>>Yémen : pas de sortie de crise suite aux discussions
Juste avant l'annonce de cet accord survenue tard le soir, les autorités yéménites ont décrété un couvre-feu nocturne dans le Nord de Sanaa, où les affrontements ont provoqué la suspension des vols internationaux et paralysé la capitale.
Des rebelles chiites gardent une rue près de l'aéroport de Sanaa, le 20 septembre. |
"Après des consultations intensives avec toutes les parties politiques, y compris Ansaruallah (les rebelles chiites), un accord a été conclu pour résoudre la crise actuelle au Yémen (...)", a indiqué M. Benomar dans un communiqué.
Il n'a néanmoins pas précisé si cet accord impliquait une trêve à Sanaa où les heurts entre les rebelles d'Ansarullah et les combattants du parti sunnite al-Islah ont fait depuis jeudi 18 septembre des dizaines de morts parmi les combattants et une vingtaine de morts civils.
M. Benomar négociait depuis trois jours un cessez-le-feu avec le chef de la rébellion, Abdel Malek al-Houthi, dans son fief de Saada, dans le nord du Yémen.
Dans le communiqué, il a précisé que des préparatifs étaient en cours pour la signature d'un accord qui sera "un traité national permettant de faire avancer le processus pacifique" au Yémen.
M. Benomar a regretté la poursuite des violences et affirmé que le "temps est venu pour toutes les parties de faire prévaloir l'intérêt de la nation sur les considérations partisanes (...)".
Deux précédents accords de sortie de crise annoncés ces dix derniers jours par les autorités n'avaient pas été suivis d'effet.
Sanaa paralysée
Aucune indication n'a été donnée sur les termes de cet accord qui survient après l'annonce d'un couvre-feu de 21h00 jusqu'à 06h00 locales (18h00 à 03h00 GMT) dans les quartiers de Chamlane, Al-Madhbah, Thahabat et Balaa. Il n'a pas été précisé jusqu'à quand cette mesure sera appliquée.
Un rebelle chiite près de l'aéroport de Sanaa, le 20 septembre. |
Les combats ont provoqué la suspension depuis vendredi 19 septembre des vols des compagnies étrangères à l'aéroport de Sanaa, ainsi que la fermeture des écoles jusqu'à nouvel ordre et des universités jusqu'à la mi-octobre.
Le plus grand marché de la capitale, le Souk Ali Mohsen est fermé depuis trois jours, ce qui commence à affecter l'approvisionnement en fruits et légumes, selon les habitants restés terrés chez eux.
Le siège de la télévision publique, situé dans la zone des combats, a été de nouveau samedi soir la cible de tirs, provoquant la suspension pendant une heure des émissions des trois chaînes de la télévision.
Les animateurs de ces stations ont indiqué à l'antenne qu'ils étaient la cible de tirs nourris des rebelles. Ils ont appelé à l'aide en indiquant que plusieurs employés avaient été blessés. Une partie du siège de l'audiovisuel public a pris feu, selon des témoins.
La reprise des émissions s'est faite d'un autre siège des télévisions publiques, selon des responsables.
«Tentative de coup d'État»
Cité par les médias, le président Abd Rabbo Mansour Hadi a qualifié de "tentative de coup d'État" l'offensive des rebelles à Sanaa, voyant dans les tirs contre le siège de la télévision publique visé également la veille, et d'autres installations publiques, l'illustration de cette démarche putschiste.
Depuis plus d'un mois les rebelles campent avec leurs partisans dans et autour de Sanaa pour réclamer l'éviction du gouvernement accusé de corruption, un droit de regard sur la nomination des ministres et un accès à la mer.
Soupçonnés de vouloir élargir leur zone d'influence dans le futur État fédéral qui doit compter six provinces, les rebelles -dits Houthis- semblaient décidés à en découdre avec leur rival d'al-Islah qu'ils accusent d'avoir tenté de s'mplanter à Saada.
Ils cherchent aussi à capitaliser sur leur succès militaires pour obtenir satisfaction complète de leurs demandes auprès du pouvoir.
Les rebelles avaient rejeté en août une proposition du président Hadi portant sur la nomination d'un nouveau Premier ministre et la réduction d'une augmentation controversée des prix du carburant, deux de leurs principales revendications.
Le Yémen est englué dans la crise depuis le départ en février 2012 de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, après onze mois de contestations de rue. Pays très pauvre de la Péninsule arabique, il fait aussi face à l'agitation de séparatistes dans le Sud et à des violences endémiques provoquées par Al-Qaïda.
Les houthis sont issus du zaïdisme, une branche du chiisme majoritaire dans le nord du Yémen, alors qu'à l'échelle nationale, les sunnites sont prédominants.
AFP/VNA/CVN