires pour briller à nouveau sur la scène régionale et au-delà.

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Le FC Thép Xanh Nam Dinh sacré au Championnat national de football, le 22 juin à Ninh Binh (Nord).
Photo : VNA/CVN

Le rideau est tombé sur la saison 2024-2025 du Championnat national de football (V-League). Le club Thép Xanh Nam Dinh conserve son titre pour la deuxième année consécutive, tandis que le FC Binh Dinh fait ses adieux à l’élite. Sur le plan du jeu, l’exercice laisse un goût d’inachevé et soulève de nombreux points à rectifier.

Un rythme poussif, un spectacle en berne

Le temps de jeu effectif moyen n’a pas dépassé les 55 minutes par match. Le constat est sans appel pour Trân Anh Tu, vice-président de la Fédération vietnamienne de football (VFF) : “Les joueurs perdent trop de temps, le ballon roule trop peu, la qualité des rencontres s’en ressent.”

Le mal est connu, mais rien ne bouge. À titre de comparaison, la Premier League d’Angleterre, souvent critiquée pour ses “petits jeux”, a su élever son ballon actif sur le terrain à 57-58 minutes sur les deux dernières saisons, soit 63 à 64% du temps réglementaire.

Ce déficit d’intensité pèse lourd sur l’équipe nationale. Lors des éliminatoires de la Coupe d’Asie 2027, les joueurs vietnamiens, habitués à un tempo posé, ont calé face à la vivacité et au pressing constant de la Malaisie. Pour que la sélection dirigée par Kim Sang-sik puisse hausser le curseur, il devient impératif de relever le niveau de la V-League.

Autre frein : l’utilisation hésitante de la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) , introduite cette saison dans la plupart des rencontres. Les arbitres, peu rompus à l’outil, multiplient les arrêts et peinent à prendre des décisions fluides. Un chantier de plus pour espérer franchir un cap vers le professionnalisme.

La saison 2024-2025 marque le 25e anniversaire du lancement du football professionnel au Vietnam.
Photo : VNA/CVN

Après la désillusion contre la Malaisie, la VFF a tranché : pas question de recourir massivement à la naturalisation. Le président Trân Quôc Tuân l’a martelé : “Notre priorité, c’est la progression par nos propres forces. Les renforts étrangers, oui, mais avec discernement, pas à la chaîne comme en Malaisie ou en Indonésie”.

Le choix est audacieux, mais c’est aussi la voie suivie par les références asiatiques que sont le Japon ou l’Ouzbékistan, qui ont mis des décennies à bâtir leur socle. La question reste entière : le Vietnam saura-t-il faire preuve de la même patience stratégique à l’heure où la concurrence régionale s’arme à coup de naturalisations ?

La clé, répète la VFF, reste la montée en gamme de la V-League. Mais sur le terrain, le championnat stagne : calendrier incohérent, enchaînement de matches puis longues pauses, débats sans fin sur la programmation… Sans régularité, sans rythme, difficile de progresser.

Nulle part ailleurs un championnat ne s’interrompt près de trois mois pour laisser place aux compétitions de jeunes comme les Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games) ou le tournoi U23 asiatique. Pour grandir, la V-League a besoin de constance et de continuité. Et pour gagner en qualité, il faut attaquer sur tous les fronts : joueurs, arbitres, pelouses, tout doit monter en puissance, en même temps.

Former, accélérer et transformer

Le salut passera par la formation. Les clubs doivent investir dans les jeunes, mettre l’accent sur l’endurance et la vitesse, pour que la relève puisse rivaliser au niveau attendu. Mais le changement doit aussi venir des joueurs eux-mêmes : sans évolution dans le mental et le jeu, l’écart avec les voisins ne fera que se creuser.

On se souvient d’une époque où l’ambition de disputer un jour la Coupe du Monde galvanisait tout le pays. La V-League était alors un vivier de talents, une arène où la concurrence faisait rage. À mesure que l’intensité hebdomadaire s’est émoussée, la sélection a sombré dans la routine… et les échecs se sont enchaînés.

La VFF ne peut plus se permettre de laisser la V-League glisser vers l’anonymat, tout en espérant que la sélection nationale portera, à elle seule, les espoirs d’un pays. Pour bâtir un football durable, il faut s’appuyer sur un championnat fort, retrouver une identité, de la régularité et une vraie adversité, pour forger l’esprit de compétition et la combativité des joueurs.

La jeunesse vietnamienne, elle, ne s’y trompe pas. Face à une offre de divertissements toujours plus riche, beaucoup préfèrent désormais consacrer deux heures à un match de basket, d’arts martiaux mixtes (MMA) ou de pickleball, bien plus rythmés, voire passer quatre ou cinq heures à un concert. La raison est simple : ailleurs, le spectacle est garanti, l’ennui aux abonnés absents.

Phuong Nga/CVN

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