Banque de politiques sociales : une décennie aux côtés des plus modestes

La Banque de politiques sociales vient de fêter son 10e anniversaire. Interview de Nguyên Van Binh, gouverneur de la Banque d’État du Vietnam qui en est le président du conseil d’administration.


Quels sont les résultats les plus marquants depuis la création de la Banque de politiques sociales (BPS) dans l’aide des personnes dans le besoin ?
Durant ces dix années de développement, la BPS s’est constamment efforcée de dépasser toutes les difficultés et de réaliser pleinement son objet. Elle participe directement au secteur bancaire du Vietnam et à l’accomplissement des tâches que le Parti et l’État lui confient, notamment soutenir le développement de l’économie nationale et améliorer le bien-être social. La banque s’est affirmée dans la lutte contre la pauvreté, ce qu’apprécient le gouvernement, les administrations comme la population. Cela fait dix ans qu’elle est aux côtés des démunis et autres personnes dans le besoin, notamment en mettant en œuvre avec succès ses programmes de crédit qui contribuent largement au développement socioéconomique du pays.
Il suffit de regarder les résultats de notre action : plus de 21,4 millions de foyers et personnes pauvres ont obtenu un crédit, plus de 2,9 millions de foyers sont sortis de la pauvreté grâce à son action, et elle est à l’origine de la création de près de 2,6 millions d’emplois. Elle a également assisté 98.000 personnes sans activité de foyers démunis à partir travailler à l’étranger. Elle a soutenu plus de 3 millions d’élèves et d’étudiants en difficulté afin qu’ils puissent poursuivre leurs études. La BPS a enfin participé à la construction de plus de 4,2 millions d’ouvrages d’adduction d’eau potable ou d’hygiène environnementale en zone rurale, de plus de 88.000 maisons résistantes aux crues dans le delta du Mékong, et de près de 484.000 maisons au profit de foyers et personnes dans le besoin.
Comment fonctionne la Banque de politiques sociales ?
La BPS possède aujourd’hui des actifs de 120.000 milliards de dôngs, soit 17 fois plus que lors de sa création, et un encours de crédits de 114.000 milliards de dôngs, soit 16 fois plus. Ces capitaux sont issus des dotations du budget de l’État, de ceux des localités, mais aussi d’organisations étrangères. Ces capitaux sont employés dans le cadre de politiques du crédit très précises qui prennent la forme de programmes, une vingtaine aujourd’hui. Ces programmes sont soumis à une réglementation stricte garantissant la remise des fonds à leurs destinataires, à l’échelon de la commune, et ce sous le regard des organisations sociopolitiques, des autorités locales et de la population, assurant ainsi une pleine transparence. En outre, la BPS coopère depuis le début avec toutes organisations sociopolitiques dans le transfert de technologies et de savoir-faire afin d’assurer le succès économique de l’opération financée. Le résultat est là puisque la grande majorité des foyers ont remboursé leur crédit au terme convenu grâce à l’amélioration de leurs conditions de vie. Et c’est pour cela que le ratio de créances douteuses de la BPS n’est que de près de 2%.

Ces dix dernières années, plus de 21,4 millions de foyers en difficulté ont bénéficié d’un prêt de la BPS.


Lutter contre la pauvreté est un objectif qui n’a de sens que s’il est durable. Que fait la BPS pour agir au profit de plus de personnes ou éviter une nouvelle paupérisation ?
Cela passe par plus de capitaux et un accès au crédit plus large. En dehors d’améliorer le décaissement des dotations budgétaires de l’État, la BPS conseille le gouvernement, la Banque d’État mais aussi les administrations publiques afin de mobiliser plus de capitaux pour augmenter ses capacités de crédit. La banque est de fait très active dans la recherche de financement sans intérêts ou à taux préférentiels comme dans la mobilisation de l’épargne de la population.
Ensuite, la banque s’est dotée d’un réseau d’antennes au niveau central comme local, améliore constamment ses politiques de crédits préférentiels, simplifie systématiquement les formalités administratives afin que le plus grand nombre de ceux qui sont dans le besoin puisse accéder à ses services. Ces efforts constants ont été récompensés par la confiance que la population place dans notre institution. On peut dire que la BPS développe un modèle de crédit spécifique qui répond simultanément à une meilleure garantie du bien-être social et au développement économique du pays.
La décision 852 du Premier ministre portant sur la stratégie de développement de la BPS prévoit qu’elle doit faire en sorte de satisfaire à tous les besoins. Quelles sont les mesures qui ont été prises ?
C’est en effet l’un des objectifs de la stratégie de développement de la BPS pour 2020 et, pour être plus précis, il s’agit ni plus ni moins que d’assurer un accès au crédit à 100% des foyers démunis et personnes dans le besoin. En outre, nous tenons compte également d’une nouvelle politique du crédit par le gouvernement concernant, cette fois, les foyers au seuil de la pauvreté, car son application devrait nous revenir a priori. Nous poursuivons naturellement cet objectif et, déjà, la croissance annuelle de notre encours de crédit est de 10%. Bien sûr, cela ne renforce que davantage la nécessité d’assurer à la BPS des actifs à la fois conséquents et stables. Sur ce point, c’est la Banque d’État qui entre en jeu afin que la BPS soit en mesure d’atteindre ses objectifs. D’une part, la Banque d’État du Vietnam poursuit sa coopération avec les divers organismes consultatifs du Premier ministre afin d’avancer des mesures de financement de l’activité de la BPS.
Ainsi, elle devrait avoir prochainement accès à des capitaux à un taux préférentiel et sur le long terme, comme des aides publiques au développement par exemple, mais aussi bénéficier de l’investissement public ou privé dans les programmes de bien-être social. D’autre part, la Banque d’État du Vietnam demande aux organismes de crédit publics, notamment ceux dans lesquels l’État est majoritaire, de maintenir 2% de leurs dépôts dans les livres de la BPS. Elle encourage de même toutes les autres banques domestiques à souscrire aux émissions d’obligations de cette dernière. Enfin, en tout état de cause, la Banque d’État du Vietnam est prête à la refinancer le cas échéant pour qu’elle puisse satisfaire à toutes les demandes de crédit fondées.

Bao Trân/CVN

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