"Ils sont en train de fournir des données importantes. D'une certaine façon, ils sont en train de travailler pour nous", explique Frank Mazzotti, spécialiste des crocodiliens à l'université de Floride.
Les données recueillies par la puce implantée sous la peau des reptiles sont transmises par satellite et acheminées vers un système informatique qui permet, par le biais d'une carte interactive, de visualiser leur parcours dans cette zone humide unique au monde, qui reçoit un million de visiteurs par an.
"Nous analysons leur état et la manière dont ils réagissent aux changements de l'écosystème en utilisant différents paramètres, comme la quantité d'alligators et de crocodiles présents dans une zone donnée, leur poids, leur taille et les endroits qu'ils choisissent comme habitat", souligne M. Mazzotti.
Selon les scientifiques, il y aurait dans les zones côtières du Sud de la Floride quelque 1.200 crocodiles, certains pouvant mesurer plus de quatre mètres et peser plus de 200 kg. Les alligators, moins dangereux pour l'homme et présents dans la quasi-totalité de l'État, seraient eux bien plus nombreux.
D'une superficie de 6.100 km2, le parc national des Everglades est le troisième aux États-Unis par sa superficie, après ceux de la Vallée de la Mort et de Yellowstone. Toutefois, à l'origine, l'eau et les joncs couvraient plus de 11.000 km2, indique le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sur son site Internet.
Pendant plusieurs décennies, l'eau de la zone Nord de ces marécages a été détournée pour alimenter des villes en pleine expansion et arroser des terrains agricoles, entraînant des problèmes de pollution.
Le rétrécissement de la superficie de la zone a conduit à une réduction "de la quantité d'eau douce coulant vers la côte, modifié le niveau de salinité et altéré la capacité naturelle de stockage et de régulation des eaux de l'écosystème", souligne le PNUD.
"Les alligators et les crocodiles, tout comme les oiseaux des Everglades, dépendent pour survivre de la quantité d'eau disponible dans les estuaires", explique Franck Mazzotti.
Une quantité d'eau moins importante signifie moins de plantes, donc moins de poissons et moins d'oiseaux nidifiant dans la zone, assure Jerry Lorenz, directeur auprès de l'association de protection de l'environnement Audubon.
"Il n'y a actuellement plus que 10% du nombre d'oiseaux qui vivaient dans les Everglades" il y a plus d'un demi-siècle, souligne-t-il. "Vers 1940, la quantité de nids pouvait atteindre 500.000 par an, tandis que maintenant il y en a au total quelque 50.000 par an".
Un vaste programme de restauration des marécages, visant à rediriger l'eau douce se jetant dans la mer vers les zones qui en ont le plus besoin, a été approuvé par le Congrès en 2000. Selon une estimation de 2007, sa mise en œuvre coûtera 9,5 milliards de dollars et s'étendra sur plus de 30 ans, selon le site présentant le Comprehensive Everglades Restoration Plan (CERP).
L'UNESCO a inscrit le parc sur sa liste du patrimoine naturel en péril en raison de "la dégradation continue de son écosystème aquatique".
AFP/VNA/CVN