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Photo : VNA/CVN

Le rêve de faire connaître au monde les plantes médicinales des montagnes est en train de se réaliser grâce à Trân Anh Xuân et aux habitants du hameau de Sa Séng, dans la commune de Ta Phin, province montagneuse de Lào Cai (Nord).

Leur coopérative a mené avec succès des recherches et développé près de 20 produits à base de la périlla de Ta Phin, qui ont trouvé leurs clients et génèrent des revenus de plusieurs milliards de dôngs par an. La zone de culture ne cesse de s’étendre, créant ainsi des emplois à des centaines de travailleurs locaux.

Valoriser la périlla locale

Ta Phin est renommée comme le berceau des herbes médicinales des montagnes du Nord, avec des remèdes précieux des groupes ethniques locaux, en particulier les Dao. Possédant une variété d’herbes rares dans les vastes montagnes et forêts, les Dao ont su exploiter ces dons de la nature pour la santé.

Après avoir obtenu son diplôme de l’Université d’agronomie de Hanoï en 2014, Trân Anh Xuân, une femme de 33 ans originaire de la province septentrionale de Thái Binh, a pris la décision de déménager dans la commune de Ta Phin, province de Lào Cai, pour y vivre et créer sa propre entreprise.

Parallèlement à ses activités quotidiennes, M^me Xuân, passionnée par la flore, passe la majeure partie de son temps à explorer la forêt et à en apprendre davantage sur les plantes et les herbes. Par hasard, elle a découvert qu’à Ta Phin, il existe une variété indigène de périlla rouge extrêmement précieuse, caractérisée par des feuilles plus foncées contenant une teneur exceptionnelle en huile essentielle, trois à cinq fois plus que la périlla normale de plaine, ainsi qu’une teneur plus élevée en antioxydants.

“Les caractéristiques exceptionnelles de cette variété s’expliquent par le fait que Ta Phin est située à une altitude de 1.450 à 1.500 m, ce qui en fait un endroit idéal pour cultiver une périlla riche en huile essentielle de qualité”, explique M^me Xuân.

Elle a commencé à cultiver cette plante médicinale en 2018 sur une superficie de 3.000 m² sur les flancs de la montagne Sân Bay, dans le village de Sa Séng.

“Au début, personne dans ma famille ni parmi mes proches ne soutenait cette initiative”, se souvient-elle. “Les gens disaient que si chaque famille cultivait de la périlla, personne ne l’achèterait. Jusqu’à présent, personne n’était devenu riche grâce à cette plante”. Cependant, malgré ces avertissements, elle était déterminée à poursuivre son projet.

M^me Xuân et six villageoises ont fondé la coopérative Sapa Secrets, adoptant un modèle de production fermé, axé sur la culture, et visant à produire des articles à base de périlla rouge.

Les femmes d’ethnie Dao travaillent comme ouvrières saisonnières pour la coopérative Sapa Secrets pendant la saison des récoltes.

Photo : VNA/CVN

Au départ, la coopérative embauche des villageois pour cultiver les plantes médicinales sur leurs terres et s’engage à les acheter. Après seulement trois ans, M^me Xuân avait aménagé un terrain de 3 ha produisant 15 produits à base de périlla rouge, tels que thé, extraits, huile essentielle, nettoyant pour le visage, du gel douche, etc.

Face à l’efficacité de la culture de la périlla, de nombreux autres foyers locaux ont commencé à en cultiver pour approvisionner la coopérative.

“Pendant la pandémie de COVID-19, la demande a consi-dérablement augmenté. Le thé à la périlla, les extraits et l’huile essentielle que nous produisons ont rapidement été épuisés. Cela nous a incités à augmenter la superficie de culture, passant de 3.000 m² à 3 ha, 10 ha et 30 ha en 2021, 2022 et 2023 respectivement”, explique-t-elle.

Actuellement, avec 30 ha, la coopérative cultive trois principales variétés de périlla indigène : à feuilles entièrement violettes, à feuilles vertes et violettes, et à feuilles blanches. Chaque variété donne naissance à une gamme de produits différents.

Grâce à un processus de pro-duction méticuleux et à des zones de matières premières répondant aux normes de bonnes pratiques agricoles nationales VietGap, les produits de la coopérative se vendent bien dans de nombreuses provinces et villes du pays.

Répandre le parfum des herbes médicinales

Emballage des produits périlla dans la coopérative Sapa Secrets.

Photo : VNA/CVN

Le chiffre d’affaires de la coopérative au cours des huit premiers mois de cette année s’élève à 3 milliards de dôngs (plus de 125.000 USD), ce qui équivaut aux revenus de l’ensemble de 2022. Pendant la saison des récoltes, la coopérative doit embaucher de nombreux travailleurs locaux.

Phan Ta May, une habitante du village de Sa Séng, travaille comme ouvrière saisonnière pour la coopérative depuis de nombreuses années et dit que ce travail n’est pas trop dur et bien payé, de l’ordre de 250.000 dôngs (10 USD) par jour. “Ce travail apporte un revenu supplémentaire à ma famille, donc je n ’ai plus à me soucier des médicaments et des frais de subsistance comme avant”, fait-elle savoir.

Cette année est la première année où la famille de Ly Man Mây, du village de Se Séng, coopère avec Sapa Secrets. En une semaine, après cinq récoltes, sa famille a récolté environ une tonne de feuilles, rapportant 15 millions de dôngs (626 USD). “La culture de la périlla apporte quatre à cinq fois plus que celle du maïs. Et les plantes sont faciles à faire pousser”, déclare-t-elle.

Avec un modèle de production fermé, la cheffe de la coopérative Xuân crée progressivement un écosystème circulaire où chacun bénéficie directement du modèle. Des six membres fondateurs, la coopérative en compte désormais une centaine.

La coopérative crée des emplois réguliers pour 15 travailleurs locaux payés de 7 à 9 millions de dôngs (291 à 375 USD) par mois et des emplois quotidiens pour 60 femmes à 250.000 dôngs par jour.

La coopérative soutient 30 ménages pauvres cultivant la périlla en leur fournissant des semences, en transférant les techniques et les processus de récolte, et en achetant toute la production.

M^me Xuân détermine que l’objectif durable de la coopérative Sapa Secrets est de développer des zones de culture répondant aux normes de production biologique, d’appliquer la technologie moderne dans la transformation et de continuer à rechercher et à développer des produits à base d’huiles essentielles naturelles, créant ainsi des moyens de subsistance pour les habitants de Ta Phin, en particulier pour les femmes.

À l’heure actuelle, les produits de la coopérative, à savoir les huiles essentielles et le thé, ont retenu l’attention des clients étrangers, mais l’approvisionnement en matières premières n’est pas suffisant pour répondre aux commandes.

Quintessence de la nature

Produits à base de la périlla.

Photo : CTV/CVN

“Récemment, des clients japonais nous ont commandé de grandes quantités d’huiles essentielles. Pour répondre à ces commandes, dans un avenir proche, nous devrons étendre la superficie à des milliers d’hectares”, informe-t-elle.

Choisir Sa Pa pour démarrer une coopérative, vivre et travailler avec les habitants des montagnes lui apporte beaucoup de joie mais c’est aussi un chemin difficile. M^me Xuân se rappelle : “Dès les premiers jours de mon arrivée à Ta Phin, j’ai été confrontée à de nombreuses difficultés liées à la langue, aux coutumes et à la météo. Mais maintenant, je suis acceptée comme une locale et les villageois m’appellent Xuân Perilla. Peu importe d’où vous venez. Peu importe que le point de départ soit haut ou bas. Réussir vite ou lentement n’a pas d’importance. Ce qui est important, c’est d’apporter des valeurs fondamentales à ceux qui vous entourent”.

Sapa Secrets est la quintessence de la nature de Sa Pa et aussi le rêve de M^me Xuân et des membres de la coopérative de faire des herbes de Ta Phin des produits uniques de Sa Pa mais aussi d’aider les autochtones à en bénéficier et leur permettre de prospérer sur leur terre.

VNA/CVN