Pour la première fois, la croissance des exportations de produits textiles vietnamiens ne s'est arrêtée qu'à un chiffre en 2009, soit seulement 1% (plus de 9,1 milliards de dollars). Mais il s'agit déjà d'un résultat encourageant, surtout lorsque la croissance de la plupart des articles d'exportation clefs du Vietnam était négative.
Malgré la baisse des exportations nationales vers les marchés principaux comme les États-Unis et l'Union européenne, celles vers le Japon, la Corée du Sud, l'Australie, le Canada, Singapour... se sont accrues, grâce notamment à la mise en œuvre de la politique de réduction et d'exonération d'impôts dans le cadre de l'Accord de partenariat économique Vietnam-Japon (VJEPA) et à l'extension des débouchés. Aux États-Unis, qui occupent 55% des parts de marché du textile vietnamien, la valeur des exportations n'a même pas atteint les 5 milliards de dollars en 2009, contre 5,4 milliards en 2008, soit une baisse de 5%. Malgré cette diminution, le textile vietnamien s'est mieux porté que celui d'autres pays exportateurs comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie, la Thaïlande... qui ont affiché un recul de 10% à 25%. Il ne faut omettre le fait que le prix moyen a été réduit de 10-15%. C'est ce qui explique que la valeur totale des exportations a diminué, malgré l'augmentation de la quantité des marchandises vendues à l'étranger.
Selon l'Association des producteurs textiles du Vietnam (VITAS), les importations de tissus et de matières premières pour cette industrie en 2009 ont fortement chuté par rapport à 2008, soit respectivement de 6,4% (4,17 milliards de dollars d'importations) et de 20% (1,081 milliard). Ce qui n'a cependant pas empêché la valeur des exportations d'augmenter légèrement. Cela montre que la production d'accessoires dans le pays a augmenté par rapport à 2008. Le taux de valeur ajoutée du secteur est passé de 41,8% en 2008 à 46,42% en 2009. D'où une hausse de la valeur apportée, c'est-à-dire que le secteur a exporté plus qu'il n'a importé.
Une année pleine de promesses, mais aussi de défis
Dans la dernière mise à jour en date de ses prévisions mondiales, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance mondiale de 3,9% en 2010 alors qu'il anticipait une progression de 3,1% en octobre 2009. L'économie d'un certain nombre de pays, qui est sortie de la crise, commencerait à reprendre. Le besoin de consommation devrait s'améliorer. D'où l'espoir d'un nouvel essor pour la fabrication et les exportations de produits textiles.
De plus, à cause des frais de production élevés, la confection dans certains marchés comme l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale, les Caraïbes et l'Europe de l'Est affiche une tendance à la baisse et se tourne davantage vers l'Asie où la main-d'oeuvre est abondante et moins chère. Ainsi, le Vietnam devient-il actuellement la terre promise de bien des sociétés et importateurs, notamment grâce à la compétitivité allant croissante, aux technologies de fabrication avancées et à la qualité des produits textiles à la hausse. Ces paramètres font que les produits sont de plus en plus appréciés des importateurs américains. Fort de ces signes très positifs, le secteur national prévoit une valeur des exportations d'environ 10,5 milliards de dollars et une croissance de 12% cette année. De nombreuses entreprises vietnamiennes ont déjà reçu des commandes de production jusqu'à la fin du 2e trimestre 2010, tandis qu'elles cherchent toujours à conclure de nouveaux contrats sur les premiers mois de l'année...
Outre ces paramètres favorables, l'industrie textile nationale devrait avoir pas mal de défis à relever, dont le plus important concerne la grave pénurie de main-d'oeuvre. "En ce début d'année, nous n'avons pu recruter qu'environ 10% des 8.000-10.000 ouvriers dont nous avons besoin", se plaint Nguyên Ánh Nhât, chef d'atelier du Groupe de fabrication des produits textiles du “19 mai”, implanté à Hanoi.
Par ailleurs, les barrières commerciales et les nouvelles réglementations mises en place dans plusieurs pays devraient continuer à freiner les exportations vietnamiennes en 2010. Selon VITAS, le prix unitaire d'exportation du prêt-à-porter vietnamien aux États-Unis a accusé la plus forte baisse en 2009 (près de 20%) parmi les exportateurs de ce marché. Parce que les entreprises nationales ont dû accepter des commandes au rabais pour maintenir leur production et leur effectif. Afin d'entretenir sa clientèle, VITAS conseille aux entreprises vietnamiennes d'établir des partenariats stratégiques avec de grands commerçants au détail et importateurs mondiaux pour participer à leurs chaînes de partenariat en vue de stabiliser les commandes et de s'acquérir de leurs expériences et de leur savoir-faire dans la gestion et le commerce. Outre cela, les entreprises doivent reconduire les solutions destinées à simplifier et à moderniser la production, à réduire les dépenses de l'input... pour augmenter le rendement et la qualité de l'industrie textile afin d'assurer la pérennité des emplois. "Une fois que des mesures plus énergiques seront prises, non seulement pour maintenir la clientèle et la production, mais aussi pour conclure de nouveaux contrats, les entreprises vietnamiennes pourront tabler sur une valeur des exportations de plus de 10,5 milliards de dollars en 2010 et de 17-18 milliards en 2015", estime Lê Quôc Ân, président de VITAS.
Hoàng Minh/CVN
(27/02/2010)