Une année difficile de négociations sur le climat s'ouvre à Bangkok

Le signal du départ pour les négociations sur le climat a été donné officiellement le 5 avril à Bangkok avec, en ligne de mire, la conférence de Durban fin 2011, où seront abordés des dossiers explosifs comme le Protocole de Kyoto, jusqu'à présent soigneusement laissés sous le tapis.

Ces pourparlers redémarrent, quatre mois après l'accord de Cancun (Mexique), dans un contexte marqué par la crise nucléaire au Japon et ses conséquences, potentiellement négatives, sur la lutte contre le réchauffement de la planète. "Pour que Durban soit un succès, il faudra aborder les questions politiques qui n'ont pas reçu de réponse" à Cancun, a averti la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, lors de la cérémonie d'ouverture.

Les questions épineuses avaient été mises sur le côté lors des pourparlers de Cancun. L'objectif était avant tout de remettre sur les rails le processus de négociation, décrédibilisé par le quasi-fiasco de Copenhague fin 2010. L'accord mexicain porte du coup essentiellement sur la création de plusieurs institutions, comme un Fonds vert pour aider les pays plus vulnérables à faire face au changement climatique.

Il faudra rendre ces organes opérationnels, a prévenu Mme Figueres aux négociateurs de près de 190 pays réunis jusqu'au 8 avril, pour ce premier round des discussions préparatoires au grand rendez-vous annuel du climat. Mais cela ne suffira pas. Et parmi les dossiers chauds, "le plus important est le niveau d'ambition et la nature légale des engagements portant sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre (GES) après 2012", a-t-elle affirmé.

En d'autres termes, l'avenir du Protocole de Kyoto, seul traité légalement contraignant en vigueur aujourd'hui sur le climat.

Le texte fixe jusqu'en 2012 des objectifs chiffrés de réduction d'émissions de GES pour les pays industrialisés, à l'exception notable des États-Unis qui ne l'ont pas ratifié. Mais la plus grande incertitude règne sur la suite. Les pays en développement exigent que les plus riches restent liés dans leurs engagements par ce traité, au nom de leur "responsabilité historique" dans le changement climatique.

Or, certains d'entre eux, comme le Japon, refusent de signer une deuxième période d'engagement. "Il est cependant essentiel que les parties trouvent un moyen d'avancer sur cette question", a insisté Mme Figueres.

Lors de la plénière d'ouverture, les pays en développement ont réaffirmé leurs attentes : "À Durban, nous devrons adopter une décision sur une deuxième période qui irait de 2013 à 2017", a lancé la déléguée de la Grenade, Dessima Williams.

"L'urgence du défi climatique signifie que nous devons relever le niveau d'ambition des pays développés", a-t-elle ajouté.

Pour l'heure, les engagements pris en matière de réduction de leurs émissions de GES par les différents pays sont loin de permettre de maintenir la hausse du baromètre mondial à 2°, un objectif pourtant réaffirmé dans l'accord de Cancun. Et le contexte, lié à la crise nucléaire au Japon, pourrait encore rendre plus difficile la lutte contre le réchauffement.

Le chef économiste de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, a récemment estimé que l'abandon partiel du nucléaire qui pourrait en découler entraînerait une hausse des émissions de 0,5 gigatonne supplémentaire de CO2 en 2035, soit "cinq années de croissance des émissions mondiales".

Par ailleurs, le Japon a fait savoir qu'à la lumière des récentes catastrophes qui ont frappé son pays, il allait "réexaminer" certaines décisions, y compris celle portant sur son objectif de réduction de 25% des émissions de GES d'ici 2020. De l'avis de plusieurs observateurs, la situation actuelle du Japon éloigne d'autant la perspective, déjà mince, d'infléchir sa position sur le Protocole de Kyoto.

AFP/VNA/CVN

7/4/2011

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