"La lutte contre le sida vit son heure de vérité", a-t-il observé dans un rapport publié et présenté à Nairobi : "Nous avons une opportunité unique de mesurer les progrès enregistrés et de faire le point de manière honnête et critique sur les obstacles qui font que l'épidémie continue d'aller plus vite que la réponse qu'on y donne".
"Nous devons prendre les décisions audacieuses qui vont complètement redéfinir la réponse au sida", ajoute Ban Ki-Moon, rappelant l'objectif fixé en 2010 de "zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès dû au sida".
Le 5 juin 1981, les épidémiologistes américains d'Atlanta faisaient état de premiers cas de pneumonie mortelle chez de jeunes homosexuels. En 1983, des chercheurs français de l'Institut Pasteur découvraient un nouveau virus, à l'origine du sida, appelé aujourd'hui le VIH (virus de l'immunodéficience humaine).
Ce virus a fait 25 millions de morts à ce jour, et plus de 60 millions ont été infectées. "Chaque jour, plus de 7.000 personnes sont nouvellement infectées, dont 1.000 enfants", souligne M. Ban.
Il y a eu certes des progrès en trente ans, en particulier dans l'accès aux traitements pour plus de six millions de malades dans les pays pauvres. Mais les coûts de la lutte contre le sida augmentent de façon "totalement intenable", alors que depuis fin 2007, les ressources consacrées au sida sont restées en-dessous de 16 milliards de dollars par an.
Dans son rapport, destiné à une réunion à haut niveau sur le sida, à New York du 8 au 10 juin, M. Ban fixe des buts d'ici à 2015. Il appelle les gouvernements à s'engager à réduire la transmission sexuelle du VIH de 50%, à garantir que 13 millions de personnes aient accès au traitement nécessaire, que le nombre des morts par tuberculose chez les séropositifs, principale cause de décès pour eux, soit réduit de moitié et que soit éliminée la transmission du VIH de la mère à son bébé.
C'est, dit-il, "une grave injustice mondiale que chaque année 370.000 nouveau-nés contractent le VIH dans les pays à faibles et moyens revenus", alors que ce mode de transmission a été pratiquement éliminé dans les pays riches. "L'accès aux services de santé, y compris aux programmes de prévention et de traitement contre le sida, fait partie des droits de l'homme", a témoigné une responsable de l'association kényane Wofak ("Femmes en lutte contre le sida au Kenya"), Rebecca Awiti.
Elle-même porteuse du sida, elle était accompagnée à la tribune de ses trois enfants, tous épargnés par la maladie, grâce au traitement à base d'antirétroviraux dont elle a bénéficié pendant sa grossesse.
Dans son rapport, le secrétaire général de l'ONU évoque les nouveaux outils de prévention que sont la circoncision, qui réduit le risque de transmission virale de la femme à l'homme d'environ 60%.
Ces deux dernières années, quelque 200.000 hommes ont été circoncis dans 133 pays à haute prévalence du VIH.
À cela s'ajoutent des essais prometteurs avec un microbicide vaginal pour aider les femmes à se protéger, et d'autres portant sur l'utilisation préventive des antirétroviraux, non pour traiter mais éviter la contamination. Tout en reconnaissant une "frustration" quant à la lenteur des progrès accomplis, M. Ban s'est dit " certain que d'ici à 2015 nous aurons fait des progrès bien plus importants dans la lutte contre le sida".
AFP/VNA/CVN