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Récolte de riz dans le district de Câu Kè, province de Trà Vinh. |
Photo : Huy Hoàng/VNA/CVN |
Les changements climatiques se font sentir. Afin d’y faire face, la province de Trà Vinh, dans le delta du Mékong, a mis en place un système de riziculture intensive (SRI). Après deux ans de production à titre expérimental, les résultats sont encourageants. Le Service de l’agriculture et du développement rural de Trà Vinh a donc décidé d’appliquer cette méthode sur 35 ha de terre dans les districts de Câu Kè, Tiêu Cân et Câu Ngang. Aujourd’hui, 50 foyers la pratiquent. À noter que les cultivateurs qui souhaitent faire le pas bénéficieront d’aides techniques de la part du secteur agricole de la province.
Le système de riziculture intensive est une option prometteuse pour résoudre les problèmes liés au manque d’eau pour l’irrigation. Elle se base sur le principe de l’irrigation minimum et permet d’économiser 40% d’eau par rapport à une culture traditionnelle. Un seul plant de riz peut comprendre jusqu’à 70 fois plus de tiges. Ainsi, une petite surface suffit pour une grande production.
On estime qu’avec le SRI, la production est au minimum doublée. Le rendement est augmenté aussi bien avec des variétés traditionnelles qu’avec des variétés génétiquement modifiées. Le SRI permet aussi d’utiliser jusqu’à dix fois moins de semence.
Thach Vuông, domicilié dans la commune de Hoà An, district de Câu Kè, est l’un des riziculteurs utilisant cette méthode. «Les frais en termes d’engrais, d’eau, et de produits chimiques sont réduits. Pour produire 1 kg de paddy, on ne dépense que 2.100 dôngs, contre 3.100 dôngs avec les méthodes traditionnelles, détaille-t-il. Le rendement moyen est aussi plus élevé: 7,5 tonnes par ha contre 5,5 tonnes».
Trà Vinh compte 7.000 ha de terres qui se trouvent loin des ouvrages hydrauliques et sont menacés par la salinisation des sols. Il est difficile d’y produire trois récoles par an.
Stations de mesure de la salinité
Parallèlement au SRI, la province de Trà Vinh vient de déployer un projet d’adaptation au changement climatique pour la période 2014-2020. Il est financé par le Fonds international de développement agricole (IFAD en abréviation anglaise).
Ce projet est mis en œuvre dans 30 communes de sept districts, avec un fonds total de 518 milliards de dôngs, dont 231 milliards de dôngs de prêts à taux préférentiel et 126 milliards de dôngs d’aides non remboursables. Le reste provient de fonds publics et de la contribution d’habitants.
Il permettra de construire des infrastructures rurales adaptées aux changements climatiques, notamment seize stations d’observation et de mesure de la salinité, et ainsi de réduire les conséquences des catastrophes naturelles. Il favorisera également la création de modèles de production agricole et aquicole à haut rendement, ainsi que de micro-financements pour épauler ceux qui sont dans le besoin. Selon les prévisions, ce projet sera profitable à au moins 62.500 foyers pauvres en zone rurale.
«L’objectif est d’aider la communauté à s’adapter aux changements climatiques et à promouvoir des moyens de subsistance durable pour les démunis en zone rurale, notamment les Khmers», souligne Son Thi Anh Hông, vice-présidente du Comité populaire de Trà Vinh.
Un exemple concret, dans la commune de Hiêp Thanh, district de Duyên Hai, la mer a gagné de 500 à 800 m sur le littoral au cours de ces cinq dernières années. Plus de 120 ha de terre ont été submergés. La salinisation a gravement affecté la production et la vie de la population locale. Selon les experts, Trà Vinh serait la localité la plus touchée par la montée du niveau de la mer et par la salinisation des sols. Si le niveau de la mer montait d’un mètre, 45,7% de la superficie de Trà Vinh serait submergée.
Un ouvrage hydraulique dans la province de Trà Vinh. |
Depuis 2010, grâce aux aides financières des ONG, un système de digues et de barrages pour empêcher l’arrivée de grandes vagues et protéger 10.000 ha de terres agricoles a été construit dans la province de Bên Tre. Des arbres ont été plantés sur plus de 200 ha sur le littoral des districts de Thanh Phu, Ba Tri et Binh Dai. Actuellement, Bên Tre se focalise sur cinq projets importants pour faire face aux impacts des changements climatiques.
Cheptel bovin décuplé à Soc Trang
Outre Trà Vinh, la province de Soc Trang fait également face aux changements climatiques. «Différents modèles de production, adaptés en fonction de l’environnement, ont été appliqués dans cinq régions», informe Dào Duy Su, chef adjoint de cabinet du Service de l’agriculture et du développement rural de la province de Soc Trang.
Parmi ces modèles, l’élevage de vaches laitières est le plus efficace. Ce type d’exploitation s’adapte bien aux changements climatiques et contribue à la réduction de la pauvreté. Actuellement, le cheptel bovin s’élève à 4.700 spécimens, contre 477 en 2004. Entre 16 à 18 tonnes de lait sont produites par jour, ce qui permet de gagner entre 45 et 50 millions de dôngs par bête par an.
Récemment, l’organisation non gouvernementale Heifer, œuvrant dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage, a accordé 20 milliards de dôngs au projet de développement du cheptel bovin de Soc Trang. Selon les prévisions, environ 8.000 foyers en bénéficieront. Quelque 2.000 familles recevront deux vaches laitières, les autres participeront aux formations sur la technique de l’élevage des vaches laitières.
Dans toutes les provinces du delta du Mékong, les habitants ont à cœur de restructurer le domaine agricole pour s’adapter aux changements climatiques. Pourtant, cette région manque de moyens financiers.