Hôi An est un haut lieu touristique. Les visiteurs sont attirés par le charme de son vieux quartier aux maisons séculaires préservées dans leur jus, ses spécialités culinaires, ses lanternes colorées qui semblent être là depuis des lustres et qui donnent, le soir, une atmosphère à la fois feutrée et spectrale. Autant d'images emblématiques de la vieille ville. À cela s’ajoutent depuis plus de deux ans les chants traditionnels interprétés en soirée par des enfants.
Il est 19h. La terrasse du Musée de la culture Sa Huynh, rue Trân Phú, retentit des airs des chants folkloriques interprétés par des voix enfantines. Les touristes, tant nationaux qu’étrangers, sont de plus en plus nombreux à s’arrêter devant cette scène de spectacle agréable à voir et à écouter. Une douzaine de petits de 11-12 ans, assis en tailleur, chantent au rythme des claquements des mains de Phùng Thi Ngoc Huê, une chanteuse de la province de Quang Nam. «Les enfants ne doivent payer aucun sou. L’initiative de ce cours revient au Centre de la culture et des sports de Hôi An. L'objectif est de les initier à certains arts traditionnels locaux», informe-t-elle. Les gamins ont bien répondu, notamment les collégiens qui apprennent en groupes à tour de rôle.
Les chants sont accompagnés à la guitare par Duong Tân Sanh, vice-président de la Maison de représentation des arts traditionnels de Hôi An. Il participe depuis le début à cette initiative lancée en 2010. «Nous enseignons tous les soirs, quel que soit le temps. S’il pleut à verse, nous nous déplaçons dans la salle d’exposition du musée. Seules les inondations nous empêchent de nous réunir», sourit-il.
Phùng Thi Ngoc Huê et Duong Tân Sanh ne sont que deux des six artistes chargés de ces cours. «Je suis très heureux d'instiller la passion des enfants pour les chants traditionnels. C’est une autre façon de manifester leur amour pour leur village natal», confie un troisième enseignant, Nguyên Duong Quý, chef adjoint de l’Équipe d’information itinérante du Centre de la culture et des sports de Hôi An.
Des jeunes qui se piquent de musique traditionnelle
Nguyên Trân Tuyêt Nhung, élève de sixième au collège Nguyên Duy Hiêu, est ravi d'assister aux cours. «C’est amusant d’apprendre ici divers airs traditionnels de la localité. C’est comme une activité extrascolaire. Mes parents me soutiennent totalement, tant que cela n'a pas d'incidence sur mes résultats scolaires», témoigne-t-elle.
Elle fait partie du même groupe de Doàn Ngoc Tiên, un camarade de classe. «Mon grand frère y a participé il y a deux ans. C’est lui qui m’a encouragé à venir. À la fin de chaque cours, nous chantons devant les touristes», dit-il.
En réalité, le public est composé autant de touristes que d'habitants locaux. Nguyên Tân Ba est chauffeur de cyclo dans le vieux quartier. Chaque fois qu’il n’a pas de clients, il s’arrête au carrefour près du Musée de la culture Sa Huynh pour écouter les enfants chanter. «Ces activités culturelles sont très instructives pour la jeune génération. Il faut préserver les airs traditionnels qui s'accordent bien avec l'ambiance de la vieille ville», observe-t-il.
C'est dès les années 1990 que le Centre de la culture et des sports de Hôi An a décidé d'axer ses activités sur la conservation ou la relance des arts traditionnels et d'autres valeurs culturelles. En 2004, il a pris l'initiative d’insérer des cours de chants traditionnels dans le programme d’enseignement secondaire de la ville, en collaboration avec le service de l’éducation. En 2010, le Centre a ouvert ces cours de chants. «L'objectif est d'instiller chez les jeunes le goût pour la musique traditionnelle, tout en présentant celle-ci aux touristes de passage dans la ville», insiste Võ Phùng, directeur du Centre de la culture et des sports de Hôi An.
Ces spectacles vespéraux des enfants de Hôi An sont devenus une attraction incontournable, un nouvel attrait touristique local - et dieu sait si la ville en compte déjà beaucoup ! Pas besoin d’une grande connaissance en matière d’arts traditionnels, il suffit juste de venir l'esprit ouvert et de se laisser porter par l'ambiance...
Texte et photos : HÔNG NGA/CVN