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Ebola : l'épidémie "explose", le Liberia agite le spectre de la guerre civile

L'épidémie d'Ebola, en croissance "explosive", risque de contaminer 20.000 personnes d'ici à novembre à moins d'un renforcement spectaculaire des moyens de lutte, a averti mardi 23 septembre l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Liberia agitant le spectre d'un retour à la guerre civile.

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Au rythme actuel de propagation, le Liberia, déjà le pays le plus touché, devrait compter début novembre près de 10.000 cas, la Guinée autour de 6.000 et la Sierra Leone plus de 5.000, estiment des experts de l'OMS dans une étude publiée par la revue spécialisée New England Journal of Medecine.

"Nous sommes dans une troisième phase de croissance de l'épidémie" qui est "explosive", a déclaré à Genève un des co-auteurs de l'étude et directeur de la stratégie à l'OMS, le Dr Christopher Dye.

Une jeune fille pleure la mort de son père et de sa mère infectés par le virus Ebola, devant le nouveau centre de traitement de l'épidémie à Monrovia (Libéria), le 23 septembre.

L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique identifiée en 1976, a tué au moins 2.811 personnes sur 5.864 cas, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 18 septembre : 1.578 morts au Liberia, 632 en Guinée, 593 en Sierra Leone et 8 au Nigeria.

La très grande mobilité des populations est un des principaux facteurs de contamination, avec la lenteur de la réaction, ainsi que le délabrement des services de santé des trois pays les plus touchés.

Selon le Dr Dye, l'épidémie pourrait continuer à faire rage pendant les prochaines années, comme elle le fait depuis 10 mois, avec "la crainte qu'Ebola devienne une réalité plus ou moins permanente de la population humaine".

Les Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont dessiné des perspectives encore plus alarmantes, estimant que jusqu'à 1,4 million de cas pourraient être répertoriés d'ici janvier rien qu'au Liberia et en Sierra Leone.

Mais ces calculs sont basés sur l'hypothèse selon laquelle un très grand nombre de cas ne sont pas signalés, et ils ont été faits à partir des données disponibles en août, avant l'augmentation de la mobilisation internationale.

Ce modèle informatique montre qu'il est encore possible de maîtriser l'épidémie mais que l'inaction a "un coût sévère", a expliqué le directeur des CDC, Tom Frieden.

Médecins cubains en Sierra Leone

Dans la tourmente, le Liberia appelle la communauté internationale à intensifier ses efforts : il redoute un retour aux guerres civiles qui l'ont ravagé, comme la Sierra Leone voisine.

"Le monde ne peut pas attendre que le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée retombent dans le conflit, qui pourrait être le résultat de cette lenteur dans la mobilisation", a affirmé le ministre libérien de l'Information, Lewis Brown.

Selon lui, l'impuissance des autorités à assurer les besoins du Liberia "mine la confiance de la population dans cette lutte".

Des panneaux de prévention du virus Ebola, à Freetown, en Sierra Leone le 14 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Conseil de sécurité de l'ONU a qualifié le 18 septembre cette épidémie de "menace pour la paix et la sécurité internationales", une première pour une urgence sanitaire.

Une réunion sur Ebola est prévue jeudi 25 septembre à l'Assemblée générale des Nations unies avec le secrétaire général, Ban Ki-moon.

Les États-Unis ont décidé d'envoyer 3.000 militaires pour lutter contre Ebola en Afrique de l'ouest, où ils ont promis 1.000 lits supplémentaires. Plusieurs dizaines de ces soldats sont arrivés la semaine dernière au Liberia pour y installer un commandement militaire américain.

Cuba se mobilise aussi. Selon un responsable sanitaire de ce pays, les premiers éléments d'une brigade de 165 médecins et professionnels de santé cubains étaient mardi en Sierra Leone pour préparer ce déploiement, qui doit être achevé début octobre.

Par ailleurs, un infirmier étranger mordu à travers sa combinaison par un enfant malade d'Ebola en Sierra Leone a été transféré lundi 22 septembre à Genève, selon le gouvernement suisse, qui estime "très faible" le risque de contamination.

"La peur et la désinformation, comme le virus, peuvent être mortels", souligne de son côté le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Il déplore le meurtre la semaine dernière par des villageois de huit Guinéens en mission de sensibilisation dans le Sud du pays, dont trois employés de médias.

L'étude publiée dans le New England Journal of Medecine retrace la généalogie de cette épidémie, confirmant le premier cas, un enfant de deux ans décédé en décembre 2013 à Meliandou, dans le Sud-Est de la Guinée.

C'est ensuite le 14e cas de la chaîne de transmission, un soignant de l'hôpital de Guéckédou, principale ville des environs, décédé en février, qui aurait transmis le virus à d'autres provinces de la région.

AFP/VNA/CVN

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