La BCE, qui réunit son conseil des gouverneurs 2 fois par an hors de son siège de Francfort, s'était fixé rendez-vous il y a près d'un an dans la capitale portugaise. Mais, depuis, le Portugal a vu sa dette souveraine rétrogradée la semaine dernière par l'agence de notation Standard and Poor's, tout comme son puissant voisin l'Espagne, attisant les craintes d'une contagion de la débâche hellénique à ces 2 pays.
Lors de sa réunion, la BCE devait décider de maintenir le principal taux d'intérêt à son niveau historiquement bas d’un pourcent. Mais les économistes attendent surtout les déclarations de son président Jean-Claude Trichet sur la tourmente que traverse la zone euro lors de sa traditionnelle conférence de presse. Son objectif sera probablement de calmer le jeu et de redonner foi dans la monnaie unique.
Les 110 milliards d'euros de crédits accordés à la Grèce par l'Europe et le Fonds monétaire international en échange d'un programme d'au-stérité sans précédent n'ont pas suffi à rassurer. Et 3 personnes sont mortes mercredi à Athènes lors de manifestations contre le plan de rigueur.
La mission du chef de la BCE sera d'autant plus ardue que les événements récents ont écorné la crédibilité de l'institution. Sa décision d'accepter les titres de dette grecque quelle que soit leur notation comme garantie en l'échange de crédit constitue une volte-face embarrassante après les déclarations du Français selon lesquelles la BCE ne ferait pas d'exception pour un pays.
La Grèce est un cas à part, répètent les responsables européens. Il n'y a pas de risque de contagion "objectivement fondé", a encore déclaré le 5 mai le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker.
Il n'empêche, le président de la BCE sera "sûrement interrogé sur la possibilité d'étendre cette mesure à d'autres pays, comme l'Espagne ou le Portugal", estime Cedric Thellier, économiste chez Natixis.
Même si elle s'est contredite, la BCE a pris "une décision pragmatique face à l'hystérie des marchés", poursuit l'expert, soulignant que la crédibilité des agences de notation comme Standard and Poor's ou Moody's était aussi en cause, car elles ont "participé à la pagaille" sur les marchés obligataires européens.
Si la situation venait à dégénérer davantage, "il n'est pas impossible que la BCE recourt à des mesures plus agressives comme acheter des obligations d'État afin d'arrêter la contagion", estime le professeur en économie Nouriel Roubini dans une note.
Le Fonds monétaire international (FMI) a salué le 5 mai la décision de la Banque centrale européenne de laisser tomber les obligations collatérales pour la dette grecque. "Nous saluons l'annonce faite par la Banque centrale européenne, dans le contexte du lourd programme d'ajustement de la Grèce, selon laquelle elle a décidé de suspendre l'application du seuil minimum de notation dans les conditions collatérale d'éligibilité pour les opérations de crédit du système euro dans le cas des instruments de dettes commercialisables émis ou garantis par le gouvernement grec", a déclaré le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, dans un communiqué. Cette décision "apportera un soutien important au programme en aidant à maintenir la stabilité financière", a-t-il ajouté.
AFP-XINHUA/VNA/CVN