>>Pallier au manque de professionnels
Des étudiants volontaires soignent des petits handicapés au Centre de patronage des enfants handicapés et orphelins de Thi Nghè, à Hô Chi Minh-Ville. |
Le Centre de patronage des enfants handicapés et orphelins de Thi Nghè, à Hô Chi Minh-Ville, prend actuellement en charge 200 enfants défavorisés. Nguyên Van Thành, un responsable du centre, fait savoir que plusieurs élèves du centre sont handicapés ou autistes.
Armés d’un dévouement sans faille, les éducateurs et éducatrices spécialisés consentent de gros efforts pour aider les enfants dans leur réhabilitation fonctionnelle, mais aussi à étudier, dans l’objectif qu’ils trouvent leur place dans la société. «En dehors des heures d’études, ces enfants participent à des jeux collectifs et créatifs qui leur permettent d’améliorer leurs connaissances et capacités de communication…», fait savoir Trân Thi Vy, une éducatrice de ce centre.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’enfance au Vietnam (UNICEF), les éducateurs spécialisés sont essentiels pour les enfants défavorisés qui éprouvent souvent les plus grandes peines du monde à s’intégrer. Malheureusement, au Vietnam, la couverture du service d’éducation spécialisée - qui comprend donc des éducateurs, mais aussi des pédiatres et des psychologues - est pour l’instant limitée, puisque ce service est fourni essentiellement dans le cadre d’aides financières, de projets, ou encore dans les centres de protection sociale mis en place par ces mêmes projets, la plupart du temps locaux. Le projet 32 sur le soutien et le développement du métier d’éducateur spécialisé a toutefois le mérite d’exister, et nul doute qu’une fois généralisé au niveau national, il sera d’une grande aide pour pallier à ce manque et développer les politiques du gouvernement sur la garantie de la protection sociale.
Un réseau insuffisant
En 2010, sitôt sa mise en œuvre effectuée, 40 universités et écoles supérieures ont mis en place un cursus de formation en éducation spécialisée. Et plus de 32 centres d’assistance sociale ont été créés, portant leur nombre à 430, lesquels disposent d’un contingent de 10.000 cadres. «Ce projet vient affirmer le rôle et l’importance du métier d’éducateur spécialisé», affirme Nguyên Van Hôi, chef du Département de la protection sociale du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales. D’après Lê Chu Giang, chef du Bureau de la protection sociale du Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales de Hô Chi Minh-Ville : «Les besoins en personnel dans ce secteur sont proportionnels à la population de la localité».
En effet, la ville compte à l’heure actuelle 400.000 personnes âgées, 44.352 handicapés, 20.000 enfants en situation difficile, et environ 130.000 ménages vivant sous le seuil de pauvreté. Quatre ans après la mise en œuvre du projet 32, Hô Chi Minh-Ville a institué un réseau d’éducateurs et d’éducatrices de qualité, qui aujourd’hui se densifie. Pourtant, Lê Chu Giang informe que la mégapole du Sud ne compte que 5.000 éducateurs employés répartis dans ses 90 établissements de protection sociale. Les effectifs ne répondent pas aux besoins croissants de la ville.
«En plus de faire preuve d’une grande responsabilité au quotidien, les éducateurs et éducatrices doivent étudier continuellement pour améliorer leurs compétences professionnelles afin d’aider au mieux ces enfants. Le manque d’effectifs +officiels+ contraint le centre à travailler avec des collaborateurs», déplore M. Trung, directeur du Centre de patronage des enfants handicapés et orphelins de Thi Nghè.
Des conditions de travail difficiles
Les responsables des Centres de protection sociale se plaignent aussi du manque de politiques de subvention ou d’encouragement, qui a pour effet le développement insuffisant du contingent de collaborateurs en question.
Hô Chi Minh-Ville compte à l’heure actuelle 400.000 personnes âgées, 44.352 handicapés, 20.000 enfants en situation difficile, et environ 130.000 ménages vivant sous le seuil de pauvreté. |
De plus, les professionnels sont confrontés à leur lot de difficultés, voire de risques lorsqu’il s’agit de prendre en charge des personnes atteintes de troubles psychiatriques ou des toxicomanes, au comportement parfois imprévisible. «Voilà pourquoi il faut absolument adopter des politiques d’encouragement à l’intention des collaborateurs», martèle Huynh Thi Bau, directeur adjoint du Centre des services sociaux de la province de Long An (Sud).
De son côté, Vo Công Nhân, directeur du Centre des services sociaux de la province de Bên Tre (Sud), partage qu’en attendant la mise en application des politiques pour les éducateurs et éducatrices, l’établissement qu’il dirige envisage de mobiliser les cadres des comités, branches de la province afin de prendre les devants. Dans le prolongement de cette idée, Mai Thi Hông Xuân, responsable du Centre des services sociaux de la province de Bên Tre, informe qu’afin d’élargir le réseau de collaborateurs, les autorités de Bên Tre cherchent à obtenir des sources de financement.
Aux difficultés de personnel, viennent se greffer celles relatives aux infrastructures et équipements de ces établissements, à mille lieux de ce que les personnes prises en charge sont en droit d’attendre. Illustration avec le Centre de protection sociale de la province de Long An, qui accueille et soigne essentiellement des personnes atteintes de troubles psychiatriques. La pénurie en équipements spécifiques rend les soins très compliqués. Dans ce cas, il est aisé de comprendre que les éducateurs spécialisés, aussi compétents soient-ils, ne peuvent faire de miracles.
Un espace de loisirs
En réponse au projet 32 du gouvernement, le Centre de patronage des enfants handicapés et orphelins de Thi Nghè a mis sur pied un espace de loisirs réservé aux enfants handicapés. Il a également organisé des séances thérapeutiques et un cours d’apprentissage. Le centre en question envisage d’étendre cet espace sur une superficie de 1.300 m² et de construire une piscine au service de la réhabilitation fonctionnelle de ces enfants.