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Thai Binh (Nord) a été la première localité du Vietnam à bénéficier du projet AgResults. |
Grâce au soutien de l’Organisation néerlandaise de développement (SNV), la province de Thai Binh (Nord) a mis en œuvre, entre 2016 et 2021, le projet AgResults (projet AVERP), visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en appliquant des méthodes de riziculture durables.
Tristan Armstrong, représentant du ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT) au sein du comité directeur d’AgResults, a apprécié l’efficacité du projet, qui avait encouragé les paysans à améliorer leurs pratiques agricoles. Il a aussi souligné le potentiel du modèle de soutien financier basé sur les résultats, permettant d’exhorter les entreprises à rechercher, tester et développer des solutions technologiques de riziculture efficaces, ce afin à la fois d’augmenter la productivité et, en même temps, d’assurer la sécurité alimentaire nationale de manière durable.
Trois piliers
Trân Thu Hà, directrice du projet AVERP, a bien estimé son efficacité. Pour elle, en plus d’offrir des triples gains qui profitent à tous les acteurs de la chaîne de valeur du riz, dont les petits exploitants agricoles, le projet a permis des avancées notables à trois niveaux pour assurer la durabilité. Premièrement, il a contribué au processus de restructuration de la filière rizicole et à la mise en œuvre de la Stratégie du secteur des cultures pour 2020-2025 avec vision à l’horizon 2030.
Deuxièmement, il a permis de tester et de démontrer le rôle et la disponibilité du secteur privé dans le développement des technologies agricoles et leur application dans la production à grande échelle.
Le projet AgResults sera déployé dans le delta du Mékong. |
Photo : CTV/CVN |
Troisièmement, il a ouvert des opportunités d’accès aux programmes de crédit vert et de financement carbone, qui inciteront à la coopération entre entreprises et agriculteurs pour une production agricole à faible émission à grande échelle après que le projet a pris fin à Thai Binh.
"Après Thai Binh, l’AgResults sera déployé pendant cinq ans (2022-2027) à An Giang, Kiên Giang et Dông Thap, trois provinces ayant les plus grandes superficies rizicoles du delta du Mékong", a-t-elle dévoilé.
Le projet se concentrera sur le développement d’une agriculture verte pour répondre aux enjeux climatiques. Dans le même temps, il sera étroitement lié au secteur privé en tant que locomotive conduisant aux dernières initiatives en matière de production de riz et de réduction des émissions. Cela permettra de créer une motivation à produire via une technologie verte, propre et durable.
Le projet vise plusieurs objectifs : appliquer des technologies plus avancées dans la production pour augmenter les revenus des agriculteurs, améliorer la chaîne de production rizicole, et atténuer l’impact du changement climatique grâce aux entreprises proposant des technologies pour soutenir les agriculteurs dans différentes régions.
La feuille de route commerciale des certificats carbone devrait être mise en œuvre dans les années 2027-2028. Les arguments scientifiques du projet serviront de base pour stimuler le rôle de l’économie privée, promouvoir la riziculture respectueuse de l’environnement et commercialiser les certificats carbone sur le marché…
Soutien indirect
Le delta du Mékong est l’une des régions les plus vulnérables aux aléas climatiques. |
Selon Peter Loach, directeur national de la SNV, ce projet utilisera des technologies pour une économie plus performante et pour l’amélioration de la qualité du riz et des impacts sociétaux. Tous les participants de cette chaîne de production bénéficieront d’avantages et se développeront dans un nouveau contexte en raison du changement climatique et de l’évolution de la demande de riz sur le marché international.
En particulier, l’une des nouveautés de ce projet est que la SNV ne soutiendra pas directement les acteurs via la liste des inscriptions. Elle organisera des compétitions. Les candidats devront proposer des modèles et processus techniques économiquement efficaces, durables et réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Ils devront aussi s’engager à continuer de déployer ce projet une fois celui-ci achevé.
La province de Hâu Giang, dans le delta du Mékong, est très active dans la mise en œuvre des projets de coopération internationale. Son Comité populaire a collaboré avec l’Agence française de développement (AFD) pour faire de Nga Bay une ville verte et résiliente au changement climatique.
Nguyên Van Hoà, vice-président du Comité populaire provincial, a partagé que Hâu Giang planchait sur ce projet depuis 2018 et qu’elle était fin prête à passer aux prochaines étapes. Il a proposé à l’AFD de travailler avec sa province pour mener à bien les procédures conformément aux réglementations des deux parties.
Le directeur de l’AFD au Vietnam, Hervé Conan, a déclaré que fin août - début septembre, un conseil consultatif viendrait discuter avec Hâu Giang du renforcement des capacités de la province et de la ville de Nga Bay dans le cadre de ce projet.
Selon lui, l’AFD fournira une aide remboursable de 1,5 million d’euros pour améliorer les capacités du comité de gestion du projet, soutenir la maintenance des infrastructures construites dans le cadre du projet et renforcer les capacités du système de traitement des eaux usées.
Représentant un investissement total de plus de 1.211 milliards de dôngs (plus de 50 millions d’euros), le projet devra être mis en œuvre de 2023 à 2026. Il vise à faire de Nga Bay une ville verte et résiliente au changement climatique, un moteur de la croissance économique de Hâu Giang.
Changement structurel
À Hanoï, les autorités municipales ont également travaillé avec l’AFD dans la recherche économique sur les changements climatiques. Elles ont réalisé le projet GEMMES (General Monetary and Multisectorial Macrodynamics for the Ecological Shift) qui a pour objectif de développer un nouvel outil de modélisation macroéconomique capable d’éclairer l’action publique sur les scénarios de résilience aux changements climatiques et de transition énergétique.
GEMMES a été mis en œuvre avec succès dans plusieurs pays en Amérique et en Afrique tels que le Brésil, la Colombie, la Côte d’Ivoire et la Tunisie. En Asie, l’AFD a choisi le Vietnam comme premier pays pour lancer ce projet.
D’après Tang Thê Cuong, chef du Département du changement climatique, le projet GEMMES Vietnam s’inscrit dans le cadre d’un accord signé en mars 2018 entre le ministère vietnamien des Ressources naturelles et de l’Environnement et l’AFD, en présence du secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, Nguyên Phu Trong, et du président français Emmanuel Macron. Il comprend trois groupes de travail chargés des études scientifiques, de la gestion institutionnelle et de la propagande communautaire.
Via GEMMES Vietnam, le gouvernement vietnamien et l’AFD ont décidé de mener une étude intégrée jusqu’à l’horizon 2050 des différents impacts socio-économiques du changement climatique et des stratégies d’adaptation à possiblement mettre en œuvre au Vietnam. Les réponses à des scénarios d’augmentation de température de 1,5°C, 2°C et 3°C correspondant à différents scénarios de changement climatique global (ou de transition bas carbone) ont été analysées afin de déterminer la Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique à l’horizon 2050, en se concentrant sur le delta du Mékong.
La première phase du projet se terminera à la fin de cette année. "On est en train de réfléchir à une piste de recherche pour le nouveau changement structurel profond lié à l’objectif du Vietnam de neutralité carbone d’ici à 2050", a expliqué Étienne Espagne, économiste à l’AFD en charge du projet GEMMES Vietnam.
La deuxième phase vise à comprendre quel sera l’impact de la transition vers le zéro émission nette du Vietnam sur les plans financier et social, quels seront les emplois menacés, quels nouveaux emplois émergeront et quels types de politiques industrielles il faudra mener pour que la transition soit une opportunité pour le Vietnam.
Phuong Nga - Quê Anh/CVN