Nicolas Sarkozy revient pour "réinventer" la politique

Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi 19 septembre sa candidature à la présidence de l'UMP, première étape vers la reconquête de l'Élysée, qu'il ambitionne de reprendre en 2017 au nom du "sursaut" d'une France en "désarroi".

Dans une longue déclaration diffusée sur son compte Facebook, et relayée sur Twitter, l'ancien président, battu le 6 mai 2012 par le socialiste François Hollande, assure avoir tiré "les leçons" de son mandat et affirme "écarter tout esprit de revanche ou d'affrontement".
Sans jamais désigner l'UMP par son nom, comme un acte de décès, Nicolas Sarkozy dit vouloir "réinventer" avec "force" et "sincérité" la politique et appelle de ses voeux "un nouveau et vaste rassemblement" dépassant "les clivages traditionnels qui ne correspondent plus aujourd'hui à la moindre réalité". Une "ouverture" nouvelle manière, qui paraît viser autant la droite et le centre que la gauche, pour "bâtir la formation politique du XXIe siècle".

Nicolas Sarkozy a annoncé le 19 septembre sa candidature à la présidence de l'UMP, première étape vers la reconquête de l'Élysée.
Nicolas Sarkozy a annoncé le 19 septembre sa candidature à la présidence de l'UMP, première étape vers la reconquête de l'Élysée.

L'élection à la présidence de l'UMP se déroule le 29 novembre. Un second tour est prévu le 6 décembre si nécessaire. Le parti est dirigé par un triumvirat composé des anciens Premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, avec Luc Chatel au poste de secrétaire général, depuis la démission forcée de Jean-François Copé en mai dernier sous le poids du scandale Bygmalion, un système présumé de fausses facturations durant la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

"De fond en combe"

Nicolas Sarkozy, qui présida l'UMP de novembre 2004 à mai 2007, affrontera l'un de ses anciens ministres, Bruno Le Maire, et le député Hervé Mariton lors de l'élection de novembre. Ce sont les militants de l'UMP, majoritairement acquis à Nicolas Sarkozy, qui se prononceront. L'issue du scrutin ne fait guère de doute, bien que Bruno Le Maire promette "une surprise".
En 2004, Nicolas Sarkozy avait été plébiscité par plus de 85% des militants lorsqu'il avait conquis une première fois l'UMP. L'ancien président, qui a déjà constitué son équipe de campagne autour de Frédéric Péchenard, ancien directeur général de la Police nationale, et a rallié ou débauché nombre de soutiens à droite, proposera, écrit-il, de transformer le mouvement "de fond en comble".
L'ancien président, qui projette d'aller à la rencontre des Français, tiendra son premier meeting jeudi prochain à Lambersart (Nord), près de Lille, a annoncé le député UMP du Pas-de-Calais Danielle Fasquelle sur Twitter.
Son objectif : "créer, dans un délai de trois mois, les conditions d’un nouveau et vaste rassemblement qui s’adressera à tous les Français, sans aucun esprit partisan". "Ce vaste rassemblement se dotera d'un nouveau projet, d'un nouveau mode de fonctionnement adapté au siècle qui est le nôtre et d'une nouvelle équipe qui portera l'ambition d'un renouveau si nécessaire à notre vie politique", écrit-il.
Nicolas Sarkozy, qui avait dit sa volonté de se retirer de toute activité publique de sa défaite, explique s'être donné depuis "le temps de la réflexion", de l'autocritique "sans concession" aussi, qui lui aurait permis de "mesurer la vanité de certains sentiments".
Dans cette tribune, il offre de lui l'image d'un dirigeant qui aurait gagné en recul, en pondération et en sagesse, alors que les traits d'image qui ont pesé sur son quinquennat (impulsivité, intranquillité présumées...) sont encore cités comme rédhibitoires dans les enquêtes d'opinion.

"Une marée inexorable"

À une droite en lambeaux, minée par les rivalités intestines depuis la désastreuse élection à la présidence de l'UMP de 2012 qui opposa Jean-François Copé à François Fillon, Nicolas Sarkozy appelle à "tourner la page des divisions et des rancunes". Mais c'est avant tout aux Français que Nicolas Sarkozy s'adresse, augurant d'une autre campagne, celle pour la présidentielle de 2017.
L'ancien président ne dit mot de l'échéance, ni de la primaire d'investiture prévue en 2016 à droite, une révolution dont il ne voulait pas et à laquelle on attend toujours son ralliement officiel.
Endossant le rôle du chef de l'opposition, face à Alain Juppé et François Fillon, ses deux plus sérieux rivaux pour la primaire, Nicolas Sarkozy, qui dit avoir échangé avec les Français "sans le poids du pouvoir qui déforme les rapports humains", critique sans le nommer le bilan de François Hollande.
"J'ai vu monter comme une marée inexorable le désarroi, le rejet, la colère à l'endroit du pouvoir, de sa majorité mais plus largement de tout ce qui touche de près ou de loin à la politique", dit-il. "J'aime trop la France, je suis trop passionné par le débat public et l'avenir de mes compatriotes pour les voir condamnés à choisir entre le spectacle désespérant d'aujourd'hui et la perspective d'un isolement sans issue", souligne-t-il.
"Ce serait une forme d'abandon que de rester spectateur de la situation dans laquelle se trouve la France", ajoute-t-il. "Ensemble (...) nous rendrons possible le sursaut dont nul ne peut douter de la nécessité et de l'urgence", conclut Nicolas Sarkozy dans une harangue gaullienne.

AFP/VNA/CVN

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