De Quy Nhon à la France : le voyage académique de Mông Diêp

Nguyên Thi Mông Diêp, maître de conférences et enseignante émérite à l’Université de Quy Nhon, a inscrit son nom dans les annales de l’année 2024 en devenant la seule Vietnamienne à accéder au prestigieux titre de Professeur en France.

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Mông Diêp travaille dans un laboratoire en France. Photo : NVCC/CVN

Son nom a brillé dans la liste des candidats ayant satisfait aux critères exigeants du titre de Professeur en France pour l’année 2024, dévoilée le 26 mars par le ministère français de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Nguyên Thi Mông Diêp, qui enseigne à l’Université de Quy Nhon, s’est ainsi inscrite dans l’histoire académique comme la seule représentante vietnamienne à obtenir cette prestigieuse distinction en 2024.

Sa passion ardente et son dévouement envers les sciences biomédicales, ainsi que son désir profond de contribuer au bien-être de la société, ont été les moteurs qui l’ont poussée à persévérer sur le chemin exigeant de la recherche scientifique. Après des années d’investissement soutenu, ses contributions remarquables dans le domaine des sciences biomédicales, notamment dans la recherche sur les hormones artificielles, ont finalement été récompensées à leur juste valeur. En satisfaisant aux critères stricts pour le titre de Professeur en France, elle s’est distinguée en se classant parmi les trois meilleurs candidats, ayant excellé dans les domaines de la physiologie, de la biochimie et de la biologie moléculaire, ainsi que de la biologie des organismes.

Université de Quy Nhon dans le Centre du Vietnam.
Photo : CTV/CVN

Pour accéder au titre de Professeur en France, les candidats doivent répondre à une série de critères rigoureux. Parmi ceux-ci figurent des réalisations de recherche étayées par des publications dans des revues internationales de renom, une expérience avérée dans l’encadrement d’étudiants en recherche et la direction de projets de recherche, une reconnaissance académique par le biais de participations à des organismes scientifiques et de publications de livres, ainsi qu’une solide expérience d’enseignement et une contribution à la formation de personnel hautement qualifié et au développement de la discipline.

Son rêve est enfin devenu réalité

C’est animée par une passion indéfectible pour la science et mue par le désir ardent de mettre ses connaissances au service de son pays que Mông Diêp a fait le choix de renoncer à des opportunités séduisantes pour revenir au Vietnam et s’engager dans un parcours exigeant mais profondément significatif.

Depuis ses années d’école secondaire à Hoài Ân, dans la province de Binh Dinh, au Centre du Vietnam, elle a nourri une passion pour la biotechnologie. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, elle a été conviée à rejoindre l’Université de Quy Nhon, où elle a entamé ses recherches en biotechnologie agricole.

En 2011, un tournant inattendu l’a conduite vers le domaine des sciences de la vie lorsqu’elle a été admise en tant que doctorante à l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) en France.

Mông Diêp (2e à gauche) et ses collègues à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement en France.
Photo : NVCC/CVN

Après avoir brillamment conclu son programme de doctorat, Mông Diêp s’est vue offrir des opportunités de travail à l’INRAE et à l’Université de Kent State aux États-Unis. Ces propositions représentaient une rare chance de poursuivre et d’approfondir sa carrière dans des environnements de recherche de renommée mondiale. Cependant, elle a pris la décision de revenir au Vietnam pour concrétiser son rêve de créer le premier laboratoire de recherche en sciences de la vie à Binh Dinh, afin d’explorer de nouvelles pistes de recherche et de contribuer l’enseignement.

Malgré les défis posés par le manque d’infrastructures et de ressources pour mener des recherches, Mông Diêp était convaincue qu’il était essentiel d’ouvrir la voie, quelles que soient les difficultés. Ainsi, pendant de nombreuses années, elle a dû passer trois à six mois loin de sa famille chaque année pour collaborer à des projets de recherche à l’INRAE, cherchant ainsi à bénéficier d’un environnement de travail plus propice et à acquérir des connaissances auprès d’experts de premier plan.

Espoir pour les couples infertiles

Lorsqu’elle se trouvait au Vietnam, elle mettait pleinement à profit les connaissances qu’elle avait acquises pour enrichir son travail d’enseignement. Faisant preuve de dévouement et d’une volonté farouche, Mông Diêp s’est attachée à partager ses connaissances tout en faisant la promotion de la culture et du peuple vietnamiens à l’échelle internationale.

En 2020, le projet intitulé “Production de Gonadotrophines recombinantes pour le traitement de la reproduction” de Mông Diêp a été sélectionné pour recevoir un financement de la Fondation d’Innovation et de Créativité Vingroup (VINIF). Cette reconnaissance a marqué une étape majeure dans la concrétisation du rêve de produire des hormones synthétiques au Vietnam, offrant ainsi de meilleures opportunités de traitement aux patients souffrant d’infertilité.

Dans le cadre de ce projet ambitieux, Mông Diêp et ses collaborateurs ont développé deux nouvelles hormones gonadotrophines recombinantes : l’hFSH (hormone folliculo-stimulante humaine) et l’eCG (gonadotrophine chorionique équine), destinées à soutenir la reproduction chez les humains et les animaux. Cette avancée significative dans la recherche est saluée pour son potentiel à améliorer l’efficacité des traitements de l’infertilité.

Ces deux nouvelles hormones se distinguent par leur durée de vie prolongée dans le corps et leur demi-vie prolongée, ce qui permet une administration en une seule injection pour l’ensemble du processus de traitement. De plus, le processus de production de ces hormones est plus simple que celui des produits traditionnels d’origine naturelle, ce qui contribue à réduire les coûts et à améliorer l’accessibilité.

Mông Diêp partage : “Ce projet requiert une intégration harmonieuse de plusieurs domaines scientifiques tels que la biologie moléculaire, la biochimie et la technologie biologique pour parvenir à la production des hormones. Sa nature pionnière transcende non seulement le domaine technologique, mais également son impact pratique en médecine, contribuant ainsi à résoudre les problèmes de santé de notre communauté. Le succès de ce projet ouvrira la voie à des opportunités de traitement accrues pour les patients, tout en favorisant l’évolution des sciences de la vie et de la biotechnologie au Vietnam”.

Mông Diêp (assise) entourée d’étudiants de l’Université de Quy Nhon, province de Binh Dinh (Centre).
Photo : CTV/CVN

Le Dr. Huỳnh Gia Bao, spécialiste renommé en fécondation in vitro (FIV) à l’hôpital My Duc à Hô Chi Minh-Ville, nourrit de grands espoirs quant aux retombées positives du projet de recherche sur les hormones recombinantes mené par la Pr. Mông Diêp et son équipe. Il aspire à ce que ce projet contribue à améliorer l’accessibilité et à réduire les coûts des traitements pour les patients vietnamiens, en particulier dans les régions reculées. Convaincu du potentiel prometteur de cette initiative portée par des Vietnamiens, il est confiant dans le soutien de l’État et dans les nouvelles opportunités qu’elle ouvrira en matière de procréation assistée pour de nombreux couples infertiles.

Dévouement envers la communauté

Pour Mông Diêp, la passion pour la recherche scientifique va au-delà de son simple devoir professionnel ; c’est un désir profond d’améliorer la vie des gens, surtout dans le domaine de la santé reproductive. Elle accorde une attention particulière à cette question, la considérant comme sa principale motivation pour trouver des solutions avancées au traitement de l’infertilité. Son plus grand souhait est de poursuivre la recherche clinique afin de pouvoir produire localement des hormones synthétiques pour le traitement de l’infertilité au Vietnam. Cette initiative contribuerait à rendre le Vietnam autonome dans son approvisionnement, réduisant ainsi sa dépendance aux importations.

“Sur le chemin qui m’a menée au titre de Professeure en France, j’ai bénéficié d’un soutien considérable de la part de ma famille, de mes collègues et de l’INRAE. Cela m’a aidée à surmonter de nombreux obstacles et défis. La confiance en la valeur de mon travail et le désir de contribuer au bien-être de la communauté ont toujours été ma motivation pour persévérer dans la voie de la recherche scientifique en biologie médicale”, conclut-elle avec détermination.

Quôc Khanh - Phuong Nga/CVN

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