>>Valls chez Merkel à Berlin pour une délicate mission de conviction
"Je veux dire aux Allemands, les réformes nous allons les faire", a martelé le Premier ministre français lors d'une conférence de presse commune à l'issue d'un déjeuner des deux dirigeants.
Pour sa première visite officielle en Allemagne - synonyme d'honneurs militaires à Berlin-, il est venu présenter à la chancelière les projets de réformes de son gouvernement et plaider pour que la première économie européenne investisse davantage pour relancer la croissance.
Le Premier ministre français Manuel Valls et la chancelière allemande Angela Merkel, lors d'une conférence de presse, le 22 septembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sur le premier point, la chancelière lui a reconnu un programme "impressionnant" de réformes qui, "selon ce que j'en sais, touchent à des domaines importants qui au final vont décider de la compétitivité" des entreprises françaises. Et elle lui a souhaité "bonne chance" pour leur mise en oeuvre.
Mais sur l'investissement, Mme Merkel a de nouveau douché les espoirs d'une hausse des dépenses publiques en Allemagne, estimant qu'il existait "beaucoup de possibilités de créer de la croissance sans argent supplémentaire".
"Krankreich"
Une position souvent répétée ces dernières semaines par les dirigeants allemands, alors que la France n'est pas la seule à venir frapper à leur porte, au motif que l'Allemagne aurait plus de marges de manoeuvre que ses partenaires.
Rome aussi aimerait que l'Allemagne en fasse plus, le secrétaire d'État américain au Trésor Jack Lew a dit peu ou prou la même chose à Cairns en Australie ce weekend, le Fonds monétaire international (FMI) est coutumier du message. Mais pour Berlin l'objectif d'un budget fédéral à l'équilibre l'an prochain a priorité absolue.
Berlin reconnaît certes le besoin d'investissement pour faire repartir la machine économique mais préfère stimuler l'investissement privé. Mme Merkel a ainsi évoqué lundi 22 septembre des possibilités d'investissement dans l'économie numérique.
Le Premier ministre socialiste avait dit son espoir de "changer les choses en Europe" avant ce voyage considéré comme le plus important depuis son entrée en fonction.
"Nous devons les uns et les autres assumer nos responsabilités", a plaidé M. Valls, qui n'était pas en position de force, alors que Paris a dû retarder de deux ans, à 2017, le retour de son déficit budgétaire dans les clous du pacte de stabilité et de croissance.
L'opinion allemande n'est d'ailleurs pas tendre avec son premier partenaire commercial.
"Il faut être effronté pour dire que +plus d'économies cela n'est pas faisable+, c'est une gifle pour les Grecs et les Portugais qui ont dû accepter une baisse de leurs retraites", estimait Herbert Reul, président du groupe conservateur allemand (CDU/CSU) au parlement européen, résumant l'état d'esprit à Berlin.
"Krankreich flop, Deutschland top", écrivait lundi 22 septembre le quotidien Bild, le plus lu d'Europe, en inventant une contraction des mots "krank" (malade) et "Frankreich" (la France).
Doutes et interrogations
"Je comprends les doutes et les interrogations du peuple allemand, de ses représentants, de la presse allemande parfois", a assuré M. Valls. Il a appelé à plus de compréhension de l'Allemagne envers la France : "les Allemands aiment la France qui tient ses engagements, les Français aiment l'Allemagne qui sait les comprendre", a-t-il dit.
Mme Merkel a estimé que ce n'est pas l'Allemagne mais la Commission européenne qui allait être amenée à porter un jugement sur le programme français de réformes. Bruxelles "examinera ce qui se passe en France, ce qui y est fait", a-t-elle dit.
Après sa rencontre avec la chancelière, M. Valls s'est envolé vers Hambourg (Nord) pour visiter une usine Airbus. Il devait y rencontrer le ministre de l'Économie, Sigmar Gabriel, leader d'un parti social-démocrate (SPD) qui semble plus clément à l'égard de la France, même s'il gouverne avec les conservateurs de Mme Merkel.
Mardi 23 septembre, Manuel Valls tentera de faire passer son message auprès des patrons de l'industrie allemande (BDI) qui tiennent leur conférence annuelle, dernière étape de sa visite de deux jours.
AFP/VNA/CVN