M. Gbagbo, dont on ignorait où il se trouvait, "serait en négociations pour se rendre" , a déclaré sur la radio RFI, Ally Coulibaly, ambassadeur de M. Ouattara à Paris. "Je crois que Laurent Gbagbo est en vie actuellement. J'apprends qu'il serait en négociations pour se rendre" , a affirmé le diplomate.
La bataille d'Abidjan, engagée le 31 mars au soir par les forces pro-Ouattara, a changé de dimension avec l'entrée en scène le 4 avril des Nations unies et de l'ex-puissance coloniale, plus de quatre mois après le début d'une crise post-électorale qui a dégénéré en quasi-guerre civile.
Les forces de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) et la force française Licorne ont frappé à Abidjan les derniers bastions de Laurent Gbagbo, dont son palais et sa résidence, pour y détruire les armes lourdes.
Après avoir piétiné ces derniers jours face à la résistance acharnée des fidèles de M. Gbagbo, le camp Ouattara a donné l'"assaut final" dans la nuit de le 4 avril à le 5 avril. Le 5 avril avant l'aube, des tirs à l'arme lourde étaient entendus depuis le quartier du Plateau (Centre), resté ces derniers jours sous le contrôle du camp Gbagbo, et qui abrite le palais présidentiel.
Au moins un hélicoptère survolait ce quartier le 5 avril au matin, sans qu'il soit possible d'identifier à quelle force il appartenait. De violents combats se poursuivaient notamment autour de l'École de gendarmerie, dans le quartier de Cocody (Nord), a rapporté un habitant. "Les forces pro-Ouattara essaient d'entrer dans le camp" , a-t-il dit.
L'ONUCI et Licorne ont tiré le 4 avril dans l’après-midi sur les camps militaires d'Agban et d'Akouédo ainsi que sur des objectifs militaires au palais et à la résidence présidentielle.
Selon une source diplomatique, la télévision d'État RTI a aussi été visée par "un missile" et le signal a ensuite été coupé. "On a travaillé avec la force française Licorne" , a indiqué le porte-parole de l'ONUCI, Hamadoun Touré.
Quatre hélicoptères de Licorne ont tiré sur le camp de gendarmerie d'Agban, bastion des forces pro-Gbagbo dans le nord de la capitale économique. Des témoins ont aussi rapporté des tirs sur le camp d'Akouédo (Nord-Est) par des hélicoptères de l'ONU.
L'ONU et la France bombardent le palais de Gbagbo
La présidence française a confirmé que les troupes de l'ONUCI ont engagé des actions auxquelles participent les forces françaises, en application de la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l'ONU, pour "neutraliser les armes lourdes utilisées contre les populations civiles" .
Les frappes résultent d'une demande "urgente" du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, au président Nicolas Sarkozy, selon des responsables des Nations unies.
Toussaint Alain, conseiller de M. Gbagbo en Europe, a condamné à Paris des "actes illégaux", "des actes de guerre". "La finalité de cette action, c'est l'assassinat du président Gbagbo" , a-t-il déclaré. Mais le chef de l'ONU a assuré que les frappes visaient à protéger les civils et non à s'attaquer à M. Gbagbo.
Dans la capitale économique, théâtre depuis le 31 mars soir de combats et de pillages, la France a entamé le 4 avril au matin le "regroupement" de ses ressortissants en trois points de la ville, notamment le camp de Licorne à Port-Bouët. Quelque 1.900 étrangers étaient le 4 avril soir sous protection de l'armée française et 447 autres ont quitté Abidjan depuis le 3 avril, selon Licorne.
Le Quai d'Orsay évalue à quelque 12.200 le nombre de Français actuellement en Côte d'Ivoire, dont 11.800 à Abidjan. Quelque 7.300 ont la double nationalité.
Quelques heures avant les frappes, deux Français, un Béninois et un Malaisien ont été enlevés à l'hôtel Novotel d'Abidjan par des "éléments armés" dans un quartier contrôlé par le camp Gbagbo, selon une source diplomatique.
AFP/VNA/CVN