Fonde des pêcheurs et écologistes contre les exercices de la Marine en Alaska

Écologistes et pêcheurs condamnent les exercices que l'armée américaine compte mener dans les eaux de l'Alaska ainsi que son projet d'y couler un navire de guerre, pointant une menace vitale pour la faune et la flore de cette région.

La Marine américaine prévoit de mener cet été deux exercices de lutte anti-sous-marine de 21 jours dans le golfe de l'Alaska et de couler, à plus de 90 km des côtes, un navire de guerre hors-service.

Concrètement, la "Navy" prévoit de mener des exercices à tirs réels et d'utiliser des sonars à moyennes fréquences pour simuler la traque de sous-marins dans une zone de près de 150.000 km² à l'est des îles Kodiak. "Je sais que la Marine doit s'entraîner", a déclaré le chef du Conseil maritime d'Alaska, le pêcheur Dave Kubiak. "Je me demande juste pourquoi ils se sentent obligés de mener ces exercices dans l'une des zones de pêche les plus riches du monde".

Les autorités fédérales minimisent la menace. "Il n'est pas question de nier l'impact que ces exercices peuvent avoir sur les mammifères marins", dit Jolie Harrison, biologiste du National Marine Fisheries Service, chargée de délivrer un permis à la Marine. "Mais cela fait des années que nous travaillons avec la Marine sur les meilleurs moyens de réduire les conséquences", dit-elle.

Le permis de cinq ans, qui est en train d'être finalisé, prévoit la possibilité pour l'armée de mener une activité "troublant" la vie de 425.000 mammifères marins par an. Il prévoit aussi la mort accidentelle de 15 ziphiidés (baleines à bec) sur cinq ans.

La Marine a admis dans plusieurs cas que les sonars militaires avaient pu provoquer l'échouage de mammifères marins et la mort de cétacés.

Les écologistes sont allés jusqu'à la Cour suprême pour plaider leur cause. L'instance s'est rangée de justesse du côté de l'armée, tout en reconnaissant que la Marine ne respectait pas toutes les lois de protection de l'environnement.

En guise de réponse, la Marine a accepté de mener une étude sur l'impact écologique de ses manoeuvres. Celle-ci sera publiée dans quelques semaines. "Nous utilisons des postes d'observations et des appareils acoustiques embarqués sur les navires pour s'assurer que les mammifères marins ont été évacués de la zone", a indiqué Alex Stone, spécialiste de l'environnement de la Marine américaine. Mais les adversaires de ces exercices expliquent que les spécificités de cet environnement rendent difficile de telles évacuations.

L'impact sur la pêche est aussi étudié de près. Les rapports de l'armée reconnaissent que la Marine agit dans l'une des zones de pêche commerciale la plus productive des États-Unis.

Le golfe d'Alaska accueille des flétans, des saumons, des cabillauds et d'autres poissons qui constituent le coeur de l'activité économique de l'Alaska.

Le National Marine Fisheries Service a demandé à l'armée de ne pas tirer de munitions dans les zones abritant des poissons vulnérables. La Marine a accepté de ne pas couler de navire de guerre dans une zone sensible mais a refusé de s'engager plus en avant, insistant sur le caractère irrationnel des peurs mises en avant.

AFP/VNA/CVN

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