Comment les jeunes vietnamiens préservent-ils les valeurs de la peinture folklorique du pays ?

Figurant dans les patrimoines immatériels du Vietnam, les peintures folkloriques jouent un rôle bien important dans la vie artistique et culturelle du pays. Malgré leurs valeurs inestimables, il me semble qu’au fil du temps, les courants de peintures folkloriques sont tombés dans l’oubli. À l’époque de la mondialisation, la mission des jeunes d'aujourd’hui est non seulement de préserver cet art national mais aussi de promouvoir sa quintessence culturelle auprès du public tant vietnamien qu’étranger.

Les quatre jeunes filles - estampe de Hàng Trông. 
Photo : Internet

Peintures folkloriques du Vietnam

La peinture du Vietnam se développe et se divise en deux genres différents qui sont la peinture folklorique et la peinture moderne. Tandis que la peinture moderne est née au début du XXe siècle, la peinture traditionnelle vietnamienne a vécu une longue histoire. Elle a vu le jour au XIIe siècle, du temps de la dynastie des Ly au Nord du Vietnam, en même temps que la naissance de la tradition du culte des ancêtres. La peinture folklorique est composée de différents courants mais généralement, ils partagent des techniques de production similaires. À partir d'images gravées sur les planches de bois, les artisans les impriment sur des feuilles de papier spéciales pour obtenir les contours essentiels du dessin, puis ils ajoutent les couleurs. Ces estampes populaires représentent des scènes de la vie quotidienne à la campagne, des jeux traditionnels, des animaux domestiques ou des divinités, des personnages symboliques ou sacrés. Ces derniers expriment alors l’esprit national, les pensées et les sentiments des générations d’artistes vietnamiens.

Photo : Internet

Depuis longtemps, les estampes de Hàng Trông sont considérées comme l’un des symboles de la capitale de Thang Long (ancien nom de Hanoï). Avant les années 1950, à l’approche de la fête du Nouvel An lunaire, les Hanoïens avaient l’habitude d’en acheter pour décorer leur maison. La rue Hàng Trông où était vendu ce type de peinture était alors très animée. Cependant, au fil du temps, l’esthétique des habitants a changé, puis l’achat des estampes de Hàng Trông a considérablement baissé.

Patrimoine culturel immatériel national depuis mars 2013, les estampes de Dông Hô (situé dans la province de Bac Ninh, à l’ouest de Hanoi) ont suivi le même destin. De 2012 à 2016, la peinture de Dông Hô a obtenu le titre de "Patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde d’urgence".

Le mariage de souris - une classique estampes de Dông Hô. 
Photo : Internet

Imprimée sur une feuille de papier rouge, la peinture folklorique de Kim Hoàng, dont le nom est la combinaison des anciens villages de Kim Bang et de Hoàng Bang d’où découle cet art, risque aussi d’être oublié à cause d’un manque d’archives dû à une inondation en 1915. Si les peintures de Dông Hô et de Hàng Trông sont propres au Nord, les estampes du village de Sinh sont nées dans le Centre du Vietnam. Au fil du temps, avec le rythme rapide de la vie moderne, se pose le problème de la préservation de ce courant de peinture et de la protection du métier artisanal.

Source d’inspiration pour les jeunes artistes

Ces derniers temps, grâce aux efforts du gouvernement, des autorités locales, des artisans ainsi que des collectionneurs, de nombreuses expositions de peintures folkloriques ont été inaugurées du Nord au Sud, dans l’intention de dévoiler au public, particulièrement aux jeunes, leur beauté. Afin que ces styles de peintures puissent échapper à l’oubli et connaître une reconnaissance salutaire, le rôle des générations futures est important. Pour les jeunes artistes vietnamiens, les motifs traditionnels des peintures folkloriques constituent une énorme source d’inspiration et un trésor légué par les générations passées. Dans un monde plein de bouleversement, le retour aux valeurs traditionnelles attire de nombreux artistes vietnamiens car à l'époque de la mondialisation, ces valeurs culturelles leur permettent de se définir dans une société ainsi que d’affirmer leur identité et leur personnalité.

Œuvres de Nam Chi. 
Photo : Báo Hà Nội mới

La peinture folklorique Quan Âm présentée dans son manuel scolaire, à l’aide des couleurs vives et des traits uniques des œuvres d’art du Vietnam, a conquis le cœur de Nam Chi, un jeune artiste vietnamien. Au fil du temps, son amour pour les peintures traditionnelles n'a cessé de fleurir ce qui l'a incité à faire des recherches pour maîtriser les techniques. Sa formation professionnelle à l’université et son auto-apprentissage l'ont aidé à avoir une perspective plus profonde sur la relation entre les peintures folkloriques vietnamiennes et les beaux-arts contemporains. En héritant de ce qui appartient à nos ancêtres, il apporte dans ses œuvres sa propre création grâce à laquelle il rend les sujets, les personnages et les légendes des peintures traditionnelles vietnamiennes plus accessibles au public. Selon Nam Chi, de jeunes artistes comme lui essaient de poursuivre, maintenir et aussi développer ces courants de peintures afin que ce trésor puisse reprendre vie et persister dans le temps.

Photo : Thái Linh

Inspiré également par les peintures folkloriques du Vietnam, mais d'une manière différente, l’artiste Thái Linh profite des matériaux folkloriques pour créer son propre monde, au lieu de garder tous les éléments des tableaux anciens. Né dans une famille d'artistes puis diplômé de l’Université des Beaux-Arts Industriels de Hanoi et de l’Université d’État de Washington (en anglais : Washington State University (WSU)) aux États-Unis, Thái Linh est bien connu pour ses œuvres qui harmonisent des éléments traditionnels et contemporains.

Photo : Internet

Ce jeune artiste est toujours fier des matériaux traditionnels qui lui permettent de poursuivre sa carrière dans la bonne direction et qui aident les gens à facilement reconnaître son style. Il a l’habitude de créer à l’aide des supports modernes comme la toile canvas et des logiciels de dessin. Les sujets introduits dans ses créations artistiques sont familiers parce qu’ils portent sur les problèmes de la société moderne. L'originalité de ses œuvres contribuent à rapprocher des personnages de la peinture folklorique du pays du public vietnamien et des amis internationaux.

Ainsi, de nos jours, chaque jeune artiste choisit son propre style pour préserver les valeurs culturelles des peintures folkloriques du pays. Certains décident de garder tous les éléments de cet art traditionnel, d’autres aiment dessiner d’une façon libre en utilisant quelques matériaux folkloriques. Malgré ces différences, ils contribuent tous à valoriser ces bonnes traditions et ces patrimoines immatériels ainsi qu’à édifier un environnement culturel pour la population.

Đinh Khánh Ly - Hoàng Việt Hà

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