Assurer la pérennité des espaces créatifs

Les espaces créatifs, de plus en plus nombreux, permettent au milieu artistique de se diversifier. Ces structures font toutefois face à des difficultés financières.

>>Des lieux pour inspirer artistes et entrepreneurs

Les espaces créatifs, en particulier ceux qui sont consacrés à la musique expérimentale, au cinéma et au design, permettent au public d’avoir plus facilement accès aux événements culturels et artistiques. La plupart des activités qui s’y déroulent sont gratuites.

Depuis l’ouverture de Ðom đóm et de CAMA ATK, deux salles de concert de Hanoi, les artistes qui pratiquent la musique expérimentale ont pour la première fois un espace où ils peuvent se produire régulièrement.

Également situé dans la capitale, Doclab est, quant à lui, devenu un lieu de rencontre pour les jeunes cinéastes. Ils sont formés aux techniques cinématographiques et à l’utilisation du matériel à un prix accessible. Doclab et TPD, un centre similaire, sont devenus une source d’inspiration et d’encouragement pour ces professionnels. Ils contribuent à élargir la communauté des jeunes cinéastes et à attirer davantage de public aux événements culturels présentés à Hanoi.

YxineFF, un forum cinématographique pour les amateurs de films vietnamiens, est aussi un espace créatif intéressant. Il a été lancé en 2010 afin d’organiser chaque année un festival de courts métrages en ligne. Aujourd’hui, ce forum se développe fortement tant dans le pays qu’à l’étranger.

YxineFF, Doclab et TPD offrent de nouvelles opportunités aux amateurs de septième art. Ces trois espaces prouvent que réaliser un film intéressant, artistique ou émouvant, qui met sur le devant de la scène une question sociale ou d’actualité, est possible. Le tout pour un faible coût.

Développement personnel

Comme ils facilitent l’accès aux activités culturelles et artistiques, les espaces créatifs contribuent au développement personnel. «Ils créent un environnement convivial et sécuritaire pour que les gens puissent se rencontrer, échanger des idées et se surpasser», partage Yoon Chi, membre de l’un des cours dispensés par le centre Life Art, une entreprise sociale implantée à Hanoi qui considère l’art comme un moyen de développement personnel. D’après Chi, dans un environnement ouvert et créatif, chaque individu peut plus facilement s’affirmer. «Life Art a changé ma vie. Je suis plus heureuse et j’ai beaucoup plus de confiance en moi», confie-t-elle.

Consultante en médias, Uyên Ly ajoute que «les galeries, studios et endroits liés au domaine artistique sont également des espaces créatifs. Si le nombre de ces établissements augmente, de plus en plus de gens auront l’occasion d’apprendre à se connaître eux-mêmes et, ainsi, de vivre une vie meilleure».

Professionnalisation du milieu

Malgré leur fonction nécessaire et appréciée du public, les espaces créatifs peinent à devenir des structures pérennes. Si de nouveaux ont certes ouvert, beaucoup d’autres ont dû fermer. Et ce pour plusieurs raisons, notamment financières.

Dans les années 1990-2000, nombre de projets artistiques et d’espaces créatifs ont bénéficié du soutien d’organisations étrangères. Depuis 2010, ces aides ont diminué à cause de la crise économique mondiale. Ils doivent donc trouver d’autres mécènes. Un exercice ardu dans le contexte actuel. Il faut aussi savoir que la plupart de ces espaces sont à but non lucratif. Ils sont en effet considérés comme des «parrains de l’art».

Saigon Hub a par exemple baissé le rideau en avril 2014 après un an d’activité. La structure n’arrivait pas à couvrir ses frais, notamment en raison du prix élevé de la location.

La galerie Mai, une partie de l’espace d’art Station 3A, à Hô Chi Minh-Ville.
Photo : Uyên Ly/CVN

Les portes de Station 3A, à Hô Chi Minh-Ville, sont elles toujours ouvertes. Toutefois, il est possible que le contrat de location, signé pour une durée de deux ans, ne soit pas renouvelé. En cause, une mauvaise situation financière.

À noter aussi que beaucoup d’espaces créatifs ont été lancés par un individu ou un petit groupe de passionnés, Manzi, Hanoi Rock City ou Saigon Outcast par exemple. Leurs fondateurs se sont beaucoup investis pour mener à bien leur projet. Sans forcément avoir la formation nécessaire.

Aujourd’hui, Manzi lutte pour sa survie. Ses fondateurs font tout leur possible pour assurer l’avenir de la structure. Ils ont ouvert un café, une galerie d’art et une boutique de souvenirs.

L’espace créatif ADC Academy, à Hô Chi Minh-Ville.
Photo : Uyên Ly/CVN

Saigon Outcast peut payer le salaire de ses employés grâce au bénéfice retiré de la vente de boissons. Mais les propriétaires n’arrivent pas encore à se verser de salaire. «Si l’on veut pérenniser les espaces créatifs, il faut former des gestionnaires d’arts expérimentés, qui savent travailler avec différents corps de métier et qui sont polyvalents», partage un expert.

Pour assurer la postérité des espaces créatifs, il est donc nécessaire de professionnaliser le milieu. Un défi que devront relever les pionniers du domaine. Espérons qu’ils y arrivent pour que l’espace créatif puisse s’affirmer dans l’art vietnamien !

A.M/CVN

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