Dette : la crise grecque sème la panique sur les marchés

La crise grecque a semé le 27 avril la panique sur les marchés et commencé à s'étendre au Portugal, accentuant la pression sur l'Union européenne (UE) pour qu'elle débloque au plus vite l'aide promise.

Nouveau coup dur pour la Grèce, l'agence de notation Standard and Poor's (SP) a abaissé de 3 crans la note du pays, de "BBB+" à "BB+". Ce faisant, SP va rendre plus difficile l'accès de la Grèce au marché, sa dette étant désormais considérée comme un investissement à haut risque. Cette décision "ne correspond pas aux véritables données de l'économie grecque", a réagi le ministère des Finances.

La crise de défiance qui frappe les finances grecques a commencé à s'étendre au Portugal, qui a vu lui aussi sa note dégradée par SP. Un vent de panique a également soufflé sur les Bourses européennes qui ont toutes clôturé en forte baisse, tandis que les cours du pétrole se repliaient nettement en fin de journée.

L'euro est passé sous la barre de 1,32 dollar pour la première fois depuis la fin avril 2009. Vers 20h45 GMT, la monnaie européenne valait 1,3180 dollar contre 1,3378 lundi vers 21h00 GMT.

Tentant d'éteindre l'incendie, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a déclaré qu'il était "hors de question" que la Grèce ou un autre pays de la zone euro fasse défaut sur ses obligations. Mais sur le marché obligataire, où se négocie la dette des États, les taux grecs ont battu de nouveaux records mardi, autour de 9,6%. Si on n'aide pas les Grecs, "ils vont être dans une situation insoutenable", a reconnu le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

Au vu des conditions de marché "totalement prohibitives", la Grèce ne peut plus emprunter, s'est inquiété le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, pressant l'UE et le FMI de débloquer l'argent d'ici le 19 mai, date à laquelle arrive à échéance une obligation d'État de 9 milliards d'euros.

Son appel semble avoir été entendu. Les dirigeants des pays de la zone euro se préparent à tenir un sommet le 10 mai pour approuver le versement de l'aide, a indiqué une source proche de la présidence espagnole de l'UE.

Et la Commission européenne devrait rendre au plus tard la semaine prochaine un avis sur le bien-fondé de la requête grecque, la mission préparatoire qu'elle effectue avec la BCE et le FMI étant sur le point de se conclure.

Même l'Allemagne, réticente à aider la Grèce à l'approche d'élections régionales le 9 mai qui s'annoncent risquées pour la coalition au pouvoir, affichait mardi de meilleures dispositions.

Le gouvernement "ne laisser(a) pas tomber la Grèce", a assuré le ministre allemand des Finances, dans un entretien.

En France, la question ne fait pas débat : le parlement examinera les 3 et 4 mai sa participation au plan européen.

Sur le front social, les 2 grandes centrales syndicales du pays ont appelé à une grève générale mercredi 5 mai.

Cet appel a été lancé alors que, selon un sondage paru mardi, une majorité de Grecs (61%) désapprouve la décision du gouvernement d'avoir recours à l'aide de l'UE et du FMI. Le fonds fait particulièrement figure d'épouvantail, au point que 70,2% des Grecs ne veulent pas de son argent.

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Georges Papandréou n'a pas caché que les Grecs allaient connaître des temps difficiles. "L'heure de vérité est arrivée" : il faut "tout changer" en Grèce pour rendre l'économie viable, "État, habitudes, mentalités, comportements", a-t-il dit.

AFP/VNA/CVN

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