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Le Tây Nguyên doit aux gongs sa renommée, un instrument de musique en bronze existant depuis des temps immémoriaux au sein de la communauté multiethnique locale. Sa reconnaissance par l’UNESCO en 2005, en tant que patrimoine immatériel de l’humanité, en dit long sur sa valeur. Au Tây Nguyên, des festivals de gongs sont régulièrement organisés. Mme Y Gêu, 80 ans, originaire du village de K’roong Kla, ville de Kon Tum (une des cinq provinces du Tây Nguyên) ne rate jamais ces festivités.
Mme Y Gêu entourée de ses gongs. |
«J’ai participé à presque tous les festivals dans la région. Je suis toujours impressionnée par les gongs de Mme Y Gêu, les plus vieux, les plus grands et les plus retentissants de la région», partage M. A Chun, chef du village de K’roong Kla, habité par l’ethnie Ro Ngao. Selon lui, la vieille Y Gêu veille jalousement sur ses quatre ensembles de gongs, hérités de ses ancêtres.
Trente taureaux contre un ensemble de gongs
Y Gêu est issue d’une des familles les plus fortunées du village de K’roong Kla. Depuis des générations, cette famille cherche à compléter son «trésor» de gongs. Mme Y Gêu possède quatre ensembles de gongs dont le plus grand, composé de douze unités, vient du Laos. Pour l’obtenir, ses grands-parents ont dû «troquer une trentaine de taureaux». Le plus petit ensemble a, quant à lui, couté une dizaine de taureaux.
Chez les ethnies minoritaires du Tây Nguyên, cet «objet sacré» est indispensable à toute fête rituelle et réjouissances. Comme toujours, les gongs de Mme Y Gêu sont les plus remarqués.
C’est avec le sourire que Mme Y Gêu accueille les visiteurs dans sa maison sur pilotis. Une cinquantaine de gongs de calibres différents sont accrochés aux murs. Avec une chevelure d’un blanc immaculé, l’octogénaire respire encore la santé. Elle se lève tôt tous les jours pour faire paître ses bœufs en forêt, un troupeau d’une dizaine de bêtes. «En 2009, mon troupeau comptait quelque 40 bovins. Je les ai distribués à mes dix enfants en guise de +dot+, avec le conseil de ne jamais vendre les gongs», raconte la vieille femme.
Nghia Dàn/CVN