Air France : à J+8, le conflit se radicalise

La sortie de crise espérée lundi 22 septembre n'a pas eu lieu : les pilotes d'Air France, en grève depuis huit jours, ont refusé une "ultime" proposition de la direction et même durci leur position sur l'avenir de la low cost du groupe, avec le soutien d'autres syndicats.

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Plus de la moitié des avions d'Air France sont cloués au sol depuis le 15 septembre. Il s'agit de la grève la plus longue menée par des pilotes depuis 1998.

Dans la matinée, le PDG du groupe AF-KLM Alexandre de Juniac pensait débloquer la situation avec une "ultime proposition" : mettre en sommeil jusqu'à la fin de l'année le projet de création de nouvelles bases Transavia en Europe. Et accélérer parallèlement son développement en France.

Le pdg d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac (gauche), et le directeur général d'Air France, Frédéric Gagey, en conférence de presse, le 22 septembre
Photo : AFP/VNA/CVN

Il espérait apaiser les craintes de "délocalisation" d'emplois français formulées par les pilotes.

Mais cette offre a été rejetée par le SNPL AF Alpa. Le syndicat majoritaire n'y a vu "qu’un écran de fumée" n'offrant "pas plus de garanties", notamment contre les risques de "dumping social" à l'intérieur du groupe. Il exige désormais le "retrait" pur et simple du "projet de Transavia Europe".

"Alexandre de Juniac a définitivement perdu la confiance des pilotes et probablement celle des autres catégories de salariés de l'entreprise", a affirmé son président Jean-Louis Barber.

Peu après, cinq syndicats représentant les diverses catégories de personnel (CGT, SNPNC-FO, Unac, Unsa et SUD-Aérien) se sont associés aux syndicats de pilotes en grève (SNPL, Spaf et Alter) pour réclamer le "retrait sans condition" du projet. Un geste rare chez Air France où les pilotes font souvent bande à part.

Le SNPL a de nouveau réclamé une intervention du Premier ministre, mais au même moment, Manuel Valls exhortait à "arrête(r) le plus vite possible" la grève. Le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, a déclaré qu'il n'y avait "plus aucune raison majeure" de poursuivre le mouvement. L’État est actionnaire de la compagnie à hauteur de près de 16%.

Jusqu'à 20 millions d'euros perdus chaque jour

Intervenant sur France 2, M. de Juniac a admis que la compagnie serait contrainte d'abandonner le projet Transavia Europe si elle ne trouvait pas un accord avec les syndicats.

"Si on ne parvient pas à un dialogue et un accord satisfaisant, on sera obligés d'arrêter. Je le ferai la mort dans l'âme", a-t-il dit, en nuançant toutefois : "Ce serait trop tôt" de parler de retrait.

M. de Juniac a également prévenu qu'"aucune compagnie aérienne n'est immortelle, y compris Air France", alors que ses pertes d'exploitation atteignent "jusqu’à 20 millions d’euros par jour" à cause de la grève.

En dépit des assurances de la direction, les trois syndicats craignent que l'essor de Transavia en Europe, avec des pilotes sous contrats locaux, ne se fasse "aux dépens" des salariés français du groupe.

Pour accepter le développement de Transavia France, qu'ils disent souhaiter, les syndicats réclament un contrat unique pour les pilotes aux commandes des gros avions, quelle que soit la marque du groupe (Air France, Transavia ou Hop!).

Mais M. de Juniac dit qu'aligner les conditions d'emploi de Transavia sur celles d'Air France conduirait la low cost née en France en 2007 "à l'échec" en annulant sa marge de profitabilité, qu'il chiffre à 3%.

Ce qui a mis le feu aux poudres lundi 22 septembre a été la mise en garde de M. de Juniac aux pilotes. Il a prévenu qu'il n'hésiterait pas à "dénoncer" l'accord conclu avec le SNPL à la création de Transavia France pour limiter la flotte de la low cost et encadrer le détachement des pilotes volontaires d'Air France (avec l'octroi de primes).

AFP/VNA/CVN

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