En Amazonie, le monde se contente d'une preuve de vie de la coopération climatique

Près de 200 pays réunis en Amazonie brésilienne ont adopté samedi à la COP30 un modeste consensus sur l'action climatique, sans plan de sortie des énergies fossiles.

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André Correa do Lago peu après l'adoption du texte principal de la COP30, le 22 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Brésil espérait un symbole en Amazonie, il a réussi à montrer que la coopération climatique n'était pas morte, alors que les batailles douanières et les guerres ont pris le pas politiquement sur le climat pour de nombreux gouvernements.

"La communauté internationale avait le choix: continuer ou abandonner. Nous avons choisi la première option", s'est félicité Luiz Inacio Lula da Silva, depuis le G20 à Johannesburg, affirmant que "le multilatéralisme a(vait) gagné".

"Nous ne cacherons pas que nous aurions préféré avoir davantage", a déclaré le commissaire européen Wopke Hoekstra, visiblement épuisé par la dernière nuit de négociations. "Je sais que c'est un peu intangible, mais faire les choses ensemble a une énorme valeur".

Luiz Inacio Lula da Silva est venu une journée à Belem le 19 novembre dans la dernière ligne droite des négociations, insistant sur la question de la sortie des énergies fossiles
Photo : AFP/VNA/CVN

Lula n'a pas pu aller jusqu'à convaincre les pays pétroliers du Nord et du Sud et les économies émergentes d'envoyer un message collectif ambitieux pour accélérer la sortie des énergies fossiles.

Le texte adopté par consensus des 194 pays membres de l'accord de Paris et l'Union européenne ne fait qu'une référence non explicite à la sortie des énergies fossiles, en rappelant la décision de la COP28 à Dubaï.

Les pays en développement ont obtenu un appel à tripler l'aide financière pour leur adaptation à un climat plus violent à l'horizon 2035, qui était la "ligne rouge" des plus pauvres d'entre eux.

Pour la Chine, la COP30 est un "succès dans une situation très difficile", a dit son négociateur Li Gao.

L'Inde, l'Afrique du Sud, la Russie ont aussi loué les travaux de la COP30.

Pékin et ses alliés des économies émergentes ont arraché une première dans les négociations climatiques : la COP institue un "dialogue" sur le commerce mondial, en lien avec le climat. Une allusion aux critiques contre les taxes carbone aux frontières, notamment européenne.

Une expérience amazonienne

Comme promis par Lula, les dizaines de milliers de délégués, observateurs, militants, lobbyistes et journalistes ont pendant deux semaines vu, entendu et ressenti l'Amazonie.

Vue aérienne de la ville de Belem au Brésil, le 26 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ils ont vécu dans cette grande ville bétonnée de Belem, aux portes de la plus grande forêt tropicale du monde. La chaleur accablante, moite. Le vacarme du tonnerre et les brutales averses tropicales, chaque après-midi, cognant sur les tentes climatisées installées pour la conférence.

Les fuites d'eau n'ont pas été le plus grand problème logistique. Un incendie s'est déclaré jeudi, intoxiquant plusieurs personnes.

Des dollars

Plus de trois décennies après le sommet de la Terre à Rio, dix ans après l'accord de Paris sur le climat, l'humanité continue à brûler chaque année davantage de pétrole, de charbon et de gaz pour générer de l'électricité, se chauffer ou se déplacer.

De Tuvalu, dont les habitants se préparent à émigrer en Australie face à la montée du Pacifique, à la Jamaïque, frappée par l'ouragan le plus puissant dans l'Atlantique depuis près d'un siècle, les pays les plus menacés sont choqués de ces records et de la réponse apathique du monde.

Ils supplient les grandes économies de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre beaucoup plus vite pour contenir le réchauffement de demain. Et demandent davantage de dons et de prêts pour s'adapter aujourd'hui.

Les promesses financières de samedi 22 novembre sont une demi-victoire pour eux.

Du pétrole

Le président brésilien octogénaire se voulait un pont entre Sud et Nord, avec une ligne centrale sur le pétrole. Il a assumé d'avoir accordé un permis d'exploration pétrolière au large de l'Amazonie juste avant la COP30.

Wopke Hoekstra, commissaire européen au climat, à Belem le 15 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais il a lui-même relevé les attentes en appelant à une "feuille de route" pour la sortie des énergies fossiles. Ce qui a donné de l'élan au camp anti-fossiles.

Le match de Dubaï s'est donc rejoué à Belem, mais cette fois, l'Arabie saoudite, l'Inde, la Russie et d'autres pays producteurs de pétrole n'ont eu aucune envie de céder le moindre pouce. La ministre française les a désignés nommément.

L'Europe, la Colombie et des pays d'Amérique centrale et du Sud, des États insulaires, le Kenya espéraient un texte créant une "feuille de route" pour sortir des fossiles. En vain.

La "COP de la vérité" aura au moins permis d'acter que le premier objectif de l'accord de Paris, moteur de la coopération climatique, est un échec : le monde ne va pas réussir à limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport au XIXe siècle.

Les onze dernières années ont été les onze plus chaudes jamais mesurées sur Terre.

L'humanité doit se reprendre pour que le dépassement soit le plus court possible, ont enjoint l'ONU et le président du Giec à la COP30. Mais cela pourrait se compter en décennies.

Le Brésil a en revanche tenu parole : sa COP a bien été celle "des peuples".

Des dizaines de milliers de militants du climat, d'autochtones, de syndicalistes et autres sympathisants ont manifesté pacifiquement dans les rues de Belem le 15 novembre.

AFP/VNA/CVN

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