"Ils (les opposants) doivent déposer les armes. Ils pourront par la suite participer au processus politique", a déclaré le 5 avril le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaïm.
Tout en soulignant que le Conseil national de transition (CNT) formé par les opposants "ne représente pas la base populaire en Libye", il a expliqué qu' "il y aurait des garanties pour tout processus politique par le biais d'observateurs de l'Union africaine (UA) et de l'ONU capables de dissiper tout doute". Le prochain comité de l'UA sur la crise aura lieu en Libye "au cours de la semaine prochaine", a-t-il précisé.
Au même moment, le chef militaire des opposants, le général Abdel Fattah Younés, a accusé l'OTAN de "laisser mourir les habitants de Misrata", une ville située à l'est de Tripoli soumise à des bombardements des pro-Kadhafi depuis plus de 40 jours. "Si l'OTAN attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata", a-t-il dit. Selon cet ancien ministre de l'Intérieur du régime, rallié aux opposants en février, les habitants de Misrata sont menacés d'extermination au vrai sens du terme.
"L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits alimentaires, il n'y pas plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde", a-t-il ajouté.
Ces accusations d'une virulence sans précédent sont intervenues quelques heures après que l'Alliance atlantique, qui a pris le commandement des opérations militaires le 31 mars, a annoncé avoir fait de la défense de Misrata sa "priorité numéro un" et avoir mené le 4 avril 14 bombardements dans la région, y compris sur des défenses antiaériennes et des blindés des forces pro-Kadhafi.
Le 6 avril, l'OTAN a affirmé qu'elle allait "tout faire pour protéger les civils" de Misrata.
À l'autre bout du pays, des bombardements se poursuivaient le 6 avril près du site pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli), à environ 40 kilomètres d'Ajdabiya, selon les opposants. Les journalistes et les civils ne pouvaient se rendre sur place.
Pour le moment, "il n'y a pas de combats, seulement des pilonnages de part et d'autre", a déclaré Sherif Mohammad, un ancien soldat ayant rejoint les opposants, à un point de contrôle de la ville. "Nous arrêtons les jeunes qui viennent avec des armes. Qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire contre les tirs d'obus ?".
"C'était beaucoup mieux quand les États-Unis et la France (étaient en charge des opérations). Ils ont bombardé les forces pro-Kadhafi. L'OTAN ne fait que survoler la zone", a dénoncé de son côté Khaled Saleh, un ancien soldat également devenu opposant.
Le 5 avril, sur le front de Brega, les opposants avaient reculé d'une trentaine de kilomètres vers l'Est face aux coups de boutoir de l'armée loyaliste, selon un journaliste de l'AFP.
Le diplomate Chris Stevens, émissaire des États-Unis auprès des opposants, a entamé des consultations avec le CNT à Benghazi, fief des opposants dans l'Est.
Les États-Unis réfléchissent à la possibilité de reconnaître le Conseil comme interlocuteur légitime, comme l'ont fait la France, le Qatar et l'Italie.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a précisé que la prochaine réunion du Groupe de contact sur la Libye, créé à Londres il y a une semaine, se réunirait "peut-être le 12 ou 13 avril au Qatar".
AFP/VNA/CVN