Des mains d’or tissent l’essence du carex à Thai Binh

Grâce aux doigts habiles et à la passion indéfectible des artisans de Thai Binh, l’art délicat du tissage du carex (une plante des milieux marécageux) est soigneusement préservé et transmis de génération en génération. Les produits sont aujourd’hui exportés dans de nombreux pays.

>> Les femmes du Tây Nguyên unies pour préserver le tissage de brocatelle

>> Le métier de tissage du carex de Kim Son inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel national

Fabrication de produits en carex dans la commune de Tây An, à Thai Binh. 
Photo : CTV/CVN

Célèbres pour leur savoir-faire ancestral, les habitants de la commune de Tây An, du district de Tiên Hai, dans la province de Thai Binh (Nord), perpétuent l’artisanat du tissage du carex, un héritage transmis de génération en génération.

Autrefois, les villageois cultivaient et récoltaient le carex pour confectionner des sacs et des chapeaux destinés au marché local, complétant ainsi leurs maigres revenus. Aujourd’hui, grâce à la mondialisation, leurs produits rayonnent bien au-delà des frontières nationales, gagnant en reconnaissance sur la scène internationale.

Faire vivre le métier

Héritière d’un savoir-faire ancestral, Nguyên Thi Nhâm, originaire de la commune de Tây An, district de Tiên Hai, voue une passion indéfectible au tissage du carex depuis l’âge de 10 ans. Aujourd’hui, à l’âge vénérable de 85 ans, ses mains continuent de tisser la magie avec une dextérité admirable.

“Le tissage du carex est profondément ancré dans les traditions de notre commune, il est transmis de génération en génération. Dès mon plus jeune âge, j’ai été initiée à cet artisanat par mes grands-parents et mes parents. On raconte que notre village est le berceau de cet artisanat, qui s’est ensuite répandu dans d’autres régions comme le district de Hung Hà dans la province de Thai Binh et celui de Nghia Hung dans la province voisine de Nam Đinh”, confie-t-elle avec émotion.

Malgré sa vue déclinante, les mains de Mme Nhâm ne tremblent pas et tissent le carex avec une rapidité et une précision remarquables.

“Autrefois, le tissage du carex était l’unique source de revenus pour les habitants de notre commune. De nombreuses familles dépendaient de cet artisanat pour subvenir à leurs besoins”, se souvient-elle avec nostalgie. “Malgré l’âge, nombreux sont ceux qui continuent de le tisser chaque jour, tant pour subvenir à leurs besoins que pour transmettre cet artisanat ancestral aux jeunes générations”, poursuit-elle. Ce métier exige une grande patience, car il implique de nombreuses étapes méticuleuses, de la sélection de la matière première jusqu’à sa transformation en produits finis. Il faut d’abord sélectionner les tiges de carex à maturité, ni trop vieilles ni trop jeunes, pour qu’elles puissent être pressées facilement. Ensuite, les tiges sont lavées, trempées, séchées et pressées avant d’être tissées.

Le trempage de l’herbe demande du doigté et de l’expérience, car il faut les manipuler correctement. Après séchage, l’herbe est pressée puis elle est passée dans une machine pour être battue et teintée. Il est essentiel de conserver des couleurs homogènes pour obtenir de beaux produits.

Une fois que les brins d’herbe répondent aux normes, les artisans commencent à tisser. Après le tissage, les produits sont séchés, puis coupés, taillés, étiquetés et emballés pour la vente.

“Une fois pressée, l’herbe doit être triée par taille et par couleur pour assurer un tissage harmonieux. Les produit sont très variés : paniers, chapeaux, sacs, nattes, etc. Nous pouvons tisser n’importe quoi”, explique Mme Nhâm.

Exportation des produits

Produits en carex. 
Photo : CTV/CVN

La principale artisane de cette évolution est Pham Thi Ngan, qui a fondé une entreprise et commercialisé les produits auprès de diverses sociétés.

Mme Ngan a rapidement compris les exigences du marché et les goûts étrangers, ce qui a progressivement permis aux produits en carex de Tây An d’atteindre le monde entier. Elle s’enorgueillit : “Chaque mois, notre entreprise exporte de nombreux produits tels que des sacs à main et des paniers vers des pays comme les États-Unis, le Japon et la Thaïlande, créant ainsi des opportunités d’emploi pour des milliers de travailleurs”.

“C’est une source de fierté et de motivation pour les habitants de Tây An, qui doivent continuer à préserver et à développer l’artisanat”, ajoute-t-elle.

Mme Ngan déclare qu’elle a toujours rêvé de créer davantage d’emplois pour les travailleurs ruraux, en particulier les femmes. Grâce à la présence d’entreprises de produits en carex, de nombreuses femmes âgées en particulier, de la commune de Tây An ont trouvé des emplois à temps partiel pour augmenter leurs revenus.

Malgré sa vue déclinante, cette artisane de Tây An tisse le carex avec une rapidité et une précision remarquables. 
Photo : CTV/CVN

Trân Thi Diêp, 80 ans, partage : “Ma mère m’a appris à tisser le carex dès mon plus jeune âge. Plus tard, après mon mariage, j’ai continué avec ma belle-mère. Aujourd’hui je continue à tisser des produits en carex pour une entreprise”.

Pour les gros articles, Mme Diêp peut tisser deux à trois pièces par jour, et jusqu’à sept pour les petits articles. Pour les petites boîtes, le prix est de 10.000 dôngs (0,4 USD) par pièce, tandis que les produits plus grands peuvent rapporter jusqu’à 100.000 dôngs (4 USD) par pièce.

Nguyên Thi Thom, 45 ans, fait savoir : “Même si j’ai un emploi stable, je continue à tisser le soir. Chaque mois, je tisse 50 à 60 produits de tailles différentes, ce qui me permet de gagner un revenu décent”.

Les produits en carex sont constamment améliorés, ce qui permet d’attirer davantage de clients et d’accroître la qualité et la rentabilité. Ils sont désormais décorés de motifs et de dessins avant d’arriver sur le marché, au lieu d’être vendus à l’état brut comme c’était le cas auparavant.

L’artisanat du tissage du carex, un héritage transmis de génération en génération. 
Photo : CTV/CVN

Le tissage du carex s’est étendu à plus de 20 communes du district de Tiên Hai, créant plus de 1.500 emplois. À partir de matériaux naturels, les mains habiles des artisans ont créé de magnifiques chapeaux, des paniers et bien d’autres choses encore.

Actuellement, l’Association des personnes âgées du district de Tiên Hai accorde une grande importance à l’organisation de conférences sur cet artisanat et à la remise de satisfecit afin d’encourager les anciens à continuer à transmettre leur savoir-faire.

En outre, de nombreuses entreprises ont lancé des projets encourageant les habitants à présenter des travailleurs à des entreprises de tissage traditionnel du carex en leur offrant des commissions attrayantes, ce qui permet d’élargir le réseau artisanal dans la province.

Des produits en carex de Tây An présentés dans une foire à Thai Binh.
Photo : DV/CVN

Enfin, les autorités organisent régulièrement des expositions telles que les foires One Commune One Product (OCOP - À chaque commune, son produit) afin de présenter les produits locaux, ce qui permet d’élargir le marché et d’augmenter la visibilité de cet artisanat auprès du public.

Les paniers en carex, qui n’avaient ni nom ni marque et qui traînaient sur les marchés ruraux, sont aujourd’hui présents dans de nombreuses provinces et villes du pays et sont même expédiés à l’étranger.

Huong Linh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top