Encourager le rôle de pilier des femmes issues de groupes minoritaires

Les femmes issues de minorités ethniques affirment de plus en plus leur capacité à contribuer à l’économie familiale et locale. Leur position dans la communauté s’améliore et elles gagnent progressivement en reconnaissance au sein de la société.

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Chez les Muong, le tissage se transmet de génération en génération. 
Photo : Nam Suong/VNA/CVN

Selon le Dr. Đào Đoan Hùng, directeur du Département de recherche de la Commission centrale de mobilisation auprès du peuple du Parti, au sein des groupes ethniques minoritaires, les femmes, qui représentent plus de la moitié de la main-d’œuvre, jouent un rôle essentiel dans l’économie. Elles participent activement à la production et à la gestion des finances familiales.

D’après la Pr. agrégée-Dr. Ðang Thi Hoa de l’Académie vietnamienne des sciences sociales, avec l’agriculture comme principale source de production, les ménages des minorités ethniques consacrent beaucoup d’efforts et de temps à ces activités. Toutefois, la charge du travail principal repose largement sur les femmes, en particulier chez les H’mông. Elles cultivent des légumes dans les champs, récoltent des champignons et d’autres plantes en forêt, s’occupent du bétail…

Réduire l’écart entre les sexes

Les femmes de minorités ethniques travaillent dur pour subvenir à leurs besoins, tout en assumant une grande part des responsabilités domestiques. Elles sont en charge de la plupart des tâches ménagères, des soins de leurs parents âgés à l’éducation de leurs enfants, des travaux qui ne sont pas rémunérés. Dès leur jeune âge, les filles aident déjà leur mère en gardant les buffles, en ramassant du bois de chauffage, et même en s’occupant des bébés.

Dans un article publié au magazine en ligne Lý luân chính tri (Théorie politique), le Pr.-Dr. Nguyên Huu Minh de l’Institut d’études sur la famille et le genre (IFGS), relevant de l’Académie des sciences sociales du Vietnam, a présenté des données selon lesquelles, en moyenne, les femmes issues de minorités ethniques doivent effectuer 1,5 fois plus de tâches ménagères que les hommes. Par conséquent, elles assument un “double rôle”, en tant qu’à la fois principale contributrice aux activités de production et responsables des tâches domestiques.

Les femmes issues de minorités ethniques doivent effectuer 1,5 fois plus de tâches ménagères que les hommes.
Photo : CTV/CVN

Malgré leur rôle important et leurs contributions significatives, elles n’ont pas le droit de prendre des décisions finales concernant les activités de production et l’éducation des enfants. Les hommes conservent le pouvoir décisionnel sur la plupart des questions familiales, tandis que les opinions des femmes sont généralement uniquement consultatives.

Selon une étude de la Banque mondiale menée en 2005 sur les conditions socio-économiques et les questions de genre dans les régions hydroélectriques, les femmes H’mông, La Hu et Hà Nhi travaillent quotidiennement aux champs, portent du bois de chauffage sur leur dos l’après-midi, et tissent du lin le soir. Malgré la pénibilité de leurs tâches, elles n’ont pas le droit de prendre des décisions importantes qui sont l’apanage des hommes.

Il existe encore des inégalités liées au genre chez les minorités ethniques. Il est donc essentiel de réduire l’écart entre les hommes et les femmes dans tous les aspects de la vie, notamment dans le domaine économique, qui joue un rôle crucial. Le renforcement de la position économique des femmes au sein de la famille et de la société est une solution efficace pour promouvoir l’égalité des sexes. Lorsque les femmes affirment leur capacité à contribuer à l’économie familiale et à la communauté locale, leur position s’améliore progressivement au sein de la société.

Il faut mener des campagnes de sensibilisation pour éliminer les préjugés liés au genre. Les femmes ne devraient plus être cantonnées aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants, au détriment de leurs opportunités professionnelles. Cette perception constitue un obstacle majeur qui empêche les femmes des minorités ethniques de se lancer dans des entreprises. Elles craignent l’échec, sans recevoir le soutien et de leur famille et de la société”, a partagé Ðinh Thi Huyên, directrice du Centre de coopération pour le développement du Nord-Ouest de la province de Hoà Binh (Nord).

Des résultats encourageants

L’histoire des femmes Vân Kiêu de la commune de Tà Rut, district de Đakrông, province de Quang Tri (Centre), mériterait d’être largement diffusée afin d’inspirer et d’encourager d’autres femmes à secouer le joug des traditions trop pesantes.

La commune de Tà Rut est dotée d’une variété indigène de banane particulièrement précieuse. À maturité, cette espèce présente des caractéristiques uniques : elle est très souple, parfumée, la chair est jaune, le goût sucré, le fruit ferme et la peau épaisse. Les bananes naines de cette variété sont également utilisées dans la production de confiseries et de confitures, ce qui leur confère une grande valeur.

Les femmes des ethnies minoritaires participent activement à l’économie familiale. 
Photo : CTV/CVN

Quinze femmes Vân Kiêu de Tà Rut ont collaboré pour élaborer le projet “Restauration des variétés de bananes naines indigènes” afin de participer au 3e concours “Preuve de concept” ayant pour thème “Les femmes et l’avenir de l’économie verte”. Cette manifestation était organisée par l’Union des femmes du Vietnam, en collaboration avec le ministère des Sciences et des Technologies.

Le concours a rassemblé 751 idées provenant de femmes de tout le pays. Après avoir suivi une phase de pré-incubation et fait face au jury, l’idée du groupe de femmes Vân Kiêu de la commune de Tà Rut a été sélectionnée parmi les 35 initiatives récompensées, bénéficiant d’un soutien financier total de 150 millions de dôngs.

L’idée a été mise en œuvre en juillet 2019, avec la création d’une coopérative de culture de bananes naines composée de 15 membres. À partir de 1.800 plants, l’établissement en compte aujourd’hui 7.500, dont les deux tiers ont déjà été récoltés. Les revenus issus de la vente de bananes ont dépassé les 500 millions de dôngs.

Ce modèle ne se contente pas de créer des emplois et de générer des revenus ; il a également renforcé la volonté des femmes Vân Kiêu de prendre en main leur destin économique, d’enrichir leur famille et leur communauté, tout en motivant d’autres femmes à se lancer.

En développant des modèles visant à soutenir la production et à améliorer l’emploi, les revenus et la qualité de vie des femmes issues de minorités ethniques, l’Union des femmes du Vietnam de tous les niveaux joue un rôle essentiel. Les associations des femmes sont au cœur du travail de sensibilisation et de mobilisation des membres pour y participer. Elles guident les femmes de minorités ethniques pour qu’elles puissent accéder aux prêts préférentiels de la Banque des politiques sociales grâce à des groupes d’épargne et de crédit. De plus, elles organisent des cours de formation professionnelle, de conseil et de création d’emplois pour les femmes. Ces associations encouragent également la création de coopératives dans des domaines tels que la production, la transformation, la culture, l’achat de produits agricoles, forestiers, aquatiques, l’artisanat et le tourisme communautaire.

Enfin, elles promeuvent la création de forums et de concours pour les idées d’entreprises, ainsi que l’organisation de dialogues politiques visant à soutenir les entreprises créées par des femmes issues de minorités ethniques.

Mai Huong/CVN

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