Un savoir-faire cultivé près du fleuve Rouge

Symbole de prospérité, de santé et de longévité, le kumquat est un arbre décoratif prisé pour le Têt. Rencontre avec deux cultivateurs dans leur jardin, sur les bords du fleuve Rouge, à Hanoi.

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La saison n’a pas été bonne pour Nguyên Huy Hoàng. Ses kumquats sont parsemés de feuilles jaunies.

Difficile de suivre Nguyên Huy Hoàng au milieu des kumquats. Propriétaire d’un jardin de 1.000 m2 sur les bords du fleuve Rouge, dans le village de Tu Liên, il se déplace rapidement d’arbre en arbre, inspectant les feuilles et les fruits. Saisissant tantôt un tuyau d’arrosage, tantôt une pèle pour ajouter un peu de terre au pied du tronc.

«La période du Têt est très chargée, explique le cultivateur de 35 ans. Outre les soins à prodiguer aux arbres – ils doivent être arrosés deux fois par jour – j’accueille les familles et les représentants des entreprises dans mon jardin. Ils viennent y choisir le kumquat qui leur plaît. Ils l’installeront dans leur maison ou leur bureau pour le Nouvel An lunaire. C’est un symbole de prospérité, de santé et de longévité».

Durant la période qui précède le Têt, Nguyên Huy Hoàng, qui a repris l’exploitation de son père voilà sept ans, doit engager du personnel supplémentaire : «Le reste de l’année, je suis seul. J’ai même le temps de me consacrer à d’autres activités professionnelles, notamment dans le secteur de l’électricité». Petits, moyens ou grands, les arbres de Nguyên Huy Hoàng mesurent jusqu’à deux mètres. Mais cette année, lorsqu’il observe ses 400 kumquats, il fait grise mine : «La saison n’a pas été bonne. Les précipitations ont été trop abondantes en juin et en juillet. Des feuilles jaunies et des fruits d’un orange délavé parsèment mes arbres, alors qu’ils devraient être d’un vert et d’un orange éclatant. Je vais être obligé de les vendre moins cher qu’à l’accoutumée et il n’est pas sûr que j’arrive à écouler toute ma production».

Ronds ou naturels

À moins d’un kilomètre de là, en direction du fleuve Rouge, Pham Duy Thang a, lui, le sourire. Ses 1.000 kumquats, répartis dans sa propriété de 2.000 m2, sont fringants. La plupart des arbres sont d’ailleurs entourés d’une petite étiquette blanche, signe qu’ils ont déjà trouvé preneur. «Je cultive des kumquats depuis vingt ans, je commence à avoir l’œil», rigole l’agriculteur de 48 ans, qui se consacre exclusivement à cette activité et emploie quatre personnes tout au long de l’année.

Pham Duy Thang cultive des kumquats depuis vingt ans. Son savoir-faire est un gage de qualité.

Il souligne toutefois que 2014 a été une année lunaire. «Un mois intercalaire a été ajouté. Habituellement, la floraison des kumquats intervient en juin. Or, nous avons dû la décaler en juillet pour que les arbres se montrent sous leur meilleur jour pour le Têt».

Selon les demandes des clients, Pham Duy Thang donne des formes particulières à ses arbres. Certains sont ronds, réguliers, d’autres sont laissés au naturel. «Les entreprises préfèrent généralement les arbres ronds, commente-t-il. Quant à la taille, cela dépend de la place à disposition et du montant qu’on souhaite investir». Pour un petit kumquat, le prix oscille entre 500.000 et un million de dôngs, un moyen coûte environ 4 millions, un grand jusqu’à 20 millions.

Depuis quelques années, Pham Duy Thang propose aussi des oranges Canh (une espèce d’oranger originaire du village de Canh, arrondissement de Nam Tu Liêm), généralement offerts à la pagode ou à la maison communale à l’occasion du Têt. «Ils sont plus imposants que les kumquats et leurs fruits sont sucrés», dit-il. Le prix peut monter jusqu’à 50 millions de dôngs pour un couple.

Kumquats «recyclés»

Les kumquats doivent être arrosés deux fois par jour, matin et soir.

Après le Têt, les kumquats de petite taille sont généralement jetés. Mais pas les arbres les plus imposants. «Nous proposons à nos clients d’aller les rechercher et nous les replantons dans notre jardin, dit Pham Duy Thang. Les familles qui acceptent bénéficient d’une réduction sur le prix d’achat». Un recyclage bienvenu au vu du temps nécessaire à la croissance des kumquats et à l’augmentation du prix des semences. Pham Duy Thang fait partie de ceux qui cultivent leurs propres semences, gage de savoir-faire et de qualité. Il ne cache du reste pas son «attachement à ce métier traditionnel», qu’il compte poursuivre tant qu’il possède un terrain où faire pousser ses kumquats. Mais il ne sait pour combien de temps encore.

Texte et photos : Angélique Rime/CVN

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